L'audience s'est déroulée sous haute surveillance, ce jeudi, des gendarmes cagoulés encadraient ce prévenu dont l'embrigadement idéologique est jugé sérieux par toute la chaîne judiciaire.
PAPEETE, le 1er septembre 2016 - Un détenu de 26 ans était jugé ce jeudi après-midi pour des violences à répétition sur le personnel de la prison. Mais c'est surtout son profil psychologique qui a fait débat au tribunal.
Radicalisé par un autre détenu polynésien "longue peine" à son retour de détention en métropole, il a appris l'arabe, abandonné sa confession adventiste pour l'islam, cautionne les attentats de Nice, et appelle à "tuer les mécréants qui ne croient pas".
La radicalisation islamiste à Nuutania, c'est possible malgré la distance géographique et culturelle qui sépare la Polynésie française de la métropole. Un jeune Polynésien de 26 ans était jugé ce jeudi après-midi en comparution immédiate pour des agressions violentes et répétées commises depuis le début du mois d'août sur le personnel de la prison. Décrit comme très violent, il avait aussi mis le feu à sa cellule. Condamné à 2 ans de prison ferme supplémentaires pour ces faits, c'est surtout son profil psychologique et ses motivations qui ont retenu toute l'attention du tribunal. Jusqu'aux "renseignements généraux", qui se sont déplacés pour assister aux débats. Quatre gendarmes cagoulés surveillaient aussi étroitement ce détenu d'un genre nouveau, barbe naissante, dans le box des prévenus.
Des propos assumés
Déjà condamné à 15 reprises, le jeune homme est retourné en prison l'année dernière pour d'énièmes violences en récidive. Et son attitude a changé à ce moment-là selon son avocate, Me Ayoun : "Il est rentré en délinquant normal, j'allais dire, aujourd'hui il est différent, perturbé. Il a rencontré à Nuutania un détenu, Polynésien lui-même, sensibilisé à l'islam radical lors de longs séjours dans des prisons métropolitaines. Il lui a retourné le cerveau, en un an. Il m'a parlé tout à l'heure dans un arabe parfait".
Selon l'avocat des fonctionnaires de l'administration pénitentiaire agressés (lire ci-dessous), "ce n'est pas juste quelqu'un d'énervé" : "Quand les gendarmes l'ont interrogé en garde à vue sur ce qui l'attirait dans l'islam, il a répondu que cette religion était la seule, la pure vérité ; que, de ce qu'il avait lu dans le Coran, il fallait tuer les gens qui ne croient pas, les traîtres, les mécréants. Quand on l'a interrogé sur ce qu'il pensait de l'attentat de Nice, s'il foncerait lui-aussi sur un groupe de personnes avec des enfants, il a répondu "oui, sans hésitation". Interrogé pour savoir si les français étaient des mécréants, il a aussi répondu "oui, sauf les djihadistes". C'est quelqu'un de violent depuis l'enfance qui veut mettre sa violence au service de l'islam".
"On a un problème" estime son avocate, Me Ayoun
Solitaire, élevé puis enlevé à des parents alcooliques qui l'ont toujours rejeté, le jeune homme n'est pas dans la fantaisie d'un doux dingue. Se sentant abandonné selon les experts qui évoquent une "dynamique psychotique" et soulignent sa "violence", il ne commente ni ne conteste aucun de ses propos dans le box. Calme, il s'exprime clairement, toise tout le monde du regard. Inquiétant, il tient des propos racistes envers les farani qu'il met en perspective avec sa nouvelle croyance.
"Il y a une sorte d'assimilation de ses propos d'un combat qui pourrait ressembler à l'islamisme dans l'esprit, mais au profit du peuple maohi", souligne très sérieusement le président du tribunal après lecture des rapports d'expertises. Le jeune homme, lui, avait expliqué sa violence en prison par son désir d'être placé à l'isolement pour avoir la télé et regarder des reportages sur Daech.
De sources judiciaires, le profil psychologique et les propos réitérés et assumés du jeune homme lui vaudraient de faire l'objet d'une fiche "S" de signalement.
"On a un problème", résume tout aussi sérieusement son avocate à l'adresse du tribunal. Le jeune homme a été reconduit à Nuutania sous bonne garde. Le haut-commissariat a de son côté confirmé l'existence de trois cas de détenus particulièrement surveillés dans l'heure suivant la publication de notre article.
Radicalisé par un autre détenu polynésien "longue peine" à son retour de détention en métropole, il a appris l'arabe, abandonné sa confession adventiste pour l'islam, cautionne les attentats de Nice, et appelle à "tuer les mécréants qui ne croient pas".
