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Un millier de militants orange à Mamao


Tahiti, le 18 mars 2023 - Le Grand Conseil du Amuitahiraa o te nuna’a ma’ohi de Gaston Flosse s’est tenu samedi matin à Mamao. L’occasion pour le Vieux lion de présenter les candidats qui représenteront le parti orange lors des élections territoriales du 16 avril prochain. L’occasion aussi de brosser un programme largement orienté vers la lutte contre la vie chère et le social.
 
Les mots ont leur importance, surtout en politique. La réunion politique organisée samedi matin par le Amuitahiraa o te nuna’a ma’ohi au Parc expo de Mama’o, avec discours et animations musicales, était un Grand conseil, pour valider les listes aux prochaines élections territoriales, et non un congrès. “Nous sommes 2 500-3 000 personnes”, s’est avancé Flosse. “Si c’était un congrès, on serait environ 10 000.” L’inflation constatée dans les magasins semblent toucher, ces dernières semaines, la participation aux réunions politiques. D’après nos calculs, environ un millier de sympathisants du parti orange avait investi le grand chapiteau. Ce Grand conseil, donc, marquait le “lancement réel de la prochaine bataille” pour Flosse. L’occasion pour l’ancien président du Pays, d’évoquer les “moments difficiles” du parti, ses espérances pour le scrutin à venir et de décliner quelques axes du programme.
 

Les “traitres” de 2018

Sous la chaleur étouffante du chapiteau, Bruno Sandras n’en a pas pour autant oublié de jouer les chauffeurs de salle pour le président du parti. C’est un Flosse admiratif qui saluera la prestation en reo ma’ohi de son ex-ministre et désormais tête de liste du Amuitahiraa. “Vous l’avez entendu, c’est un champion.” Ni l’un, ni l’autre, n’épargnera dans son discours les “traitres” de 2018. Fort de ces 37 000 voix, le parti orange avait obtenu 11 sièges à l’assemblée lors des dernières élections territoriales. Mais tous ont quitté le Tahoeraa pour siéger au sein des autres groupes ou parmi les non-inscrits. Et Flosse de dénoncer leur absence de loyauté et leur attitude “impardonnable” : “Ces 11 représentants sont des traitres, […] des moutons de panurge facilement bernés par Teura Iriti.” L’ancienne présidente du groupe à Tarahoi, qui a rejoint le Tapura Huiraatira il y a dix mois et figure désormais en tête de liste du parti rouge et blanc, en a pris pour son matricule. Elle est ainsi “la grande instigatrice de cette trahison collective pour son intérêt personnel, et je pèse mes mots”. Heureusement qu’ils étaient pesés.
 

Confiant pour les résultats

Trahi par ses ex-compagnons de route, le leader du parti orange reste cependant confiant pour le scrutin à venir avec la nouvelle équipe présentée samedi aux militants. Selon lui, le Amuitahiraa, créé début 2022, “a retrouvé toutes les couleurs et l’énergie du Tahoeraa”. Un optimisme qui se heurte à la réalité des chiffres. Si le Tahoeraa avait obtenu 36 747 voix au premier tour des élections territoriales 2018, les trois candidats du Amuitahiraa aux élections législatives de 2022 avaient 11 741 suffrages, soit trois fois moins. Deux de ces candidats – Sylviane Terooatea et Jonathan Tarihaa – ont depuis rejoint les rangs et la liste du A here ia Porinetia de Nicole Sanquer.

Mais fort de sa longue expérience, Flosse s’affiche confiant quant à l’issue du premier tour de scrutin du 16 avril prochain. “Après avoir sillonné pendant deux ans les îles et archipels, je sais que le résultat sera au rendez-vous” mais un effort est encore à faire lors de la dernière ligne droite : “La victoire sera au rendez-vous si toutes et tous prenons notre bâton de pèlerin” avec des militants “plus motivés et plus déterminés que jamais” en quittant ce Grand conseil. Et si l’ancien président du Pays n’avance pas de chiffres, Bruno Sandras estime quant à lui que la liste qu’il conduit atteindra les 20 000 voix, soit près du double du score obtenu aux législatives.
 

L’économie et le social en mode sauvetage

Pour y arriver, le parti s’appuie sur un programme bâti comme une opération de sauvetage. “Nous avons une mission sacrée : sauver notre pays.” Il vise en effet à prodiguer les premiers secours à des Polynésiens qui souffrent et une société qui décline. Flosse a principalement développé les grandes lignes en matière économique et sociale avec la volonté affichée de réduire l’écart croissant entre les riches et les pauvres et de lutter contre la vie chère. Au menu : suppression de la TVA sociale ; création d’un impôt de solidarité en faveur des ressortissants du RST “sur le dos des grosses sociétés” ; d’un impôt sur l’évasion fiscale ; ainsi que des blocages des prix et des marges. Au niveau social : la création d’un contrat d’apprentissage salarié, se transformant en CDI au bout de deux ans ; et la réévaluation significative des minimas sociaux et des allocations sociales. Le document complet, d’une vingtaine de pages, sera diffusé à partir de lundi. Il sera porté par une liste de candidats quasiment bouclée. Après les avoir appelés un par un à venir sur scène, Gaston Flosse s’est rassis sagement et silencieusement au premier rang. Il a écouté ses têtes de listes s’exprimer. Et il a contemplé la relève. Sa relève.
 

Une liste à finaliser, qui sera déposée lundi.

Le Grand conseil a homologué, sans pour autant procéder à un vote, la quasi-totalité des listes présentées par Gaston Flosse. Les huit têtes de liste sont connues. Il s’agit (de gauche à droite) de Pascale Haiti sur la section 1, de Bruno Sandras sur la 2, d’Angelina Bonno sur la 3, de Martial Teroroiria sur la 4, de Jean Marie Tauha sur la 5, de Lydia Nouveau sur la 6, de Wenceslas Fachetto sur la 7 et d’Arsène Hatitio sur la 8. À noter la présence d’Atonia Teriinohorai, secrétaire général du syndicat O Oe To Oe Rima, sur la section 1.

Rédigé par Sébastien Petit le Samedi 18 Mars 2023 à 18:19 | Lu 3631 fois