Bakou, Azerbaïdjan | AFP | vendredi 05/01/2024 - Pour la seconde année consécutive, un homme du pétrole présidera la conférence de l'ONU sur le climat, l'Azerbaïdjan ayant nommé son ministre de l'Ecologie et des Ressources naturelles Mukhtar Babayev, ancien de la compagnie pétrolière Socar, comme président de la COP29 qui se tiendra en novembre à Bakou.
Dans leurs premières réactions, des ONG ont montré des signes d'inquiétudes, disant espérer voir renforcer les résultats de la COP28.
"Son Excellence Mukhtar Babayev a été nommé président désigné de la 29e session de la conférence des parties", a écrit à l'AFP vendredi Rashad Allahverdiyev, un responsable du ministère.
L'an dernier, les Emirats arabes unis, hôtes de la COP28, avaient choisi Sultan Al Jaber, patron de la compagnie nationale Adnoc, pour présider la conférence de l'ONU, qui s'est conclue en décembre à Dubaï sur un appel à une "transition" hors des énergies fossiles, la première fois qu'une COP lançait un tel appel.
La présidence sortante de la COP28 a d'ailleurs félicité M. Babayev, qui était à Dubaï. Son dernier poste chez Socar était vice-président chargé de l'écologie.
"Avec un autre pétro-Etat accueillant la COP, nos inquiétudes se multiplient", a réagi Harjeet Singh, de l'initiative pour un traité contre les énergies fossiles. "Malgré les liens de Mukhtar Babayev avec le secteur pétrogazier, il doit comme président de la COP29 transcender les intérêts de la puissante industrie fossile".
Alice Harrison, de l'ONG Global Witness qui dénonce le lobbying pétrolier aux COP, a exprimé un "sentiment de déjà vu", avec un "ancien responsable pétrolier issu d'un pétro-Etat autoritaire..."
Le plus grand réseau d'ONG aux conférences de l'ONU, le Climate Action Network, l'a plus sobrement appelé "à renforcer le résultat de la COP28 sur la transition hors des énergies fossiles et, en particulier, à faire du financement de cette transition dans les pays en développement une grande priorité de la COP29", selon Tasneem Essop, directrice du réseau.
16 ans chez Socar
Les présidents de COP n'ont pas de rôle décisionnaire mais sont essentiels pour catalyser les négociations et proposer des compromis.
Les COP sont organisées chaque année dans une zone différente, et les pays hôtes sont désignés par consensus par les pays de la zone. En 2023, les pays asiatiques avaient désigné les Emirats, et cette année, après des mois de blocage, l'Azerbaïdjan a été désignée par les pays d'Europe de l'Est, qui incluent la Russie.
Mukhtar Babayev a travaillé de 1994 à 2003 au département des relations économiques extérieures de Socar (State Oil Company of Azerbaijan Republic), avant de changer pour le département du marketing et des opérations économiques, et de devenir vice-président chargé de l'écologie (2007-2010).
Il est ministre depuis 2018.
Selon un télégramme diplomatique américain publié sur Wikileaks, et retrouvé par le site Climate Change News, M. Babayev avait indiqué à l'ambassadrice des Etats-Unis qu'il avait comme mission de "changer l'attitude de Socar sur l'environnement", tout en maintenant sa mission "de développer les ressources en hydrocarbures de l'Azerbaïdjan".
Il aurait alors plaisanté être "ennemi" avec la vice-président de Socar responsable du développement pétrolier.
En 2023, Sultan Al Jaber, qui avait auparavant représenté son pays aux COP, a conservé ses fonction au sein d'Adnoc et de la société émiratie d'énergies renouvelables, Masdar.
Ses multiples casquettes ont été critiquées pour le risque de conflits d'intérêts, et des documents ont montré un mélange des genres dans la préparation de réunions avec des gouvernements étrangers.
Le paysage de la prochaine COP rappellera les Emirats.
Bakou fut l'une des capitales mondiales du pétrole au début du 20e siècle, explique à l'AFP Francis Perrin, spécialiste de l'énergie à l'Institut de relations internationales et stratégiques. Le pays a développé à partir des années 1990 de gros gisements pétroliers et gaziers en mer Caspienne, poursuit-il.
Aujourd'hui le gaz est devenu plus important que le pétrole pour l'Azerbaïdjan, membre de l'Opep+, principalement exporté vers l'Europe.
"Le pays reste aujourd'hui très dépendant des hydrocarbures qui représentent un peu moins de 50% de son PIB, un peu plus de 50% de ses recettes budgétaires et un peu plus de 90% de ses recettes d'exportation", ajoute Francis Perrin.
