Paris, France | AFP | samedi 28/06/2019 - "Ni l'un ni l'autre nous ne savons pas dessiner", assurent Émile Bertier et Yann Girard, deux trentenaires qui viennent pourtant de publier leur première BD, hilarante et caustique, dont le premier tirage (2.000 exemplaires) a été épuisé en quelques jours.
"Paul Lamploix et les quatre Huberts" raconte l'histoire de chômeurs du futur. Nous sommes en 2346, les robots ont remplacé tous les travailleurs. Le taux de chômage galactique atteint les 99,9%. Paul Lamploix, un "job manager" qui ne renonce jamais, et ses quatre Huberts (quatre jeunes gens se prénommant Hubert!) vont sillonner l'univers à la recherche d'un poste à pourvoir mais la concurrence est rude...
L'album (80 pages, 18 euros) a été publié à compte d'auteur (éditions bandes détournées) et financé grâce à une campagne de crowdfunding qui a rassemblé environ 600 contributeurs pour un total de 13.000 euros (une somme suffisante pour payer l'imprimerie, située en Vendée, et le diffuseur). Mis en place dans les librairies le 23 mai, l'album a rapidement été épuisé et vient de bénéficier d'un second tirage de 4.000 exemplaires.
Avant de publier leur album, les deux jeunes gens avaient contacté plusieurs maisons d'édition mais n'avaient essuyé que des refus.
"Avec le succès du crowdfunding, on se pose la question de l'intérêt d'un éditeur. Que nous apporterait-il de plus?", s'interroge Émile Bertier. "Aujourd'hui, on peut tout faire tout seul assez facilement", se félicitent les deux auteurs.
Mais comment réaliser une BD quand on ne sait pas dessiner? En détournant des vieux comics américains libres de droits, ont raconté à l'AFP Émile Bertier et Yann Girard, deux copains grenoblois se connaissant depuis le collège.
Les deux compères ont "soigneusement inspecté des centaines de comics parus aux États-Unis entre les années 1940 et 1960" et en ont extrait "les vignettes présentant les qualités graphiques les plus chatoyantes et le potentiel +gigalol+ le plus élevé". - "Trappeur vegan" -
En fin d'ouvrage, on trouve la liste des emprunts. L'essentiel des dessins de l'album provient de la série de comics "Tom Corbett, Space Cadet" publiée dans les années 1950. Mais on trouve aussi des vignettes d'"Indian Chief", de "Heroes of Wild Frontier", "Space Adventures", "Strange Suspense Stories"... Les vignettes de chaque planche ont été découpées, réagencées et les bulles intégralement effacées pour laisser place à des dialogues totalement inédits.
Quand on leur fait remarquer que leur technique rappelle celle des situationnistes dont Guy Debord (1931-1994) fut l'un des théoriciens, les deux jeunes gens avouent avoir "découvert ça après coup".
En fait, ils reconnaissent avoir été influencés par le film de Michel Hazanavicius "La classe américaine/ Le grand détournement" qui reprenait en les détournant des classiques du catalogue de la Warner.
On rit énormément à la lecture de "Paul Lamploix et les quatre Huberts" mais le message est cruel sur ce qu'il nous donne à voir de notre époque (monde du travail précarisé, discours aussi creux que vaniteux...). "Il y a un fonds politique, un côté satirique", admet Emile Bertier.
"On ne voulait pas faire un livre à message, avec une morale à la fin", tempère Yann Girard. L'idée centrale porte sur "l'absurdité du travail", s'accordent les deux compères.
Les deux auteurs font preuve de beaucoup d'autodérision. Comme pour les livres primés, ils ont placé un bandeau rouge sur leur album. En guise de compliments on peut lire: "Incapables de dessiner eux-mêmes leurs albums, ces deux auteurs sans talent en sont réduits à piller de vieux comics américains dont ils réécrivent les dialogues. Pathétique".
Une suite est prévue avec deux autres albums. Le prochain titre devrait sortir en avril 2020. "Nous avons la structure pour les trois tomes", soutient Yann Girard. D'ici là, les deux amis ont prévu de sortir un autre titre à Noël à partir de bandes dessinées détournées sur le thème de "l'effondrement écologique" avec comme héros "un trappeur vegan".
