Un père accusé de viols en série sur sa fille de 10 ans


Le procès s'est ouvert ce jeudi à huis clos partiel, l'accusé qui minimise les faits encourt 20 ans de prison. Verdict vendredi.
PAPEETE, le 1er décembre 2016 - Détenu depuis la courageuse révélation des faits par une tante de la victime, en septembre 2014, il ne reconnaît que deux relations sexuelles avec sa fille. L'enfant a pourtant raconté pendant l'enquête avoir subi les assauts de son père trois ou quatre fois par semaine, et pendant trois longues années. Son procès, sur deux jours, s'est ouvert ce jeudi aux assises.


Vingt ans de prison. C'est la peine encourue par cet homme âgé de 38 ans. Père de trois filles, il est aujourd'hui renvoyé devant la cour d'assises pour avoir abusé de son aînée pendant des années, de 2011 à 2014. Jusqu'à trois, à quatre fois par semaine selon les confidences de la malheureuse aux enquêteurs. Elle n'avait que 10 ans à peine la première fois. Quatre jours après son anniversaire se souvient précisément la jolie adolescente, fleur à l'oreille, aujourd'hui âgée de 15 ans.

Ne pouvant plus garder son lourd secret, la fillette avait consigné l'essentiel des accusations portées contre son père dans un journal intime, qui finira entre les mains d'une tante chez qui sa mère l'avait placée pour l'éloigner du foyer.
La tatie, après avoir sondé la famille sur ces accusations graves, s'était courageusement rendue à la gendarmerie en compagnie de sa nièce pour déposer plainte. "Vous avez fait cesser un crime, les gens comme vous sont rare", l'a félicité sur ce point l'avocate de la partie civile, Me Toudji. Le père, interpellé quelques jours plus tard, allait reconnaître les faits. Mais en partie seulement.

Confessions intimes

"Ce n'était pas à 10 ans comme elle le dit, mais quand elle avait 12 ans", lance l'accusé depuis son box, calme, posé, attentif et sûr de lui, sans un regard pour sa fille. "Cela ne s'est passé qu'à deux reprises. La première fois je l'ai bien déshabillée mais c'est elle qui a enlevé sa culotte. La deuxième fois c'était à sa demande", poursuit le papa, comme si tout était tout de suite moins grave.

Pour le reste ? Ce n'était "que" des attouchements. Étonnamment, et en contradiction avec tous les éléments croisés au cours de l'enquête, la jeune victime s'est rangée ce jeudi à la version de son père quand la présidente de la cour lui a donné la parole, après lui. Un revirement qu'experts et avocats ont expliqué par la pression familiale, les deux ans d'instruction et le poids du procès : "Quoi qu'il ait fait, son père restera toujours son père…".
Un père à qui il paraît par ailleurs compliqué d'échapper à l'emprise. Un homme "à l'ego surdimensionné et manipulateur", selon la psychologue qui l'a eu en face d'elle, ambigu quand il reconnait à la fois avoir fauté mais n'hésite pas, dans le même temps, à "afficher le plaisir" qu'il a pu prendre avec sa fille. Provocation malsaine ?

Sa petite sœur l'a vu "faire des trucs sexuels" avec elle

Autre caillou dans la chaussure du père de famille : le témoignage accablant de la cadette de ses trois filles. La petite, témoin visuel, a raconté l'avoir vu "faire des trucs sexuels" avec sa sœur. A au moins quatre reprises. Ses déclarations conduiront la mère, "dans le doute" dira-t-elle, à placer sa fille aînée chez sa sœur. Les agressions se produisaient au domicile familial. Mise en examen pour non dénonciation de crime au départ de l'enquête, elle n'a finalement pas été renvoyée avec son compagnon devant les assises. L'enquête ne parvenant pas à y voir suffisamment clair sur le niveau de connaissance qu'elle pouvait avoir des agissements de son tane. L'homme prenait soin d'attendre que la maison soit vide de ses occupants pour abuser de sa fille. Il pratiquait sur la petite un chantage affectif en menaçant de se pendre si elle parlait, ou de la chasser de la maison si elle refusait de coucher.

Contrairement aux traits communs à de nombreux dossiers de viols, l'enquête de personnalité de l'accusé n'a révélé aucun traumatisme majeur dans son enfance. La cellule familiale semblait équilibrée et bienveillante comme le confirmera l'une de ses six sœurs, appelée à témoigner à la barre. Seul garçon de la fratrie, l'accusé semble en revanche avoir été chouchouté, un peu trop peut-être, par une maman dans le lit de laquelle il a dormi jusqu'à ses 14 ans. A la place du père. "Une relation fusionnelle qui a creusé le lit de l'inceste" est convaincu l'expert-psychologue. Patron chez lui, "il impose ses propres valeurs" a ajouté le professionnel, "même s'il les sait contraires aux lois de la société".

Pour justifier les deux seuls viols qu'il reconnait, le papa tout puissant a laissé entendre qu'il n'était pas forcément anormal que ce soit à lui de "faire la sexualité" de sa fille. Les jurés décideront aujourd'hui de son sort, après les plaidoiries et le réquisitoire de l'avocat général.

7 ans ferme et mandat de dépôt pour le papy pervers

Réunie dans la salle voisine des assises, la cour d'appel a condamné ce jeudi matin à 7 ans de prison ferme un homme de 71 ans pour au moins six agressions sexuelles commises en 2011 et 2012 sur autant d'adolescents, mineurs. Le papy pervers, récidiviste, profitait de leur condition modeste pour les attirer chez lui faire des petits travaux en échange d'un peu d'argent.

En fait de travaux, le vieil homme leur donnait quelques pièces pour assouvir ses pulsions sexuelles. Il avait écopé de 5 ans de prison devant le tribunal correctionnel en première instance en 2015. Le mandat de dépôt a été décerné et l'homme, se déplaçant difficilement en béquille, a été conduit dans la foulée à la maison d'arrêt sous escorte policière.

Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 1 Décembre 2016 à 18:22 | Lu 6988 fois