Un père incestueux devant la cour d'assises


PAPEETE, le 25 février 2019 - Le procès d'un quadragénaire accusé de plusieurs viols commis sur sa fille mineure, et avec laquelle il a eu un enfant, s'est ouvert ce lundi devant la cour d'assises de Papeete à huis clos partiel. Pour ces faits de « viols aggravés» et d' « agressions sexuelles » , le mis en cause encourt jusqu'à vingt ans de prison.

Au cours de l'année 2016 à Tahiti, un homme se présente à la gendarmerie où il avoue cinq viols commis sur sa fille, alors que cette dernière était âgée de 14 ans. Peu de temps après, la victime et sa mère se présentent elles aussi devant les enquêteurs afin de déposer une plainte. L'adolescente, enceinte de sept mois, est entendue sur le calvaire qu'elle a subi et confirme les déclarations de son père selon lesquelles il l'a violée à plusieurs reprises dans la vétuste maison qu'occupe toute la famille.

Environ deux mois après le dépôt de cette plainte, la victime accouche d'une petite fille dont les expertises génétiques confirmeront que l'accusé est bien le père biologique du nourrisson.

Antécédents judiciaires

Le procès de ce père incestueux, horticulteur de profession, s'est ouvert ce lundi devant la cour d'assises à huis clos partiel. Particulièrement calme et poli, l'accusé a écouté la cour dérouler sa vie, de son enfance marquée par le décès précoce de ses parents à son adolescence et à sa rencontre avec celle qui deviendra sa femme et mère de leurs cinq enfants. De sa condamnation à huit mois de prison avec sursis pour des attouchements sexuels commis sur ses nièces mineures, l'homme semble garder peu de souvenirs sur le détail des faits.

Pour la victime, qui s'absente régulièrement de l'audience ce lundi, la réminiscence des faits est douloureuse. Au sein du domicile familial, que le directeur d'enquête qualifie d' « insalubre », personne n'a remarqué les faits. L'accusé avait pour habitude de dormir avec sa fille, mais à la barre, sa femme assure qu'elle ignorait tout des sévices subis par son enfant. « C'est bien ce que vous avez fait Madame, vous avez pris la défense de votre fille en déposant cette plainte, mais ce ne sont pas des choses que l'on règle en famille. D'après vous, pourquoi votre fille n'a-t-elle pas dénoncé les faits ? » l'interroge la présidente de la cour d'assises. La mère de famille s'effondre littéralement à la barre : « Car c'était son papa adoré ». Et l'auditoire se retrouve, comme souvent, face à l'inextricable malheur des victimes d'inceste qui aiment souvent leurs parents qui se révèlent aussi être leurs bourreaux.

Durant plus de trente minutes est ensuite diffusée l'audition de la victime suite au signalement des faits. Après de longs silences, la jeune fille confesse qu'elle a été « forcée », qu'elle a demandé à son père d'arrêter, mais qu'il ne « voulait pas ». Entendue par la cour d'assises, elle ne revient pas sur les faits, mais accepte de parler de l'enfant née du viol, une petite fille que la justice comptait initialement faire adopter et pour laquelle la victime s'est battue. La mère, qui a réussi à se réinsérer dans le milieu scolaire, vit désormais au sein d'une structure adaptée avec son enfant et se destine à devenir assistante sociale. Ce qu'elle attend de ce procès ? Elle ne le « sait pas encore » mais elle a désormais une vie plus apaisée.

Le procès devrait s'achever ce mardi.



Rédigé par Garance Colbert le Lundi 25 Février 2019 à 16:45 | Lu 1341 fois