Un "gros partenaire international" au capital d'ATN d'ici “trois mois”


Les membres du conseil d'administration d'Air Tahiti Nui se sont réunis pendant deux heures et demie ce mardi à la présidence. Le même jour, la commission de l'Économie votait une subvention d'équilibre pour la compagnie à hauteur de 3,2 milliards de francs. crédit photo SD
Tahiti, le 22 octobre 2024 –Le conseil d'administration d'Air Tahiti Nui s'est réuni ce mardi à la présidence. Si des choix sur la stratégie à venir “semblent se confirmer”, ils ne sont pas encore “actés”. Le président du Pays a, en revanche, annoncé que la direction avait “identifié un gros partenaire international” qui devrait entrer au capital de la compagnie, “on l'espère dans les trois mois qui viennent”. En attendant ATN peut compter sur les 3,2 milliards de francs fléchés dans le dernier collectif budgétaire qui sera voté lundi prochain à Tarahoi.
 
Lors du dernier conseil d'administration (CA) d'Air Tahiti Nui (ATN) en septembre dernier, des pistes avaient déjà été avancées concernant sa stratégie à adopter pour l'avenir dans un contexte où la compagnie affiche près de 10 milliards de francs (9,9 milliards précisément) de pertes au total, dégradant ainsi les fonds propres de la société. Le gouvernement a donc fait le choix d'inscrire, dans son dernier collectif budgétaire (validé en commission de l'économie ce mardi et examiné en séance plénière lundi prochain), une subvention d'équilibre à hauteur de 3,193 milliards de francs.
Une subvention “nécessaire”, a expliqué le président du Pays au sortir de ce CA, afin de “permettre de lever tout doute qu'il pourrait y avoir sur la solidité des réserves par rapport aux charges”. Sur la base des atterrissages communiqués dans le document de modification budgétaire, les capitaux propres de la société passent en dessous de la barre de 50 % du capital social, et seront donc négatifs (estimés à - 526 millions). Cette subvention va aussi servir, selon Moetai Brotherson, à faire des investissements pour “améliorer le produit et les revenus”, évoquant notamment un nouvel “agencement des sièges” plutôt qu'une “redéfinition complète des cabine” qui impliquerait d'immobiliser les avions.
 
“On a identifié un partenaire sérieux”
 
Mais le président a surtout réaffirmé la volonté du Pays de faire entrer d'autres partenaires au capital d'Air Tahiti Nui. Une volonté d'ailleurs clairement fixée dans la lettre de mission fixée au PDG de la compagnie, Philippe Marie. “La direction a bien travaillé dessus et ça avance très bien. Ça devrait se concrétiser dans les trois mois qui viennent”, a-t-il déclaré, sans vouloir en dévoiler trop, concurrence oblige. “On a identifié un partenaire sérieux avec lequel on a envie de travailler. Il a des avions. L'idée, c'est d'avoir un gros partenaire international qui connaisse l'aérien”, a-t-il ajouté.
L'autre annonce concerne la ligne de Seattle dont la pérennité n'était pas forcément assurée au regard des chiffres sur cette rotation. Le président du Pays a indiqué qu'elle n'était “pas remise en question”. Et de préciser que cette ligne sera maintenue “au moins pour l'année qui vient”.
Quant aux demandes d'Air France d'augmenter ses rotations sur le tronçon LAX-Papeete (en passant de 5 à 7 vols par semaine) et celle de Delta Airlines de prolonger ses trois rotations, elles ont été évoquées en CA. “Le Pays, en tant que régulateur doit se décider, certainement dans la semaine ou la semaine suivante”, selon Moetai Brotherson qui souligne que les administrateurs trouvent de leur côté que le moment est mal choisi.
 
Le marché asiatique au secours du marché nord-américain
 
Un rapport avec l'élection présidentielle aux États-Unis ? Aucun, répond le président Brotherson, même si cette élection a en revanche clairement un impact sur l'activité d'ATN. “On sait que les touristes nord-américains voyagent moins en année d'élection, donc ça correspond à peu près aux baisses de réservation qu'on observe sur le marché nord-américain qui nous ont été confirmées par les hôteliers qui sont également membres du CA”. Des baisses qui selon le président, ont pu être compensées par le marché asiatique qui, lui, est en forte augmentation. “En 2023, on avait eu 7 000 nuitées en provenance de Chine et depuis le début de l'année, jusqu'en août, on en a eu 11 000”, s'est-il réjoui, concédant néanmoins que tant que le problème d'offres de clés n'aura pas été réglé, il sera “difficile d'augmenter le nombre de touristes”, et donc d'atteindre l'objectif de 600 000 touristes souhaité.
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 22 Octobre 2024 à 19:48 | Lu 5527 fois