Un lundi brûlant en France


Crédit Thibaud MORITZ / AFP
Paris, France | AFP | lundi 12/08/2024 - Une nouvelle vague de chaleur, courte mais éprouvante: des températures caniculaires ont baigné lundi après-midi 40 départements placés en vigilance orange par Météo-France, comme en région parisienne où les habitants cherchent par tous les moyens à échapper au coup de chaud.

Avant d'atteindre la France, les vagues de chaleur ont balayé l'Europe: l'Espagne en termine avec son quatrième épisode lundi, après 40°C dans plusieurs régions et des nuits étouffantes. L’Italie connaît un tunnel de températures élevées depuis plusieurs semaines et s'attend à 38°C à Rome lundi.

A 16H00 lundi, les températures "s'échelonnent entre 34 et 38 degrés sur la majeure partie des départements en vigilance orange canicule", selon Météo-France. 

La nuit de dimanche à lundi avait déjà été particulièrement chaude. A 5H00 lundi matin, 28,2°C ont été relevés à Marignana (Corse), 27,6°C à Nice, 26,6°C à Arbois (Jura) et 25,4 °C à Lyon.

Un mercure qui éprouve les organismes et face auquel les Français redoublent de stratégies. 

- Pour quelques degrés de moins -

Adel Guerrot, un consultant de 39 ans en télétravail chez lui à Maurecourt (Yvelines), a par exemple posé sur un ventilateur un sac de congélation de trois litres, rempli de glaçons, et refermé la porte histoire qu'il fasse "un peu moins chaud" dans la chambre qui lui sert de bureau.

Andy Diop, lui, a renoncé à une partie de basket-ball et préféré la climatisation du centre commercial Créteil-Soleil (Val-de-Marne), où il s'est installé à la mi-journée avec trois amis: "C'est mort, il fait trop chaud", abandonne le jeune homme de 19 ans. 

"J'étais venu pour les JO et j'avais pris un AirBnB", mais "il n'y a pas de ventilateur" dans l'appartement, souffle aussi Marc Ludge, un Britannique de 28 ans, assis sous l'air conditionné d'une chaîne de cafés, pour retrouver "l'énergie de prendre le métro", puis son Eurostar retour.

Depuis lundi matin, partout en France, on se prépare à une journée étouffante.

"Je me suis dit qu'il fallait que je fasse mes courses plus tôt pour en fait m'enfermer chez moi à une certaine heure" car après "ça va être la fournaise", témoigne Myriam Sedrani, 47 ans, au sortir d'un supermarché du 2e arrondissement lyonnais.

Jean-Paul Chavanon, 62 ans, a aussi changé ses habitudes, venant remplir son chariot de packs d'eau dès les premières heures. 

"Et tout à l'heure, j'irai me balader avec mon chien sur les quais, à l'ombre", pour tenter de gagner quelques degrés de fraicheur.

Les travailleurs en plein air ont aussi été forcés de s'adapter. 

A Lyon toujours, les horaires de travail d'un chantier de voirie sont plus matinaux, des équipements adaptés ont été fournis: vêtements respirants, manches longues et petites cagoules à placer sous le casque qui peuvent être mouillées.

- La chaleur tue -

Une telle vague de chaleur, la deuxième après celle de fin juillet, n'est pas exceptionnelle ni par sa durée ni par ses températures: le niveau de vigilance est orange et non rouge (plus haut niveau), comme ce fut le cas fin août 2023.

Mais depuis la canicule meurtrière de 2003, la France a pris conscience que la chaleur tue plus que n'importe quel autre événement climatique. Elle a fait 5.000 victimes l'été dernier, 7.000 en 2022, selon Santé Publique France. La plupart avaient plus de 75 ans.

Dans la rue notamment, "l'été tue presque plus que l'hiver", estime Camille Joubert, directrice nationale de la lutte contre les exclusions à la Croix-Rouge. Mais contrairement aux périodes de grand froid, "il n'y a pas de places d'hébergement d'urgence qui vont se libérer" pour cause d'épisode caniculaire, déplore la responsable.

L'Europe, le continent qui se réchauffe le plus vite, enterre chaque année plus de 175.000 personnes à cause de la chaleur, selon l'Organisation mondiale de la santé.

La chaleur extrême, lorsqu'elle dure nuit et jour, empêche la régulation de la température et peut provoquer un cercle vicieux. Le corps transpire ce qu'il peut, à condition de boire assez. Il dilate ses vaisseaux et augmente la circulation du sang pour tenter d'évacuer l'excès de chaleur, ce qui peut impacter nos organes vitaux.

En France, la fin de l'alerte est en vue: mardi, "les chaleurs régresseront rapidement par l'Ouest" et "ne resteront très élevées que sur l'extrême Est", selon Météo-France. 

Dès mardi, trois départements passeront de la canicule à la vigilance orange "orage", selon son dernier bulletin: Puy-de-Dôme, Cantal et Haute-Loire.

le Lundi 12 Aout 2024 à 07:23 | Lu 314 fois