Un ex militaire amateur d'armes tombe pour du paka


Tahiti, le 24 septembre 2024 - Ce mardi, un ex-militaire a été condamné par le tribunal correctionnel à un an d'emprisonnement avec un sursis de 5 ans pour trafic de stupéfiants et possession d'armes à feu non déclarées. L'individu, aidé de son cousin dans ses frasques, assure ne pas avoir eu le choix face à une situation financière critique.
 
Entre une vie bien rangée et le trafic de stupéfiants, il n'y a qu'un pas. C'est en tout cas ce qu'a expérimenté un ex-militaire, père de famille, en proie à des soucis financiers mais bien décidé à remplir ses devoirs “d'homme de la maison”. Embourbé dans le transport et la vente de cannabis, l'intéressé n'était pourtant pas consommateur et aurait pu poursuivre ses frasques s'il n'avait pas été intercepté lors d’un simple contrôle routier. Maladresse ou inconscience, l'apprenti trafiquant avait sur sa banquette arrière 300 grammes de cannabis séché au moment de l'interpellation. Arrêté, l'homme a ensuite vu sa maison perquisitionnée lors de l’enquête qui a suivi. Un pari gagnant et une surprise à la hauteur du rendez-vous pour les forces de l'ordre qui sont tombées nez à nez sur un “petit” arsenal d'armes à feu. Des armes de catégories B et C qui ne sont pas disponibles sur le territoire et qui nécessitent des autorisations bien particulières. Agréments que l'ancien militaire ne possédait pas. Toutefois, les enquêteurs n'ont pas perdu de vue l'objet de leur visite pour autant et après avoir fouillé le téléphone de l'individu les limiers ont pu débusquer un complice, le cousin du prévenu. Perquisitionnée également, la maison de celui-ci cachait une plantation de 48 pieds de cannabis destinés à la vente. Interrogés ce mardi à la barre du tribunal correctionnel au sujet des armes à feu et des pieds de cannabis, les deux acolytes, primo-délinquants, n'ont pas frimé.
 
Une passion qui dérange
 
“Ces armes, ce n'est qu'une passion”, assure le père de famille. “Étant un ancien militaire, les armes à feu ont fait partie de mon quotidien et je ne voyais pas le mal à en posséder. J'ai servi la France durant 11 ans, de 2006 à 2017 et durant mes missions c'était normal pour moi d'être entouré de ces armes.” Un argumentaire peu convaincant, ce que le président du tribunal n'a pas manqué de relever : “Vous mettez en avant le fait de vouloir collectionner des armes en raison de votre passé militaire mais ces armes-là, elles ne sont pas des armes militaires ! On trouve par exemple, parmi elles, un fusil à pompe. Comment expliquez-vous cela ?” Une explication que le prévenu n'a pas su fournir. Et le tribunal d'insister : “Pourquoi n'avez-vous pas déclaré ces armes monsieur ?” L'air embarrassé, le prévenu n'a rien trouvé de mieux à répondre qu'un timide : “Je ne sais pas. C'est compliqué de déclarer ce genre de choses.”
 
En revanche, concernant le trafic de cannabis, les deux cousins ont été plus explicites. Dos au mur financièrement en 2020, les deux hommes ont commencé leur trafic durant le Covid afin de “joindre les deux bouts”. L'un n'ayant pas été payé par son employeur durant cette période et l'autre désirant offrir des vacances à sa famille, les deux individus ont assuré ne pas avoir eu le choix et être tombés dans la facilité, sans pour autant réussir à faire fortune : “Je gagnais moins de 200 000 francs par mois”, a expliqué le cousin planteur aux 48 pieds de cannabis. “Ce que l'on vendait, ça ne marchait pas, ce n'était pas bon. Ce sont les clients eux-mêmes qui nous l'ont dit.”
 
Un amateurisme et une nonchalance à la barre qui n'a pas manqué d'agacer le ministère public : “Heureusement que tout le monde ne s'est pas mis à vendre du cannabis durant la période Covid sous prétexte de ne pas réussir à joindre les deux bouts !” Un ministère public qui n'a d'ailleurs pas hésité à requérir deux ans d'emprisonnement assortis d'un sursis probatoire de 18 mois à l'encontre des deux prévenus. Une mesure un tantinet trop sévère aux yeux du tribunal correctionnel qui a préféré condamner l'ex-militaire à un an d'emprisonnement avec un sursis de 5 ans, ainsi que la confiscation des armes saisies. Quant au “cousin” ce dernier a écopé d'une peine de 9 mois d'emprisonnement avec un sursis de 5 ans également.
 

le Mardi 24 Septembre 2024 à 19:55 | Lu 1914 fois