Un matavaa au coeur de la nature - Retour en images sur le festival des Marquises


Les Rapa Nui
Hiva Oa - le 28 décembre 2015 - A Taaoa et à Atuona, sur l'île d'hIva Oa, les danses et les chants ont pris toute leur ampleur et ont fait vibrer le public pour le dixième festival des arts des îles Marquises.

A peine arrivé, les vibrations des pahu (tambours) se font ressentir, les chants des femmes s'élèvent. Sur le le Tohua Upeke à Taaoa sur l'île de Hiva Oa, les groupes se succèdent : Fatuiva, Tahuata, Nuku Hiva et même Rikitea. Toujours avec l'idée du retour aux sources, thème de ce festival, les danseurs ont mis en scène leurs traditions. La religion était très présente, comme lors des représentations de la veille, la mort aussi avec des chants tristes et puissants de femmes. Avant et après leur passage, chaque troupe faisait une prière afin que tout se passe bien.

Au milieu de la végétation très dense, chaque spectateur s'asseyait sur les pierres et se laissait porter. Les danseurs viennent au festival pour donner le meilleur d'eux-mêmes et faire vivre leur culture. Les groupes ne concourent pas, ils s'admirent les uns les autres. Les costumes étaient souvent confectionnés avec des végétaux, simple mais harmonieux. La couleur verte prédominait pour de nombreux groupes. Les couronnes de têtes étaient odorantes. La délégation de Nuku Hiva a mis trois mois pour se préparer. Cinq jours par semaine, il a fallu réunir 209 danseurs pour les répétitions." Nous n'avons pas fait de casting, tout le monde a pu participer", indique Tetahai, le chef de groupe de Nuku Hiva. Au total, ils sont près de 300 à avoir fait le déplacement à Hiva Oa depuis Nuku Hiva. Les danses de Taaoa ont été cloturées par un raari de Taaoa, c'est un chant traditionnel qui l'histoire de la princesse de Taaoa


Des journalistes venus du monde entier

Le festival n'est accessible qu'à une poignée de journalistes à cause de l'éloignement des Marquises. Shelly est venue de Californie pour voir le Matavaa. Epoustouflée par la beauté du lieu, elle revendra ses photos dans de grands magazines américains spécialisés dans le "lifestyle". Tout comme la suissesse Ingrid qui essaye de comprendre la signification des danses mais il n'a pas toujours été facile pour elle de faire parler les Marquisiens à propos de leur danse. Plus que de raconter leurs gestes, ils les vivent.

De l'artisanat au village et du kaikai

Au village d'Atuona, les artisans ont vendu de nombreux bijoux en os sculpté, des colliers de graines, des tapa de fatuiva, des fultes nasales ... De quoi faire le plein pour les cadeaux de Noël. Touristes et Marquisiens pouvaient également se faire tatouer par des professionnels.
Un bon festival ne peut pas se passer d'un bon kaikai (repas). La veille, un grand repas communautaire avait été organisé par toutes les îles. Près de 400 kg de chèvres et 600 kg de cochons avaient été préparés. Pendant un jour et demi, les fours marquisiens avaient été mis en route ! Avant d'avaler les premières bouchées du kaikai, la prière a été dite. Puis chacun s'est installé avec sa feuille de bambou à même le sol. Marquisiens, touristes et passagers de l'Aranui 5 ont pu déguster le porc fumé, la chèvre, le 'uru, le poisson de fond, le traditionnel poisson cru ou encore le poe. Le tout arrosé copieusement de lait de coco.
A la fin du festival, chacun repart le ventre plein mais surtout avec des chants plein la tête et des images uniques au monde. Certains ont même des litchis dans les poches amenés par les habitants de Rikitea aux Gambier...

La danse de l'oiseau et la danse du cochon

La danse de l'oiseau est une danse sensuelle, "douce, pas une danse virile, pas une danse de guerrier", explique Tetahai, le chef de groupe de Nuku Hiva. "C'est une danse relationnelle entre un homme et une femme qui prouvent leur amour grâce à l'oiseau", continue-t-il.Une des danseuses de sa troupe aime cette danse car "c'est quelque chose qui vient d'au fond de moi, il faut etre gracieuse. J'aime la danse, j'aime ma culture, pour moi c'est la plus belle danse qui existe", s'enthousiasme-t-elle.
La danse du cochon a été exécutée par les hommes des différentes délégations. C'est une danse typiquement marquisienne. " Seuls les marquises maitrisent cette danse avec un son grave et venant de la gorge", confirme Tetahai. Le son guttural de la danse du cochon est très difficile à faire, il faut plusieurs années pour le développer.


Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Lundi 28 Décembre 2015 à 16:12 | Lu 2272 fois