Un service minimum pour rapatrier les élèves, les réquisitions en option


Les grèves dans le secteur aérien, récurrentes en Polynésie, soulèvent chaque fois une vive tension. Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 9 décembre 2024 - Face à la grève des pompiers aéroportuaires, le Pays et Air Tahiti se préparent à mettre en place un service minimum pour tenter d’assurer une partie des vols, notamment pour faire face au rapatriement de 1.200 élèves vers les îles éloignées. Mais ce dispositif, jugé insuffisant, pourrait être complété par des réquisitions du haut-commissariat, si la sécurité des élèves devient compromise.
 
Pour limiter l’impact de la grève des pompiers d’aérodrome, le Pays envisage de recourir à l'installation du service minimum, prévu dans un protocole d’accord signé en 2016. Ce dispositif permettrait à Air Tahiti d’opérer quelques vols en cas de “cessation concertée d’activité”. Cependant, ce service minimum ne donnerait qu'une marge de manœuvre extrêmement étroite à la compagnie, a expliqué Verani Tetaria, directrice marketing et commerciale d’Air Tahiti : “Par exemple, à Tubuai, il n’autorise que deux vols par semaine, alors que nous en opérons habituellement cinq ou six”, précise-t-elle. La situation est d’autant plus délicate qu’un vol vers une île éloignée, comme les Gambier, nécessite la disponibilité de plusieurs aérodromes pour servir de pistes de dégagement en cas de problème, conformément à la réglementation. “Cela réduit rapidement nos marges de manœuvre et grille nos cartouches”, ajoute-t-elle.
 
Avec la pression accrue des charters scolaires, où la compagnie doit mobiliser davantage d’appareils, ce dispositif risque de se révéler insuffisant. Malgré tout, Air Tahiti a annoncé réserver en priorité les places disponibles aux élèves internes, dont le rapatriement vers leurs îles constitue une urgence avant la fermeture des internats prévue dimanche.
 
La réquisition comme dernier recours ?
 
Moetai Brotherson, président du Pays, a confirmé ce lundi à l’assemblée, en marge de la séance budgétaire, que la mise en place du service minimum était en cours. Mais il a également souligné les limites de cette mesure face à l’enjeu de rapatrier 1.200 élèves dans les délais. “Si nécessaire, nous pourrons enclencher des réquisitions”, a-t-il déclaré.
 
La réquisition, est un recours qui relève du haut-commissariat. Il permettrait de contraindre les pompiers d’aérodrome à assurer l’activité dans certains aérodromes pour garantir les besoins vitaux. Xavier Marotel, secrétaire général du haut-commissariat, a rappelé, pour Tahiti Infos que l’État reste le “gardien des libertés publiques” et dispose de cette prérogative pour “garantir la sécurité des biens et des personnes”. “La réquisition du haut-commissaire reste juridiquement possible ”, a-t-il affirmé, bien qu'à l'heure actuelle, la situation ne justifie pas, selon lui, l'instauration d’une telle injonction. "Elle (la réquisition ,ndlr) doit être strictement nécessaire, proportionnée et dictée par l'urgence de la situation et reste soumise au contrôle du juge administratif". Cependant, si le service minimum s'avère insuffisant pour le rapatriement des élèves, et que certains d'entre eux ne sont plus pris en charge, ces réquisitions deviendraient nécessaires pour des raisons de sécurité.
 
De son côté, Gérard Barff, délégué syndical de la Fraap a dénoncé une stratégie de pression : “C’est de la provocation pour faire peur aux pompiers.”
 

Rédigé par Thibault Segalard et Stéphanie Delorme le Lundi 9 Décembre 2024 à 19:41 | Lu 1440 fois