Un plan quinquennal pour l'agriculture


PAPEETE, le 9/09/2015- Un séminaire vers l'autosuffisance alimentaire s'est déroulé au ministère de l'Agriculture les 8 et 9 septembre. A cette occasion, les plans de campagne pour 2015 à 2020 par filière ont été présentés.

"Je veux que la Polynésie tende vers l'autosuffisance alimentaire", a indiqué le ministre de l'Agriculture Frédéric Riveta lors de l'ouverture du séminaire du service public de l'agriculture les 8 et 9 septembre. Ces deux jours ont réuni les cadres du service de développement rural (SDR), de l'établissement public Vanille de Tahiti, les responsables de l'enseignement agricole, de la chambre d'agriculture et les tavana hau des archipels.

Selon Frédéric Riveta, l'axe prioritaire reste la souveraineté alimentaire permettant un "ancrage territorial de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles et agro-alimentaires". L'objectif est ainsi de "réduire la dépendance économique", mais cela nécessite une "augmentation de la production" se matérialisant par "une ressource foncière plus importante et des performances technico économiques plus importantes, mais également une coordination des méthodes de production permettant une meilleure rationalisation de l'offre de produits agricoles".

Pour y arriver, le ministre veut donc mettre en place des "plans de campagne", par filière, élaborés dans le cadre de la politique agricole 2015-2020. Ce sont des programmes d'actions prévus sur cinq ans visant à augmenter la production agricole à la fois en quantité mais aussi en qualité. Carottes, choux, tomates, pommes de terre, salades sont les principales espèces concernées par ces plans de campagne. " Grâce à l'aide aux agriculteurs, nous rassemblerons tous les moyens pour réussir à tendre vers l'autosuffisance alimentaire". Mais l'agriculture ne peut se développer sans terre et le ministre compte inclure pour 2016 l'aménagement du foncier.

100 MILLIONS DE FCFP D'AIDE

"Je table aussi sur la sélection variétale : il faudra des variétés adaptées à la période chaude et d'autres adaptées à la période tempérée", ajoute-t-il. Pour l'année prochaine, il mettra sur la table une enveloppe de 100 millions de francs dans le cadre des aides à la relance de l'agriculture (ARA). Parallèlement aux plans de campagne, des fiches techniques simplifiées à destination des agriculteurs seront réalisées.

Autre point important pour Frédéric Riveta : la formation professionnelle des agriculteurs. A l'aide de la chambre d'agriculture, il devrait être mis en place des formations avec des spécialistes. La culture des légumes en hydroponie par exemple. "Nous voulons également former des techniciens dans les îles", précise pour sa part Yvette Temauri, la présidente de la Chambre d'agriculture.

Ces deux jours de séminaire ont également permis de redéfinir l'organisation du service de développement rural. Celui-ci serait réduit de 12 à 5 départements. L'échelon central serait constitué de cinq unités de travail : recherche-développement, aménagement et gestion des espaces ruraux et forestiers, économie rurale, biosécurité, et administration générale.

Le cas de l'ananas

La production d'ananas a beaucoup fait parler d'elle lors de ce séminaire car l'approvisionnement d'ananas est aujourd'hui insuffisant pour produire des jus à l'année. "J'ai été obligé de rouvrir les importations de la purée d'ananas car nous manquons d'ananas" fait remarquer le ministre de l'agriculture. L'objectif est d'atteindre plus de 5 000 tonnes de production à l'année ( contre 3 450 tonnes environ en 2013) en augmentant les surfaces de production de plus de 50 hectares et revoir les techniques de production pour obtenir de meilleurs rendements et mieux respecter l'environnement. L'aménagement de nouveau domaine foncier pour l'ananas devrait se mettre en place à Afaahiti sur la Presqu'île, à Oponuhu à Moorea et encore sur l'île de Raiatea. Les Marquises seraient également intéressées pour mettre en place une production d'ananas mais il faudrait "étudier le coût du transport", selon le ministre.

Un nouvel abattoir à Tahiti

Un nouvel abattoir multi-espèces (porcines, bovines, etc.) sera construit sur la même parcelle que l'actuel abattoir d'ici à 2017, a-t-il été annoncé lors du séminaire du service public de l'Agriculture, le 8 septembre. Le projet est actuellement à l'étude. "Nous sommes en train de discuter le fait de construire un nouvel abattoir ou rénover l'ancien", a confirmé le ministre de l'Agriculture. Par ailleurs, à Raiatea, une structure d'abattoir privée va voir le jour prochainement. Celle-ci sera accessible aux petits éleveurs.

Un centre naisseur pour les porcs

Pour améliorer la production porcine, un élevage naisseur de porcs devrait être mis en place d'ici deux ou trois ans. Le projet est actuellement en discussion au ministère de l'agriculture. En 2012, 230 éleveurs porcins ont été recensés pour 16 500 porcs. La production est centrée sur l'île de Tahiti. Aujourd'hui, 11 exploitations porcines perdurent, deux opérateurs de charcuterie récupèrent 91 % de la production. Les prix sont réglementés et l'importation contingentée. De nombreux freins empêchent l'installation de nouveaux éleveurs : l'alimentation coûte cher, le foncier reste non disponible, la nuisance en termes de voisinage est forte et les contraintes pour les producteurs sont importantes à cause des installations classées, soumises à un régime d’autorisation ou de déclaration en fonction de l’importance des risques ou des inconvénients qui peuvent être engendrés.

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Mercredi 9 Septembre 2015 à 15:53 | Lu 1264 fois