Un nouvel élan programmé pour l'OPH


La résidence Vairai à Punaauia (24 appartements) est la dernière livraison de logements neufs effectuée par l'OPH en août dernier. En revanche, six opérations de logement social avec le soutien du Contrat de projets Etat/Pays, pour un montant de 3,3 milliards de Fcfp étaient validées au même moment. Avec notamment la construction de 55 appartements à Paea (Vaitupa II) et de 25 à Papeete (Fariipiti).
PAPEETE, le 17 novembre 2015. La machine à construire du logement du Pays est en très grosses difficultés depuis plusieurs années : faible production de logements neufs, grosses réparations à réaliser sur les résidences anciennes et impayés des loyers creusent les déficits de l'établissement public de l'habitat depuis 2009. L'année 2015 pourrait être celle du retour à l'équilibre. 2016 celle de la transition vers un nouveau mode opératoire.

Aborder la politique du logement autrement après des années de déroute et d'échecs cuisants de la part de l'unique opérateur public (OPH) en Polynésie, c'est le credo exposé par le ministre du logement, Tearii Alpha, au cours des Assises de l'Habitat en outremer qui se sont déroulées à Punaauia la semaine dernière. Dans ce nouvel ordre de bataille, la première idée développée par le ministre du logement est de remettre l'OPH sa place et de le délester de ses activités connexes qui lui pompent énergie et finances.

Cette réorganisation de l'OPH sur ses missions principales n'est pas une idée nouvelle. Le rapport de la Chambre territoriale des comptes (CTC) publié en octobre 2012 présentait déjà cette nécessaire restructuration comme la seule issue possible pour garantir l'avenir de cet établissement public : "toutes les questions structurelles encore non résolues relèvent en grande partie de la collectivité de la Polynésie française et non de l’OPH" soulignait ainsi le rapport de la CTC.

Il fallait donc prendre le taureau par les cornes et agir autrement. Tearii Alpha a pris la mesure des besoins de cette mutation qui est désormais en route. "Au cours des trois derniers conseils d'administration de l'OPH on a validé cette réorganisation de l'OPH. Elle passe par un repositionnement de l'OPH sur ses métiers premiers qui sont la gestion locative, la gestion des lotissements et la construction" expliquait le ministre du logement.

Il faut donc évacuer certaines missions assumées actuellement par l'OPH : c'est le cas notamment du suivi administratif de dossiers individuels qui serait confié, dans un futur proche, à un service territorial de l'habitat avec pour les bénéficiaires de logements sociaux et allocataires de l'aide familiale au logement, un guichet unique. "On est la seule politique territoriale qui n'a pas de service dédié. On n'a pas de direction de l'habitat en Polynésie. C'est un manque dans l'échelon de coordination : on passe directement du ministère à l'opérationnel".

DEFICIT STRUCTUREL

Cette refondation de la politique du logement social en Polynésie suffira-t-elle à redonner du souffle à l'OPH et surtout à rétablir ses finances constamment malmenées au cours de ces dernières années ? Car de 2009 à 2014, les résultats des exercices financiers de l'établissement public ont tous été dans le rouge. Avec des déficits parfois record : presque un milliard en 2010 ! Le déficit était encore de 147 millions en 2014. L'explication de ces gouffres financiers à répétition est à chercher dans l'intégration forcée au sein de l'office de nouveaux agents issus de la fermeture d'autres structures du Pays en 2013 (FDA, Sagep) mais aussi par la faiblesse des nouvelles constructions d'où l'OPH tire la plus grande partie de ses revenus.

Toutefois, la situation pourrait se rétablir prochainement. C'est du moins ce qu'affirme le ministre du logement qui est aussi le président du conseil d'administration (PCA) de l'office polynésien de l'habitat. "Le déficit structurel de l'OPH est dû pour un tiers par des missions qui ne relèvent pas de l'OPH ! Le déficit structurel nous allons l'améliorer avec de la production. Le compte administratif 2015, je l'anticipe un peu, qui sera étudié en juin 2016, va ramener l'OPH à un équilibre puisque nous avons produit 300% de plus de logements entre 2014 et 2015. Plus on produit, plus on a de la rémunération de maîtrise d'œuvre".

Le PCA de l'office polynésien de l'habitat parait bien optimiste. Pour que les comptes du bailleur social se rétablissent durablement, il faut que le parc immobilier du bailleur social s'élargisse de presque 600 logements neufs supplémentaires. La moitié est actuellement en cours de construction ou en phase d'étude. "Tout cela a été débattu en conseil d'administration, maintenant il faut mettre en œuvre cette réorganisation dans les programmes que nous menons actuellement" précise encore Tearii Alpha.

La résidence Vairai à Punaauia (24 appartements) est la dernière livraison de logements neufs effectuée par l'OPH en août dernier. En revanche, six opérations de logement social avec le soutien du Contrat de projets Etat/Pays, pour un montant de 3,3 milliards de Fcfp étaient validées au même moment. Avec notamment la construction de 55 appartements à Paea (Vaitupa II) et de 25 à Papeete (Fariipiti).



Trop de subventions pour de trop faibles résultats

En septembre dernier, par un arrêté pris en conseil des ministres, était approuvée une délibération du conseil d'administration de l'OPH modifiant "l'état prévisionnel des recettes et dépenses pour l'exercice 2015", en quelque sorte le budget primitif du bailleur social. Il ressort que pour l'année en cours, l'OPH bénéficie de près de 8 milliards de subventions via le Pays, l'Etat et même les communes (5 millions de Fcfp).

Or, c'est bien cette tendance au besoin vital des subventions publiques que dénonçait le rapport de la Chambre territoriale des comptes en octobre 2012. D'autant que les subventions versées n'ont "pas suffi à couvrir le coût des grosses réparations" (sur le parc ancien de l'office), ni à répondre aux besoins de financement pour lancer les nouveaux programmes de construction sur un rythme suffisant pour répondre, d'une part, à la demande de logements du territoire, et d'autre part, à la rémunération de l'établissement sur la maitrise d'œuvre de l'établissement public. Fin 2012, la conclusion de la CTC était sans appel : "L’Office connaît donc une situation financière dégradée qui serait insoutenable sans les subventions massives de la collectivité d’outremer, qui toutefois, depuis 2009, n’empêchent plus l’apparition de résultats négatifs".

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 17 Novembre 2015 à 17:16 | Lu 1395 fois