Un réseau d'éco-sentinelles bénévoles veille sur notre environnement


Pauline Sillinger, chef de projet à la FAPE qui crée le réseau éco-sentinelles
PAPEETE, le 22 mars 2017 - La Fédération des associations de protection de l'environnement est en train de créer un réseau d'éco-sentinelles à travers la Polynésie. Ils seront en contact avec les institutions et les associations pour signaler et réagir aux problèmes environnementaux qui toucheraient leurs îles. Les dix premiers volontaires ont été trouvés aux Australes, les autres archipels vont bientôt suivre.

Les citoyens polynésiens sont de plus en plus sensibles à la protection de l'environnement, mais les organisations qui se chargent de le protéger – que ce soient les associations, l'administration, les communes ou les projets de simples citoyens – sont encore très dispersées. Quand ils sont confrontés à un grave problème écologique sur leur île, les Polynésiens doivent souvent suivre un vrai jeu de pistes pour trouver le bon interlocuteur. Et parfois, même eux ne peuvent rien faire sans une vraie mobilisation des associations…

D'où le nouveau projet d'éco-sentinelles, des citoyens formés aux questions environnementales et équipés de connaissances et des contacts nécessaires pour réagir efficacement à tous les problèmes qui pourraient survenir. Ce projet est porté par la Fédération des associations de protection de l'environnement (FAPE-Te Ora Naho), qui regroupe 19 associations polynésiennes, dont les plus grosses à l'image de Te Mana o te Moana, la SOP Manu, Te Ora Hau, 2D Attitude… Le projet éco-sentinelles est financé par la fondation Pew.

Ces éco-sentinelles sont recrutés et seront formés par Pauline Sillinger, chef de projet à la FAPE. Elle nous explique que "un des gros points qui intéresse la Fédération cette année, c'est la formation. On s'est dit qu'on a tout de même un bon réseau d'experts dans plein de domaines, que ce soit la SOP Manu pour les oiseaux, Te Mana o te Moana pour les ressources marines, d'autres pour les vallées, le développement durable, l'agriculture bio… Et on s'est dit que c'était l'occasion d'utiliser ces ressources et de créer des formations qui puissent servir aux personnes dans les îles."

Pauline était justement aux Australes début mars pour recruter les premiers volontaires. Elle en cherchait deux par île et les a trouvés très facilement, l'archipel étant déjà fortement mobilisé en ce moment pour la création de son aire marine protégée, Rahui Nui no Tuha'a Pae.

CINQ JOURS DE FORMATION À TAHITI ET MOOREA

Pauline Sillinger nous précise le rôle de ses sentinelles : "On sait que ce n'est pas deux personnes par île qui vont tout changer, surtout des bénévoles, mais nous allons leur offrir une formation de cinq jours à Tahiti, où notre partenaire Air Tahiti les transportera. Elle couvrira plein de sujets, sans aller dans le détail. Par exemple il y aura un module sur les aires marines protégées, un autre sur les espèces envahissantes terrestres, sur la pêche, l'agriculture alternative, l'économie solidaire, les connaissances traditionnelles de chaque île… Ce sont plein de sujets qui touchent à tout le développement durable, c'est large. Les formations seront assurées par les associations. Et on va aussi leur donner les contacts ! Ensuite, une fois ces personnes de retour sur leur île, ils auront toute cette information. Ils seront des référents, les habitants de l'île sauront qu'ils peuvent aller les voir et trouver ensemble ce qu'ils peuvent faire dans certaines situations. Par exemple s'il y a une extraction massive sur une rivière, l'éco-sentinelle aura eu sa formation de base sur l'écologie des rivières, les espèces protégées qui y habitent et il aura peut-être une idée de ce qu'il peut faire. Ou alors il dira qu'il ne sait pas comment réagir, mais il saura qui contacter directement pour avoir la réponse."

Le réseau fonctionnera aussi dans l'autre sens, et c'est la FAPE, la direction de l'environnement, les associations ou les centres de recherches qui ont besoin de s'adresser à la population de certaines îles sur les sujets environnementaux qui pourront s'adresser aux sentinelles. "Par exemple (une association) prépare une formation sur l'échouage des baleines, et on pourra leur donner le contact des sentinelles aux Australes qui pourront prévenir les personnes intéressées. Les sentinelles auront donc aussi le rôle de médiateur. La dernière partie du projet, ce sera d'envoyer les sentinelles faire le tour de leur archipel. Donc pour les Australes, les deux référents de chaque île iront visiter toutes les autres îles, et là ils pourront se regrouper et échanger sur les problématiques de chaque île, mais aussi les solutions qui ont été trouvées, les choses qui marchent bien. Donc il s'agira de faire un réseau entre les îles, en plus d'un réseau archipels-Tahiti. La dernière partie du projet ce sera de les inciter à monter leurs propres projets ou de raviver un projet qui existe déjà, et on leur apportera un soutien technique avec toute notre expertise" conclut Pauline Sillinger.

Le site : http://www.teoranaho-fape.org

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 22 Mars 2017 à 16:48 | Lu 7389 fois