Un snack tente le bio à Papeete


Autrement propose des salades ou bowl à composer soi-même, avec des fruits et légumes bio et des produits de la mer.
PAPEETE, le 18 septembre - Manger bio est parfois compliqué. Il faut trouver les bons produits puis les cuisiner soi-même. Mais parfois, à midi ou le soir, on a juste envie de manger dehors. Jusqu'à présent ceux qui veulent favoriser les produits issus d'une agriculture sans produits chimiques n'avaient aucun choix de restaurant... Ce n'est plus cas avec l'ouverture du premier snack bio de Tahiti.

Ouvert au Quartier du commerce mi-août, le snack Autrement commence déjà à fidéliser une clientèle d'habitués du quartier. Ce qui les attire dans cet établissement c'est son engagement pour une alimentation saine et pour une agriculture durable. C'est le premier snack bio de Tahiti, même si la propriétaire elle-même avoue que, la filière bio en étant encore à ses prémisses au fenua, elle fait "bio au possible, tout ce qu'on trouve en bio on le prend".

Dans sa démarche responsable, elle essaie également de favoriser au maximum les produits locaux et les produits de saison, même si elle a quelques fournisseurs de produits bio importés, pour varier les goûts. Elle sert également ses salades à composer soi-même dans des plats compostables en carton recyclé. "J'en aurai bientôt en plastiques biodégradables fabriqués à base de plantes" nous assure l'entrepreneuse derrière cette aventure, Liliane Mutlu.

Du côté cuisine, le snack propose les ingrédients du jour en vitrine et les clients peuvent composer eux-mêmes leurs salades. Le menu a également quelques plats au nom évocateur évocateurs comme des "Healthy bowl", des "salades vitalité" ou un "Buddha bowl".

Si cette expérience entrepreneuriale est un succès, nul doute que d'autres établissements spécialisés dans le bio ouvriront également, ce qui devrait aider à développer encore plus rapidement la filière en Polynésie. 200 agriculteurs sont déjà labellisés bio au fenua.


Liliane Mutlu, entrepreneuse bio

Quel est le concept du snack Autrement ?
On essaye de faire bio au possible. Tout ce qu'on peut trouver en bio, on le prend. Par exemple aujourd'hui tout est bio au menu, mais hier on avait de la tomate locale qui n'était pas bio... On ne propose pas de viande mais du poisson, des œufs locaux et des crevettes.
On essaye de prendre les ingrédients de saison, donc ils changent de jour en jour. Tous les jours on peut manger quelque chose de différent !

Finalement tout ce qu'il te manque pour être 100 % bio, ce sont des fournisseurs ?
J'ai quelques agriculteurs bio ou en permaculture qui me fournissent et je travaille avec les importateurs bio. Par exemple les oranges ou les pommes, elles sont importées. Mais oui, on manque de fournisseurs. Il faudrait que le gouvernement favorise les producteurs locaux qui font du bio et réduise les taxes sur les importations bio.
Après j'essaie d'acheter des aliments locaux labellisés bio, mais je veux surtout des produits qui ont poussé sans produits. Au marché il y a des étals de petits producteurs qui font tout chez eux sans pesticides, je sais que ce sont des produits sains, mais ils n'ont pas le label.

Pourquoi faire du bio si c'est si compliqué de s'approvisionner ?
Personnellement je mange bio et je ne peux pas vendre quelque chose si je ne suis pas convaincue. Donc si je ne mange même pas ce que je vends... Ma philosophie ne me le permet pas !

Tu assures être le premier snack bio de Polynésie. Ce genre d'initiatives pourraient-elles aider à structurer la filière ?
Certainement, en apportant des revenus réguliers aux producteurs et aux magasins qui font du bio ça va encourager les initiatives. Je leur en ai parlé, ils m'ont confirmé que c'est très dur de commencer, mais qu'une fois que les gens savent et apprécient, ça va marcher.


Ce snack bio s'est installé dans les rues piétonnes du Quartier du Commerce

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 18 Septembre 2019 à 14:29 | Lu 8692 fois