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Un élevage de crevettes unique au monde


PAPEETE, le 14 décembre 2018 - Toa Vivish, installé sur la presqu’île de Tahiti, a mis au point une technique d’élevage de crevettes innovante. Où si d’autres existent, elles sont très rares. Il élève ses animaux dans des cages flottantes, en lagon. Il lui a fallu six années d’expérimentation et un moral sans faille pour y parvenir. Et cela paye, il a battu un record du monde de rendement.

"J'aime vraiment partager ma passion et montrer le potentiel de notre patrimoine pour pouvoir inciter un maximum de personnes à se lancer", indique Toa Vivish. Aussi n’hésite-t-il pas à raconter son aventure. Son succès mais aussi les obstacles qu’il a rencontrés.

Toa Vivish est un aquaculteur ingénieux, innovant, persévérant, patient. Installé sur la presqu’île, il propose des crustacés (Litopeanus stylirostris ) savoureux élevés de façon éco-responsable. Il a mis au point une technique d’élevage connue de lui seul et unique au monde.

Des cages flottantes dans le lagon

En effet, partout ailleurs, les crevettes grandissent en bassin à terre. Toa Vivish a placé les siennes dans des cages flottantes dans le lagon, en face de chez lui. : "on a, à peu près, 35 mètres de fonds à cet endroit dans le lagon. J’ai deux types de cages, un modèle carré de 5 mètres par 5 et un modèle rond de 8 mètres de diamètre. Elles font 3,5 mètres de profondeur", décrit-il sur le ponton de l’une d’elle.

Au fond des cages un filet aux mailles ultrafines (500 µm) permet de récupérer les fèces et le surplus d’aliments (des granulés importés d’Australie). Il peut ainsi adapter la quantité d’aliments donnés au jour le jour mais aussi de ne pas polluer le lagon. Il insiste d’ailleurs sur l’aspect environnemental de son projet. Car cela lui tient à cœur.

Pour suivre l’évolution de ses crevettes, leur bien-être et leur évolution, il plonge tous les jours dans chacune des cages.

Il aimerait "changer l'image que les gens ont de l'aquaculture en général, celle d'une aquaculture impactant notre environnement". Lui n’utilise aucun produit chimique. Ses crevettes grandissent de façon naturelle. Elles se nourrissent en grande partie de plancton qui est attiré dans les cages la nuit par des lumières.

"Faire de la mer mon métier"


"Je suis dans l’eau depuis que je suis petit. J’ai grandi dans l’océan et j’ai toujours voulu faire de la mer mon métier". Il a suivi et obtenu une licence en aquaculture à Montpellier en 2011. De retour en Polynésie, il a cherché à développer un projet.

Il a rencontré un agent de la Direction des ressources marines et minières qui lui a parlé d’élevage de crevettes en cages flottantes alors en expérimentation. Il a saisi l’opportunité, sans savoir dans quoi il s’embarquait.

Pendant six années, il a "vécu un cauchemar". Il y a toujours cru, il a été soutenu par sa famille dans les grands moments de désespoir mais il a bien failli abandonner plusieurs fois. "Pendant ces six années, je perdais 90% de mes crevettes à quelques jours de la récolte", rapporte-t-il.

"J’ai fini par trouver les facteurs responsables de cette mortalité et par les modifier pour maintenir en vie les crevettes jusqu’au bout", ajoute-t-il. Un "miracle". Et maintenant un secret qu’il est le seul à détenir et qu’il garde précieusement.

Car ses crevettes aux couleurs vives et sans comparaison avec les crevettes élevées en bassin terre, à la saveur et la texture uniques, grossissent comme nulle part ailleurs.

18 kg au m2 sur un an, un record !

"J’ai mis au point la technique et l’ai validée sur trois cycles", indique Toa Vivish. Lors de l’un de ces cycles, il a battu un record détenu par les Hawaiien. "J’ai obtenu une production de 18 kg au mètre carré sur un an contre 7kg pour les Hawaiiens."

En bassin terre, les producteurs sont à 70 crevettes au mètre carré avec 50 à 60% de survie, Toa Vivish affirme que dans ses cages il possède 1 000 crevettes au mètre carré et qu’il constate 90% de survie. "Certains n’y croient pas. Moi je le vois."

"En Polynésie, nous avons deux récoltes par an et, vus les rendements, je ne me fais pas de souci pour la suite." Il a lancé son premier cycle officiel il y a quelques semaines. La première récolte est annoncée pour fin janvier début février 2019. Sur la liste d’attente qui ne fait que grandir, 600 noms sont déjà inscrits.

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Facebook : Mitirapa Blue Pearl Shrimp


Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 14 Décembre 2018 à 14:21 | Lu 18615 fois