Tahiti Infos

Un jeu vidéo pour expliquer le rāhui aux enfants


PAPEETE, le 26 mars 2018 - Rahui est un nouveau jeu vidéo éducatif en téléchargement gratuit, disponible depuis vendredi. Financé par la fondation Pew, il permet aux enfants de découvrir les espèces qui habitent nos lagons et l'utilité de protéger cette biodiversité, tout en s'amusant.

Ce vendredi 23 mars, la fondation Pew a officiellement lancé le jeu "Rahui". Une classe de 4ème du collège Notre Dame des Anges de Faa'a a pu le tester en avant-première et il a globalement été très apprécié par les jeunes joueurs. Ce "serious game", ou "jeu sérieux", a été développé sur le modèle d’un lagon polynésien avec l’idée de concilier utilisation durable des ressources marines pour la pêche, le tourisme ou la plongée. Il se distingue par un style graphique très mignon, issu de l'univers des bandes dessinées réalisées par Pew et Benjamin Bécue sur les Aires Marines Protégées et sur le Rahui Nui no Tuhaa Pae, et par la rigueur des explications scientifiques qui l'accompagnent.

Selon la description offerte par la fondation, "par une approche ludique et pédagogique, les joueurs sont invités à explorer le lagon à travers des fiches descriptives sur les espèces qui y vivent et les différents usages associés. Ils devront ensuite tenter de sauver leur lagon grâce au rāhui, en testant leur connaissance dans une série de question-réponses. Les joueurs sont ainsi initiés au concept culturel polynésien du rāhui, à la biologie des écosystèmes marins et aux activités socio-économiques qui en dépendent. Plutôt destiné aux élèves de collège et lycée, le jeu est disponible pour tous et téléchargeable gratuitement, pour une utilisation sur ordinateur."

>>> Télécharger le jeu vidéo Rahui


Alain Philippe, fondateur de 3D Carré

"Je suis ravi du résultat, les enfants s'amusent et en plus ils apprennent "

Tu es connu au fenua pour la création de jeux et applications pour les entreprises, mais ce projet est différent de tes travaux habituels.
"Effectivement, l'environnement est une cause qui me parle parce que d'origine je suis plongeur sous-marin et je vis à Moorea, forcément je suis sensibilisé à la biodiversité dans le lagon et l'océan. Donc quand j'ai vu l'appel d'offres de la fondation Pew, je me suis demandé ce que, moi, je pouvais proposer. Comme mon métier c'est de fabriquer des jeux vidéo, je me suis dit que c'est ce que j'allais faire, un jeu sérieux sur la biodiversité. C'est un peu tout ce que je peux faire pour aider (rire)."

Tu conçois généralement des jeux en 3D et en réalité virtuelle, là un jeu en 2D, c'était plus simple ?
"En fait c'est peut-être plus compliqué que le reste ! D'abord il faut qu'il soit amusant pour les enfants, donc il faut un équilibre très fin dans la difficulté. Ensuite il y a un nombre de scénarios possibles à prévoir très important donc en terme de codage, ce n'est pas plus simple que des visites virtuelles ou des applications professionnelles qui ont l'air très complexe, mais qui sont parfois plus simple à mettre en place."

Tu es content de la réaction des enfants ?
"Oui, je suis ravi. Déjà ils s'amusent, et en plus ils apprennent. Ils commencent par perdre au jeu dans une première phase, donc il n'est pas trop facile, et au fur et à mesure ils comprennent, ils lisent les fiches, et à la fin ils finissent par gagner en ayant appris plein de choses !"



Shiva, Kulani et Lovinley, élèves de la 4ème C

"On a appris plein de choses ! On va y rejouer."

Comment avez-vous trouvé le jeu Rahui ?
(unanimes) "Il était bien ! On a appris plein de choses ! On va y rejouer."
(Shiva) "Je pense que je vais même le télécharger chez moi pour le montrer à ma famille et mes amis."
(Kulani et Lovinley) "Moi aussi !"

Qu'est-ce qui vous a plu ?
(Shiva) "Les dessins étaient marrants. Il avait des questions faciles et d'autres plus difficiles, mais on pouvait toujours trouver la réponse dans les fiches."
(Kulani) "C'est la première fois que je joue à un jeu comme celui-là, c'est assez original."
(Lovinley) "Au début c'était un peu difficile parce que le jeu ne nous explique pas les règles, mais après, le jeu commence vraiment et on s'amuse bien. À la fin on ne voulait plus partir !"