Le gouvernement azerbaïdjanais a également nommé le vice-ministre des Affaires étrangères, Yalchin Rafiyev, comme négociateur en chef pour la COP29.
Dans leurs premières réactions, des ONG ont montré des signes d'inquiétudes, disant espérer voir renforcer les résultats de la COP28.
"Son Excellence Mukhtar Babayev a été nommé président désigné de la 29e session de la conférence des parties", a écrit à l'AFP vendredi Rashad Allahverdiyev, un responsable du ministère.
L'an dernier, les Emirats arabes unis, hôtes de la COP28, avaient choisi Sultan Al Jaber, patron de la compagnie nationale Adnoc, pour présider la conférence de l'ONU, qui s'est conclue en décembre à Dubaï sur un appel à une "transition" hors des énergies fossiles, la première fois qu'une COP lançait un tel appel.
La présidence sortante de la COP28 a d'ailleurs félicité M. Babayev, qui était à Dubaï. Son dernier poste chez Socar était vice-président chargé de l'écologie.
"Avec un autre pétro-Etat accueillant la COP, nos inquiétudes se multiplient", a réagi Harjeet Singh, de l'initiative pour un traité contre les énergies fossiles. "Malgré les liens de Mukhtar Babayev avec le secteur pétrogazier, il doit comme président de la COP29 transcender les intérêts de la puissante industrie fossile".
Alice Harrison, de l'ONG Global Witness qui dénonce le lobbying pétrolier aux COP, a exprimé un "sentiment de déjà vu", avec un "ancien responsable pétrolier issu d'un pétro-Etat autoritaire..."
Le plus grand réseau d'ONG aux conférences de l'ONU, le Climate Action Network, l'a plus sobrement appelé "à renforcer le résultat de la COP28 sur la transition hors des énergies fossiles et, en particulier, à faire du financement de cette transition dans les pays en développement une grande priorité de la COP29", selon Tasneem Essop, directrice du réseau.
16 ans chez Socar
Les présidents de COP n'ont pas de rôle décisionnaire mais sont essentiels pour catalyser les négociations et proposer des compromis.
Les COP sont organisées chaque année dans une zone différente, et les pays hôtes sont désignés par consensus par les pays de la zone. En 2023, les pays asiatiques avaient désigné les Emirats, et cette année, après des mois de blocage, l'Azerbaïdjan a été désignée par les pays d'Europe de l'Est, qui incluent la Russie.
Mukhtar Babayev a travaillé de 1994 à 2003 au département des relations économiques extérieures de Socar (State Oil Company of Azerbaijan Republic), avant de changer pour le département du marketing et des opérations économiques, et de devenir vice-président chargé de l'écologie (2007-2010).
Il est ministre depuis 2018.
Selon un télégramme diplomatique américain publié sur Wikileaks, et retrouvé par le site Climate Change News, M. Babayev avait indiqué à l'ambassadrice des Etats-Unis qu'il avait comme mission de "changer l'attitude de Socar sur l'environnement", tout en maintenant sa mission "de développer les ressources en hydrocarbures de l'Azerbaïdjan".
Il aurait alors plaisanté être "ennemi" avec la vice-président de Socar responsable du développement pétrolier.
En 2023, Sultan Al Jaber, qui avait auparavant représenté son pays aux COP, a conservé ses fonction au sein d'Adnoc et de la société émiratie d'énergies renouvelables, Masdar.
Ses multiples casquettes ont été critiquées pour le risque de conflits d'intérêts, et des documents ont montré un mélange des genres dans la préparation de réunions avec des gouvernements étrangers.
Le paysage de la prochaine COP rappellera les Emirats.
Bakou fut l'une des capitales mondiales du pétrole au début du 20e siècle, explique à l'AFP Francis Perrin, spécialiste de l'énergie à l'Institut de relations internationales et stratégiques. Le pays a développé à partir des années 1990 de gros gisements pétroliers et gaziers en mer Caspienne, poursuit-il.
Aujourd'hui le gaz est devenu plus important que le pétrole pour l'Azerbaïdjan, membre de l'Opep+, principalement exporté vers l'Europe.
"Le pays reste aujourd'hui très dépendant des hydrocarbures qui représentent un peu moins de 50% de son PIB, un peu plus de 50% de ses recettes budgétaires et un peu plus de 90% de ses recettes d'exportation", ajoute Francis Perrin.
Le gouvernement azerbaïdjanais a également nommé le vice-ministre des Affaires étrangères, Yalchin Rafiyev, comme négociateur en chef pour la COP29.