Un rapport juge "grave" la situation économique de la Polynésie

PAPEETE, 19 octobre 2010 (AFP) - Un rapport administratif sur la Polynésie française rendu public lundi à Papeete juge "grave" la situation économique de la collectivité du Pacifique.


Commandé à l'Etat par le président polynésien Gaston Tong Sang, et mené par l'inspectrice générale des finances Anne Bolliet, il souligne "la gravité des problèmes budgétaires et financiers" de la Polynésie.

"Le Pays (la Polynésie française, NDLR) n'arrive plus à financer le remboursement du capital de sa dette depuis 2008", a souligné auprès de l'AFP Anne Bolliet, qui a dirigé la mission à Papeete en avril et mai 2010.

"L'endettement (de la Polynésie) a beaucoup augmenté, et si rien n'était fait, on pourrait imaginer que même le budget de fonctionnement n'arrive pas à être équilibré, donc il est urgent de prendre un certain nombre de mesures", a-t-elle ajouté.

Le rapport recommande de limiter les dépenses du gouvernement en diminuant le nombre de ministres et de collaborateurs, de réduire les effectifs des services publics territoriaux et les salaires les plus élevés, et de réaliser des économies sur les dépenses de fonctionnement courant, comme les avantages en nature.

Il propose la suppression de douze établissements aussi divers qu'une chaîne de télévision, une "société du port de pêche", ou un "établissement pour la prévention".

Il cite l'exemple de l'établissement public à caractère industriel et commercial Vanille, un établissement qui "a des coûts de fonctionnement annuels équivalents au chiffre d'affaire des exportations de vanille".

Les inspecteurs de l'administration préconisent la vente de "biens et participations" de la Polynésie française, dont elle pourrait tirer 19,5 milliards de francs Pacifique (163 millions d'euros).

Plusieurs personnalités du Conseil économique, social et culturel (CESC) ont regretté une action trop tardive de l'Etat.

"Si on ferme tout, c'est à la louche 4.000 personnes qui vont être licenciées en l'espace de deux ou trois ans. Est-ce qu'il fallait attendre que le Pays soit dans cet état-là pour venir à son secours ?", s'est demandé Daniel Palacz, entrepreneur de bâtiments et travaux publics et premier questeur du CESC.

M. Tong Sang a tempéré : "Il ne faut pas prendre à la lettre le rapport Bolliet, il faut faire un peu de ménage dans la maison en évitant des plans sociaux à ne plus finir, car ce n'est pas l'objectif".

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Rédigé par AFP le Mardi 19 Octobre 2010 à 09:43 | Lu 1505 fois