Un père de famille jugé pour harcèlement et revenge porn


Tahiti, le 2 février 2023 – 13 mois de prison ferme ont été requis jeudi en appel contre un père de famille de 42 ans poursuivi pour avoir diffusé des clichés intimes de sa femme et de sa maîtresse sur les réseaux sociaux afin de se “venger”. La cour rendra sa décision le 16 février. 
 
Un chef de chantier de 42 ans a comparu devant la cour d'appel jeudi matin pour répondre de faits d'“atteinte à l'intimité de la vie privée par transmission de l'image d'une personne”, d'“appels téléphoniques malveillants réitérés”, de violences conjugales et de “diffusion sans l'accord de la personne d'un enregistrement ou document portant sur des images à caractère sexuel”. Il lui était notamment reproché d'avoir publié des photos intimes de son épouse et de sa maîtresse sur les réseaux sociaux.
 
Tel que l'a rappelé le président de la cour d'appel, l'affaire avait débuté le 14 avril 2021 lorsqu'une jeune femme de 18 ans s'était présentée à la gendarmerie pour porter plainte contre l'homme qu'elle venait de quitter après trois ans de relation. Face aux enquêteurs, la victime avait expliqué que son ex-compagnon avait pris le contrôle de son compte Facebook sur lequel il avait publié des photos intimes d'elles. L'homme avait également publié ses photos ainsi que son numéro de téléphone sur un site de rencontres. Elle avait, par ailleurs, indiqué que le prévenu n'arrêtait pas de l'insulter et de la menacer. Le 26 mai 2021, c'est la femme de l'intéressé – et mère de leurs trois enfants – qui était cette fois venue porter plainte après que son mari a diffusé une vidéo intime d'elle sur les réseaux sociaux. Enfin, le 16 juin 2021, la maîtresse du prévenu avait de nouveau porté plainte pour des violences.
 
Mandat d'arrêt
 
Condamné en son absence le 22 avril dernier par le tribunal de première instance à 13 mois de prison ferme, le prévenu avait également fait l'objet d'un mandat d'arrêt. Ce n'est qu'en décembre dernier qu'il avait été interpellé et placé en détention. C'est donc détenu qu'il a comparu jeudi devant la cour d'appel. Interrogé sur la diffusion de clichés à caractère sexuel de sa très jeune maîtresse, le prévenu a affirmé que cette dernière prenait de l'ice. “Je ne vois pas vraiment le rapport” lui a sèchement opposé le président de la cour d'appel en lui rappelant au passage qu'il avait jeté l'“intimité” de sa femme et de son ancienne maîtresse en pâture sur les réseaux sociaux. “Je voulais me venger” a finalement concédé le père de famille. Le magistrat a ensuite rappelé les 12 condamnations inscrites au casier judiciaire du prévenu dont cinq pour des violences conjugales et une pour l'homicide involontaire de l'une de ses anciennes compagnes. 
 
Avant de demander la confirmation de la peine de 13 mois de prison ferme prononcée en première instance et le maintien en détention, l'avocat général s'est indigné de l'attitude du prévenu qui s'est cru dans la “toute puissance” et qui a tenté de s'“approprier” les victimes. Le représentant du ministère public a par ailleurs déploré que le prévenu tente de “discréditer” sa jeune maîtresse en lui prêtant une consommation d'ice. “Mais que veulent dire ces propos ? Que cette jeune fille ne représente rien et que l'on peut dire n'importe quoi à son sujet ?”
 
Pour la défense du chef de chantier, Me Noma Mendiola a tenté d'expliquer que son client avait insulté et menacé sa maîtresse car c'était leur mode de relation. Si elle n'a pas vraiment abordé les faits de diffusion de clichés intimes reprochés à son client, elle a en revanche demandé à la cour d'appel de se montrer clémente pour que le prévenu puisse reprendre son travail et “subvenir aux besoins de sa famille”. La cour d'appel rendra sa décision le 16 février.
 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 2 Février 2023 à 17:33 | Lu 7587 fois