Vous jouez souvent aux jeux vidéo ?
(unanimes) "Oui ! Mais sur console... Et ils sont moins éducatifs."



Donatien Tanret, chargé de projet pour Pew Polynésie

"La gestion des stocks de poisson est vraiment un problème qui concerne les générations futures"

D'où est venue l'idée de ce jeu ?
"Nous avons lancé un appel à projet en 2017 pour la promotion du rāhui, et Alain Philippe avait répondu pour 3D Carré. Il a été l'un des dix lauréats et son projet a donc pu être financé à hauteur de 500 000 francs. C'était un projet original pour nous de promouvoir le rāhui à travers un jeu sérieux, ça change des brochures classiques de sensibilisation pour les enfants. Donc il a développé le jeu en partenariat avec nous, avec des fiches pratiques sur le rāhui, les espèces présentes en Polynésie... Ça permet aux jeunes d'apprendre en jouant.

Les enfants sont l'avenir, et la gestion des stocks de poisson est vraiment un problème qui concerne les générations futures. On sait très bien que si on continue comme aujourd'hui, quand ils seront adultes il n'y aura plus de poissons, donc il est primordial de toucher les enfants. Et on voit qu'il y a une prise de conscience dans toutes les communes de Polynésie, il y a de plus en plus de projets de rāhui, de zones de pêche réglementées, d'aires marines protégées... Donc cette conscience de la nécessité de créer des zones de protection pour le bénéfice des pêcheurs et de la population commence à émerger."

Le jeu aura-t-il une portée supérieure à la Polynésie ?
"Il sera en téléchargement gratuit, donc il pourra être joué dans le monde entier ! Ce vendredi c'est le lancement officiel, et j'encourage tout le monde à l'essayer, il est sympa graphiquement, il y a des fiches sur les espèces, la pêche, le tourisme...

Et là nous venons de relancer notre appel à projet pour une deuxième édition. Il vise à soutenir des petites initiatives de protection des ressources marines en Polynésie, il est ouvert jusqu'au 15 mai. Tous ceux qui ont des idées peuvent se porter candidat, tout est sur notre page Facebook Pew Polynésie, c'est ouvert aux associations, aux entreprises, aux écoles, à tout le monde. Il y aura à nouveau 10 lauréats avec un financement de 500 000 francs chacun. En 2017, les projets récompensés ont été très variés. En plus du jeu, il y a eu par exemple une aide à l'acquisition d'un bateau pour aider à la surveillance d'un rāhui de Huahine, un projet de concours de danse de ori Tahiti à Rurutu sur le thème du rāhui qui a rassemblé une grande partie de l'île. Ils ont créé des spectacles originaux sur le thème du rāhui et le vainqueur sera sélectionné pour aller au Heiva i Tahiti. Il y a eu Makatea avec la protection des tortues, à Taravao le collège du Sacré Cœur a un gros projet de rāhui sur la presqu'île... Très divers donc."



Valérie Fougerousse, professeure principale de la 4ème C du collège Notre Dame des Anges, professeure de français

"Ça serait bien s'il y avait beaucoup plus de serious games de développés, ils touchent très rapidement les jeunes collégiens"

Qu'est-ce qui vous a plu dans ce projet ?
"Au collège NDA, le projet d'établissement est vraiment axé sur la formation à devenir un citoyen responsable, qui fait attention à son environnement. Pour exemple nous avons le label "éco-collège". Nous sommes aussi très impliqués dans la transmission de la culture. Donc le rāhui rassemble tous les axes de notre projet d'établissement, c'est idéal !"

En tant qu'enseignante, que penses-tu de ce type de jeux éducatifs ?
"J'ai essayé le jeu Rahui en avant-première mercredi dernier, et c'est vrai que je trouve cette manière de travailler très intéressante. Ça serait bien s'il y avait beaucoup plus de serious games de développés parce qu'ils touchent très rapidement les jeunes collégiens. On voit que les jeunes aiment beaucoup, d'autant que c'est vraiment local. Cette classe fait justement tahitien et est imprégnée par sa culture, donc ça les touche directement, ils se sentent concernés. On les entend bien s'amuser depuis tout à l'heure. Après, bien sûr, les cours normaux avec un professeur sont très intéressants et importants également, mais c'est bien de pouvoir varier les supports."



Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 26 Mars 2018 à 18:01 | Lu 2362 fois