Un nouveau syndicat sur le front des gardes au CHPF


Tahiti, le 20 novembre 2022 – Le Syndicat élargi des médecins anesthésistes et réanimateurs (Semar) s'est créé spécifiquement ces derniers mois sur le sujet épineux des "gardes" au Centre hospitalier de la Polynésie française.
 
Le Semar, le Syndicat élargi des médecins anesthésistes et réanimateurs, vient de voir le jour au Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF). Un nouveau syndicat pour une problématique ancienne et spécifique : celle des "gardes" des praticiens. "Une garde c'est 24 heures de travail d'affilées. À l'heure actuelle, ces gardes sont réalisées mais ne comptent pas dans notre temps de travail", résume la présidente du Semar, Priscilla Amaru. "Le statut hospitalier, qui est un statut de la fonction publique territoriale, reconnaît nos heures de travail à hauteur de 39 heures. Au-delà de ces 39 heures, nos heures de garde ne sont pas reconnues dans le temps de travail et engendrent une quantité de de travail très importante qui épuise les équipes. Nous demandons une reconnaissance de ce temps de travail."
 
Récup' et repos de sécurité
 
Dans ces spécialités à garde, on retrouve pêle-mêle des urgentistes, gynécologues, cardiologues, pédiatres ou autres néphrologues… D'où la vocation "élargie" du syndicat impulsé par les anesthésistes et réanimateurs. Des spécialités qui peuvent tourner entre 60 et 80 heures de travail par semaines, rémunérées mais non récupérées. "En métropole, le temps de travail est soumis à la loi européenne qui définit un temps de travail maximum de 48 heures hebdomadaires. Au-delà, ce temps doit être soit récupéré", poursuit Priscilla Amaru. Cette législation métropolitaine, depuis 2001, ou encore américaine, depuis 2003, instaure les principes du repos de sécurité -11 heures de récupération minimum après 24 heures de travail- et de la récupération obligatoire au-delà des 48 heures hebdomadaires. En Polynésie, le statut des praticiens hospitaliers date du milieu des années 1990. Il ne prévoit pas ces dispositions.
 
"Ce temps de récupération est très importants. Au-delà de 48 heures, plusieurs semaines d'affilées, on acquiert une fatigue importante qui peut mettre en danger le soin de la population", témoigne la présidente du Semar. "D'ailleurs, les 48 heures et le repos de sécurité ont été mis en place sous l'impulsion des assurances médicales, vues le nombre des erreurs médicales qui avaient lieu."
 
Question d'attractivité
 
L'urgence de cette problématique, ce sont tout particulièrement les nouveaux arrivants au centre hospitalier qui l'ont souligné. Priscilla Amaru y voit d'ailleurs, à plus long terme, un problème "d'attractivité" pour le CHPF. "La moitié des praticiens de l'équipe sont des praticiens en CDI, le reste sont des vacataires. Dans les années à venir, ces titulaires vont partir en retraite et devoir être remplacés par des praticiens qui ont l'habitude des conditions de travail dans la législation européenne notamment. Or, quand ces nouveaux praticiens arrivent dans l'établissement et voient nos conditions de travail, ils nous disent tous la même chose : Vous travaillez trop, on est épuisé, on ne reste pas. Souvent, ils ne viennent que pour des missions d'un an. Et ils ne veulent pas renouveler."
 
Une réunion a déjà eu lieu entre le nouveau syndicat et la direction au mois d'octobre. Une cellule de crise travaille sur cette situation avec la direction des ressources humaines. La position du ministère de l'Économie et des Finances sera également capitale. Le nerf de la guerre pour attaquer cette réforme… Visiblement bien loin d'être un combat d'arrière-garde.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Dimanche 20 Novembre 2022 à 08:58 | Lu 2346 fois