Un élevage géant de poules pondeuses mis au ban après une nouvelle vidéo choc


Lyon, France | AFP | mercredi 25/05/2016 - Après les abattoirs, les poules pondeuses. Une nouvelle vidéo choc de l'association militante L214 a conduit mercredi Matines, la première marque française d’œufs, à cesser de s'approvisionner auprès d'un élevage en batterie de l'Ain, menacé de fermeture.

Tournées en avril dans le Gaec du Perrat à Chaleins, dans ce département plus connu pour sa production des poulets de Bresse, les images montrent des poules déplumées, une prolifération de poux, d'asticots ; des cadavres de volailles en état de décomposition avancée gisant dans des cages, des accumulations de fiente.

Face à l'émoi suscité, le leader français de l’œuf, Matines (propriété du groupe Avril que co-dirige Xavier Beulin, président de la FNSEA), a annoncé qu'il cessait de s'approvisionner dans cet élevage de 200.000 poules pondeuses et 150.000 poulettes et promis de retirer "en magasin des œufs déjà commercialisés".

Le groupe Intermarché a, lui, décidé de ne plus vendre les œufs des marques Matines et Top Budget en provenance de cet élevage et de les retirer de ses points de vente. D'autres enseignes de la grande distribution les commercialisent.

"S'il le faut, je fermerai cet élevage", a assuré de son côté le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll sur France Info tandis que sa collègue de l'Environnement Ségolène Royal réclamait une inspection et une décision "dans la journée" au préfet de l'Ain.

Laurent Bazin, directeur départemental de la protection des populations (DDPP), s'est rendu sur le site et a remis un rapport "pour transmission" aux deux ministères, a indiqué la préfecture dans l'après-midi, précisant que ce document faisait suite à une inspection effectuée dès le 18 mai.

La direction du Gaec n'a pas pu être jointe par l'AFP malgré plusieurs tentatives mais selon des propos de Dominic Raphoz, co-gérant, rapportés par Le Monde, "certains travaux avaient pris du retard" dans l'exploitation. "On travaille avec du vivant. On n’est donc pas à l’abri de nuisances même si on fait tout pour les réduire, a-t-il ajouté. Cela arrive dans tous les autres élevages du pays".

L'association L214 avait déjà dénoncé en 2013 "l’état dramatique de cet élevage". A l'époque, la justice lui avait interdit de diffuser des images.

- 'Réelle fraîcheur des œufs' -
"La situation perdure, il y a eu des arrêtés préfectoraux mais ça ne va pas plus loin. Donc on porte plainte pour maltraitance sur animaux, on demande au préfet la fermeture, aux enseignes qui vendent leurs œufs d'arrêter et aux consommateurs de réfléchir à leur consommation", explique Brigitte Gothière, cofondatrice de l'association qui s'en prend plus largement aux élevages de poules en batterie.

Proche de Villefranche-sur-Saône, le Gaec du Perrat fait de l'élevage industriel de porcs et de volailles. Sur son site internet, il assure que l'élevage de poules en cage (signalé par le code 3 sur les œufs, contre 1 pour le plein air), "dénigré à l'heure actuelle", est "pourtant l'un des seuls pouvant garantir une réelle fraicheur des œufs" et "bénéficie d'une sécurité bactériologique parfaite".

Tout en rejetant "l'amalgame savamment orchestré par quelques militants +vegan+", le comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO) a jugé "indignes les conditions d'élevage des poules pondeuses présentées sur les images vidéo".

La préfecture de l'Ain a déjà pris plusieurs arrêtés visant ce Gaec. Dans l'un d'eux, daté du 6 janvier, elle indiquait qu'une inspection en août 2015 avait constaté "la présence importante de mouches dans le hangar +poulettes+ et de larves dans le hangar +pondeuses+" et avait relevé des "accumulations de fiente".

L'élevage a notamment été mis en demeure sur l'aspect sanitaire et son activité avait été brièvement suspendue fin mars.

"On s'explique mal comment les services vétérinaires de l'Ain n'ont pas pu voir ces dysfonctionnements", s'interroge Philippe Bazin, président d'une association de riverains sur la commune voisine de Fareins. "On a des centaines, des milliers de mouches dans nos habitations", ajoute-t-il en affirmant avoir alerté à plusieurs reprises les pouvoirs publics.

L'association L214, basée à Lyon et fondée par un couple "vegan" - qui ne mange ni viande, ni œufs, ni lait - a déjà obtenu la fermeture de deux abattoirs en France après avoir diffusé d'autres vidéos.

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Rédigé par () le Mercredi 25 Mai 2016 à 06:38 | Lu 569 fois