Un instituteur pédophile condamné à huit ans de prison


PAPEETE, le 20 novembre 2018 - L'homme comparaissait devant le tribunal correctionnel pour un viol et des agressions sexuelles commis sur treize petites filles, qui étaient ses élèves à l'époque des faits. Ce « prédateur », dont l'expert psychiatre a reconnu les tendances pédophiles, a été condamné à huit ans de prison et dix ans de suivi socio-judiciaire.

A l'origine de ce douloureux dossier, une plainte déposée par une adolescente en 2016. A l'époque, la jeune fille se présente à la gendarmerie en compagnie de son père. Elle dénonce un viol et des attouchements sexuels commis par son instituteur, lui-même père de quatre filles. Comble de la perversion : afin de ne pas être dénoncé, le prévenu menaçait de baisser les notes de son élève. Quelques années auparavant, il avait été relaxé par la cour d'appel des faits d'attouchements sexuels sur mineures pour lesquels il avait été condamné à huit mois de prison en première instance


« Stratagème bien rodé »

Entendu suite au dépôt de plainte, l'homme reconnaît les faits et révèle d'autres faits plus anciens. L'enquête laisse apparaître un stratagème bien rodé : dans sa salle de classe, l'instituteur avait déplacé son bureau. Il y avait accolé une armoire afin, selon ses dires, de créer un « coin lecture. » Il semble plutôt que cet endroit lui ait servi à caresser les petites victimes et ce, en plein cours. Outre sa qualité d'instituteur, le prévenu était en charge de cours de catéchisme qu'il dispensait auprès d'un homme lui même condamné pour viol sur mineur en 1986.

L'enquête laisse apparaître que le prévenu a fait au moins treize victimes, qui étaient toutes des élèves dont il avait la charge en qualité d'instituteur. Dans son entourage, la révélation des faits étonne de nombreuses personnes qui déclarent que le prévenu est « gentil », et même « irréprochable » pour le prêtre qui l'a engagé.

« Victime de dieu »

A la barre du tribunal ce mardi, l'instituteur fait un malaise à l'évocation des faits. Puis il se reprend et tente de s'expliquer. Certes, il a commis les actes qu'on lui reproche mais son axe de défense consiste à se positionner comme une victime. Victime d'une mère incestueuse, victime de sa hiérarchie qui l'a réintégré après sa relaxe et victime de dieu qui l'aurait « abandonné. »

Face aux magistrats, les parents des victimes défilent pour exprimer leur volonté de justice. Ils évoquent leurs filles, « traumatisées ». Emu, un père raconte : "aujourd'hui, ma fille ne veut même pas me faire un bisou, à moi, son père !" Un autre parent lit un verset de la Bible. Le prévenu, souriant, acquiesce. L'incompréhension domine.

Selon l'expert psychiatre, le prévenu a des tendances pédophiles et présente un état « dangereux. »

Le procureur de la République, qui requiert huit ans de prison, semble indigné : « ce prédateur était non seulement professeur des écoles mais également ministre de la communion ! Il ose évoquer le consentement d'une enfant de 12 ans alors que la sidération des victimes était complète. »

Pour l'avocat de la défense, le prévenu est malade : « il reconnaît les faits mais se comporte en victime. Ce sont les caractéristiques d'un pédophile. »

Avant que les magistrats ne se retirent pour délibérer, le prévenu s'adresse aux victimes, à celles qui sont présentes mais également à celles qui sont absentes en déclarant qu'il espère, un jour, « obtenir leur pardon ».


Au regard de la « gravité particulière » des faits, le tribunal condamne l'homme à huit ans de prison assortis d'un suivi socio-judiciaire de 10 ans. Le tribunal prononce également la privation des droits civiques.




Rédigé par Garance Colbert le Mardi 20 Novembre 2018 à 17:10 | Lu 7649 fois