La radicalisation islamiste à Nuutania, c'est possible malgré la distance géographique et culturelle qui sépare la Polynésie française de la métropole. Un jeune Polynésien de 26 ans était jugé ce jeudi après-midi en comparution immédiate pour des agressions violentes et répétées commises depuis le début du mois d'août sur le personnel de la prison. Décrit comme très violent, il avait aussi mis le feu à sa cellule. Condamné à 2 ans de prison ferme supplémentaires pour ces faits, c'est surtout son profil psychologique et ses motivations qui ont retenu toute l'attention du tribunal. Jusqu'aux "renseignements généraux", qui se sont déplacés pour assister aux débats. Quatre gendarmes cagoulés surveillaient aussi étroitement ce détenu d'un genre nouveau, barbe naissante, dans le box des prévenus.
Des propos assumés
Déjà condamné à 15 reprises, le jeune homme est retourné en prison l'année dernière pour d'énièmes violences en récidive. Et son attitude a changé à ce moment-là selon son avocate, Me Ayoun : "Il est rentré en délinquant normal, j'allais dire, aujourd'hui il est différent, perturbé. Il a rencontré à Nuutania un détenu, Polynésien lui-même, sensibilisé à l'islam radical lors de longs séjours dans des prisons métropolitaines. Il lui a retourné le cerveau, en un an. Il m'a parlé tout à l'heure dans un arabe parfait".
Selon l'avocat des fonctionnaires de l'administration pénitentiaire agressés (lire ci-dessous), "ce n'est pas juste quelqu'un d'énervé" : "Quand les gendarmes l'ont interrogé en garde à vue sur ce qui l'attirait dans l'islam, il a répondu que cette religion était la seule, la pure vérité ; que, de ce qu'il avait lu dans le Coran, il fallait tuer les gens qui ne croient pas, les traîtres, les mécréants. Quand on l'a interrogé sur ce qu'il pensait de l'attentat de Nice, s'il foncerait lui-aussi sur un groupe de personnes avec des enfants, il a répondu "oui, sans hésitation". Interrogé pour savoir si les français étaient des mécréants, il a aussi répondu "oui, sauf les djihadistes". C'est quelqu'un de violent depuis l'enfance qui veut mettre sa violence au service de l'islam".
"On a un problème" estime son avocate, Me Ayoun
Solitaire, élevé puis enlevé à des parents alcooliques qui l'ont toujours rejeté, le jeune homme n'est pas dans la fantaisie d'un doux dingue. Se sentant abandonné selon les experts qui évoquent une "dynamique psychotique" et soulignent sa "violence", il ne commente ni ne conteste aucun de ses propos dans le box. Calme, il s'exprime clairement, toise tout le monde du regard. Inquiétant, il tient des propos racistes envers les farani qu'il met en perspective avec sa nouvelle croyance.
"Il y a une sorte d'assimilation de ses propos d'un combat qui pourrait ressembler à l'islamisme dans l'esprit, mais au profit du peuple maohi", souligne très sérieusement le président du tribunal après lecture des rapports d'expertises. Le jeune homme, lui, avait expliqué sa violence en prison par son désir d'être placé à l'isolement pour avoir la télé et regarder des reportages sur Daech.
De sources judiciaires, le profil psychologique et les propos réitérés et assumés du jeune homme lui vaudraient de faire l'objet d'une fiche "S" de signalement.
"On a un problème", résume tout aussi sérieusement son avocate à l'adresse du tribunal. Le jeune homme a été reconduit à Nuutania sous bonne garde. Le haut-commissariat a de son côté confirmé l'existence de trois cas de détenus particulièrement surveillés dans l'heure suivant la publication de notre article.
Me Dominique Bourion, avocat représentant l'administration pénitentiaire : "Il compare le combat islamiste avec le combat pour l'indépendance"
-Un jeune détenu polynésien vient d'être condamné ce jeudi pour des violences, outrages et dégradations à Nuutania. Mais plus que cela, c'est son profil qui a retenu toute l'attention du tribunal…
"Oui, ce qui est inquiétant chez ce monsieur, c'est ce qui sous-tend ses actes de violences, où à chaque fois il crie "Allah Akbar", compare le combat islamiste avec le combat pour l'indépendance en se référant à l'organisation Daesh. Il cautionne les récents attentats de Nice, répond que s'il avait été dans cette situation il aurait fait la même chose. C'est quand même assez terrible. C'est quelqu'un de radicalisé, assez profondément, et qui a même appris l'arabe".
-Ce sont des propos qu'il a tenus lors de sa garde à vue devant les gendarmes ?
