Un plongeon dans “La Vague”


TAHITI, le 2 mai 2023 - La Vague est une histoire vraie devenue roman, puis film puis pièce de théâtre grâce notamment à Alexandre Auvergne. La troupe est à Tahiti : douze comédiens dont le réalisateur Alexandre Auvergne qui répond à quelques questions avant de monter sur scène. Huit représentations sont prévues.

Vous avez adapté La Vague, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ce choix ?
Cela remonte au temps où j’étais au lycée. Je n’étais pas bon élève. J’ai été inscrit dans plusieurs établissements car je me suis fait renvoyer plusieurs fois. Un jour, en cours d’histoire, notre professeur nous a passé le film La Vague réalisé par Denis Gansel. J’ai été complètement happé dès les 15/20 minutes de film. Je me suis même surpris – moi, le mauvais élève – à demander aux camarades autour de moi qui faisaient du bruit de se taire. Cette expérience a été vraiment marquante.

Quand vous êtes-vous lancé dans cette entreprise ?
J’ai suivi les cours Florent et je sors tout juste du conservatoire national. J’ai fait une première adaptation alors que j’étais encore au cours Florent. C’était dans le cadre du travail de fin d’études. Mon objectif étant que le public soit pris lui aussi dans l’engrenage de l’histoire, qu’il soit happé, qu’il vive une véritable expérience. Un peu comme je l’ai été moi-même en classe quand j’ai vu le film. Nous avons présenté la pièce à Avignon dans une petite salle de 100 places, la Fabrik’. Nous sommes restés finalement 1 mois et chaque soir le public nous offrait une standing ovation. Les gens ont adoré.”

Qui sont les acteurs avec qui vous montez sur scène ? Car en plus d’avoir réalisé La vague vous interprétez l’un des personnages.
Nous sommes un jeune collectif de 20 comédiens appelé DMT-12 et sortant pour la plupart d’école nationale de théâtre. J’ai choisi de rassembler une équipe constituée d’amis, mais aussi et surtout issue de rencontres artistiques durant ma période de formation. Nous avons démarré, et nous continuons dans cette dynamique, sans moyens. En effet, en me lançant je ne connaissais pas bien les rouages du milieu, les processus pour demander des aides. Je n’avais pas non plus la patience d’attendre. J’avais envie de passer à l’action tout de suite. Depuis le début on avance et on grandit tous ensemble. On est une équipe soudée. La pièce évolue continuellement grâce aux idées de chacun. L’écriture de plateau, l’improvisation, le savoir-faire et l'apport d'autres expressions artistiques (chants, rap, court-métrage, dessin) nous a permis de proposer notre propre Vague, avec une vision universelle.”

Avez-vous pris contact avec Ron Jones, le professeur qui a mené l’expérience de La Vague ?
En fait c’est lui qui a pris contact avec nous en envoyant un colis au collectif contenant plusieurs CD, la captation originale de son œuvre ainsi qu'une lettre de félicitation pour notre clip de rap sur La Vague et pour notre pièce, dont il à entendu les éloges jusqu’à New-York.”

Quels sont vos projets ?
J’ai adapté ADN de Dennis Kelly en 2022. À cette occasion, le collectif DMT-12 était finaliste du prix jeune metteur en scène. Mais je tiens à continuer avec La Vague. L’autocratie n’a ni frontière, ni âge, tout le monde est concerné. Il faut absolument qu’un maximum de jeunes voient cette pièce avant que je la lâche. Il reste encore tellement de choses à faire, avec l’éducation notamment. Je suis, en attendant, à la recherche d’une résidence pour affiner encore la pièce.”

Vous êtes à Tahiti pour la première fois, à quoi vous attendez-vous ?
C'est une première pour nous tous ! Et nous nous réjouissons vraiment de présenter la pièce, mais nous ne savons absolument pas à quoi nous attendre.

Une histoire vraie

La Vague est tiré d’histoire vraie, d’une expérience menée par Ron Jones, un professeur d’histoire au Lycée Cubberley de Palo Alto en Californie. En avril 1967, lors d’un cours sur l’Allemagne nazi et alors que ses élèves ne parviennent pas à imaginer qu’une dictature puisse ressurgir, le professeur se lance dans une expérience. Pour eux, cela paraît impossible. Ron Jones décide de leur montrer comment des dictateurs comme Hitler s’y sont pris. Il crée un mouvement intitulé : La Troisième Vague, dont l’idéologie vente les mérites d’une communauté. L’objectif étant d’alerter les élèves sur le conditionnement de masse, tout en leur faisant vivre une expérience au sein d’un groupe totalitaire. Cependant, plus l’expérience avance au fil des jours et plus la classe se plaît à faire partie d’une communauté. Les élèves et le professeur portent désormais un uniforme commun, se saluent d’un geste distinctif. Des slogans inquiétants voient le jour. Quiconque s’opposerait aux règles choisies se verrait immédiatement exclu de l’expérience et ainsi de la communauté. Ron Jones avouera, plus tard, avoir été pris à son propre jeu. Il confiera, avoir pris un certain plaisir à être le leader du groupe d’étudiants. La pièce, La Vague, s’inspire de ces faits et du roman The Wave écrit par Todd Strasser, ainsi que différents téléfilms inspirés de cette expérience de psychologie sociale.

Pratique

Du 5 au 19 mai au Petit théâtre de la Maison de la culture.
Huit représentations à 19h30 les 5, 6, 12, 13, 18 et 19 mai et à 17 heures les 7 et 14 mai.
Durée : 1h30 à partir de 11 ans.
Tarif : à partir de 2 500 Fcfp pour les moins de 12 ans. En vente dans les magasins Carrefour, à Radio 1 et en ligne.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 2 Mai 2023 à 21:07 | Lu 1343 fois