"Paul Lamploix et les quatre Huberts" raconte l'histoire de chômeurs du futur. Nous sommes en 2346, les robots ont remplacé tous les travailleurs. Le taux de chômage galactique atteint les 99,9%. Paul Lamploix, un "job manager" qui ne renonce jamais, et ses quatre Huberts (quatre jeunes gens se prénommant Hubert!) vont sillonner l'univers à la recherche d'un poste à pourvoir mais la concurrence est rude...
L'album (80 pages, 18 euros) a été publié à compte d'auteur (éditions bandes détournées) et financé grâce à une campagne de crowdfunding qui a rassemblé environ 600 contributeurs pour un total de 13.000 euros (une somme suffisante pour payer l'imprimerie, située en Vendée, et le diffuseur). Mis en place dans les librairies le 23 mai, l'album a rapidement été épuisé et vient de bénéficier d'un second tirage de 4.000 exemplaires.
Avant de publier leur album, les deux jeunes gens avaient contacté plusieurs maisons d'édition mais n'avaient essuyé que des refus.
"Avec le succès du crowdfunding, on se pose la question de l'intérêt d'un éditeur. Que nous apporterait-il de plus?", s'interroge Émile Bertier. "Aujourd'hui, on peut tout faire tout seul assez facilement", se félicitent les deux auteurs.
Mais comment réaliser une BD quand on ne sait pas dessiner? En détournant des vieux comics américains libres de droits, ont raconté à l'AFP Émile Bertier et Yann Girard, deux copains grenoblois se connaissant depuis le collège.
Les deux compères ont "soigneusement inspecté des centaines de comics parus aux États-Unis entre les années 1940 et 1960" et en ont extrait "les vignettes présentant les qualités graphiques les plus chatoyantes et le potentiel +gigalol+ le plus élevé". - "Trappeur vegan" -
En fin d'ouvrage, on trouve la liste des emprunts. L'essentiel des dessins de l'album provient de la série de comics "Tom Corbett, Space Cadet" publiée dans les années 1950. Mais on trouve aussi des vignettes d'"Indian Chief", de "Heroes of Wild Frontier", "Space Adventures", "Strange Suspense Stories"... Les vignettes de chaque planche ont été découpées, réagencées et les bulles intégralement effacées pour laisser place à des dialogues totalement inédits.
Quand on leur fait remarquer que leur technique rappelle celle des situationnistes dont Guy Debord (1931-1994) fut l'un des théoriciens, les deux jeunes gens avouent avoir "découvert ça après coup".
En fait, ils reconnaissent avoir été influencés par le film de Michel Hazanavicius "La classe américaine/ Le grand détournement" qui reprenait en les détournant des classiques du catalogue de la Warner.
On rit énormément à la lecture de "Paul Lamploix et les quatre Huberts" mais le message est cruel sur ce qu'il nous donne à voir de notre époque (monde du travail précarisé, discours aussi creux que vaniteux...). "Il y a un fonds politique, un côté satirique", admet Emile Bertier.
"On ne voulait pas faire un livre à message, avec une morale à la fin", tempère Yann Girard. L'idée centrale porte sur "l'absurdité du travail", s'accordent les deux compères.
Les deux auteurs font preuve de beaucoup d'autodérision. Comme pour les livres primés, ils ont placé un bandeau rouge sur leur album. En guise de compliments on peut lire: "Incapables de dessiner eux-mêmes leurs albums, ces deux auteurs sans talent en sont réduits à piller de vieux comics américains dont ils réécrivent les dialogues. Pathétique".
Une suite est prévue avec deux autres albums. Le prochain titre devrait sortir en avril 2020. "Nous avons la structure pour les trois tomes", soutient Yann Girard. D'ici là, les deux amis ont prévu de sortir un autre titre à Noël à partir de bandes dessinées détournées sur le thème de "l'effondrement écologique" avec comme héros "un trappeur vegan".