"Oui, tout à fait. Il les a insultés, il a insulté les gardiens de prison, il a essayé de les blesser avec des ciseaux et une pointe métallique. C'est quelqu'un de très, très violent, qui a bien expliqué que son combat c'était de lutter contre les mécréants et de les exécuter, y compris des juges".
-Comment ce discours islamiste est-il arrivé jusqu'aux oreilles de ce Polynésien au sein même de Nuutania ?
"Il a malheureusement croisé à Nuutania un autre détenu polynésien qui rentrait de France, où il était incarcéré. Ce détenu était lui-même déjà radicalisé et il a réussi à lui en parler. Et comme c'est quelqu'un de fragile psychologiquement, comme beaucoup de ces gens-là d'ailleurs, il avait un terrain idéal pour le convaincre. Il a commencé à lire le Coran et à se laisser endoctriner. L'établissement pénitentiaire a vite repéré la situation et y a mis fin rapidement. Mais c'est quelqu'un de fragile qui n'a ni le recul, ni l'intelligence, ni l'équilibre pour se dire qu'il a été endoctriné.
-Ce détenu polynésien qui l'a endoctriné est toujours à Nuutania ?
"Oui".
-Comment est-il encadré ?
"Il est dans un service différent, où il est quasiment seul toute la journée. Il ne croise certains détenus que le soir, des détenus qui vont travailler dans la journée et qui sont plutôt dans un état d'esprit de réhabilitation et de sortie que de l'écouter. Il est très étroitement surveillé".
-On est dans le folklore ? Ou y a-t-il une réelle raison de s'inquiéter, selon vous, avec ce genre de cas de radicalisation au fenua ?
"Je pense que lui, est inquiétant. Car c'est maintenant enraciné assez profond chez lui. Il se laisse pousser la barbe, il a réitéré tous ses projets, à chaque fois qu'il agresse quelqu'un verbalement ou physiquement c'est pour dire qu'il mène un combat contre les mécréants. Il est très persuadé de cela. Il était adventiste avant et il ne l'est plus. Il est aujourd'hui avec le Coran".
"Oui, ce qui est inquiétant chez ce monsieur, c'est ce qui sous-tend ses actes de violences, où à chaque fois il crie "Allah Akbar", compare le combat islamiste avec le combat pour l'indépendance en se référant à l'organisation Daesh. Il cautionne les récents attentats de Nice, répond que s'il avait été dans cette situation il aurait fait la même chose. C'est quand même assez terrible. C'est quelqu'un de radicalisé, assez profondément, et qui a même appris l'arabe".
-Ce sont des propos qu'il a tenus lors de sa garde à vue devant les gendarmes ?
"Oui, tout à fait. Il les a insultés, il a insulté les gardiens de prison, il a essayé de les blesser avec des ciseaux et une pointe métallique. C'est quelqu'un de très, très violent, qui a bien expliqué que son combat c'était de lutter contre les mécréants et de les exécuter, y compris des juges".
-Comment ce discours islamiste est-il arrivé jusqu'aux oreilles de ce Polynésien au sein même de Nuutania ?
"Il a malheureusement croisé à Nuutania un autre détenu polynésien qui rentrait de France, où il était incarcéré. Ce détenu était lui-même déjà radicalisé et il a réussi à lui en parler. Et comme c'est quelqu'un de fragile psychologiquement, comme beaucoup de ces gens-là d'ailleurs, il avait un terrain idéal pour le convaincre. Il a commencé à lire le Coran et à se laisser endoctriner. L'établissement pénitentiaire a vite repéré la situation et y a mis fin rapidement. Mais c'est quelqu'un de fragile qui n'a ni le recul, ni l'intelligence, ni l'équilibre pour se dire qu'il a été endoctriné.
-Ce détenu polynésien qui l'a endoctriné est toujours à Nuutania ?
"Oui".
-Comment est-il encadré ?
"Il est dans un service différent, où il est quasiment seul toute la journée. Il ne croise certains détenus que le soir, des détenus qui vont travailler dans la journée et qui sont plutôt dans un état d'esprit de réhabilitation et de sortie que de l'écouter. Il est très étroitement surveillé".
-On est dans le folklore ? Ou y a-t-il une réelle raison de s'inquiéter, selon vous, avec ce genre de cas de radicalisation au fenua ?
"Je pense que lui, est inquiétant. Car c'est maintenant enraciné assez profond chez lui. Il se laisse pousser la barbe, il a réitéré tous ses projets, à chaque fois qu'il agresse quelqu'un verbalement ou physiquement c'est pour dire qu'il mène un combat contre les mécréants. Il est très persuadé de cela. Il était adventiste avant et il ne l'est plus. Il est aujourd'hui avec le Coran".