Un cas autochtone de dengue 2 alerte les autorités sanitaires


PAPEETE, 20 mars 2019 - Un deuxième cas de dengue de type 2, autochtone cette fois-ci, a été constaté mardi à Patutoa. L'alerte sanitaire de niveau 2 est maintenue en Polynésie française où 82 % de la population est susceptible d'être infectée par cet arbovirus.
 
L'alerte sanitaire de niveau 2 mise en place après la découverte d'un premier cas de dengue 2 à Mahina le 10 février dernier est maintenue. Une conférence de presse a été organisée par la Direction de la santé, ce mercredi après-midi, pour communiquer les recommandations permettant de limiter la survenue d’une épidémie de grande ampleur en Polynésie française.

Après le cas de dengue 2 recensé à Mahina en février dernier sur une personne en provenance de Nouvelle-Calédonie, les services de surveillance sanitaire recensent un nouveau cas d’infection à ce virus, avéré après analyse le 19 mars, mais surtout, cette fois-ci, autochtone c'est-à-dire sur une personne qui a été contaminée à Tahiti. Le porteur réside dans le quartier Patutoa de Papeete. Il est âgé de plus de 20 ans. Il a consulté son médecin traitant le 8 et le 14 mars derniers, en prise à des symptômes typiques de la dengue (fièvre de plus de 38° C, maux de tête, courbatures, douleurs articulaires, voire chute de tension, hémorragie). Un prélèvement sanguin a été réalisé à la demande du médecin traitant. Le résultat des analyses confirme ce mardi que ce malade est atteint d'une dengue de type 2. 

Pulvérisation ciblée et enquête de voisinage

Le secteur de Patutoa, à Papeete, où réside le cas de dengue type 2 récemment recensé.
La dengue 2 n'a pas circulé en Polynésie française depuis l'an 2000. La population est faiblement immunisée. Selon une analyse statistique récente, huit personnes sur 10 sont susceptibles d'être contaminées par ce virus. Le bassin de population potentiellement concerné est de 221 000 personnes. "Vous connaissez la situation en Nouvelle-Calédonie", a souligné mercredi le docteur Laurence Bonnac-Théron. Le Caillou connait en effet une épidémie de dengue 2 depuis 2017. Sur les trois premiers mois de 2019, près de 900 personnes ont déjà déclaré cette maladie, dont 7 % avec des complications nécessitant une hospitalisation. "Il y a peu de chance que l'on y échappe, prévient la directrice de la santé. L'intérêt est de pouvoir étaler l'épidémie dans le temps."

Le moustique Aedes aegypti est le principal vecteur de la dengue. Le virus se transmet à l’homme par la piqûre des femelles infectées. Après une incubation de quelques jours, un moustique infecté peut transmettre le virus tout le reste de sa vie, soit en moyenne pendant 10 jours. 

L’être humain infecté est le principal porteur du virus ; il permet sa prolifération et sert de source de contamination pour les moustiques qui ne sont pas encore infectés. Les personnes infectées par le virus de la dengue peuvent transmettre la maladie pendant 4 à 5 jours et au maximum 12 jours, par l’intermédiaire des moustiques du genre Aedes après l’apparition des premiers symptômes. 

Afin de freiner l'élargissement du foyer viral soupçonné à Patutoa, un traitement anti-vectoriel par pulvérisation ciblée est programmé en collaboration avec la mairie de Papeete, vendredi 22 et lundi 25 mars, dans le quartier de résidence du malade qui inquiète les autorités sanitaires. Une opération d'information sur le principe du porte à porte doit également se dérouler dans ce quartier, pour sensibiliser les habitants à la recherche et à la destruction de gîtes larvaires. L'occasion également pour les agents de déceler d'éventuels nouveaux cas non signalés.

Le stade épidémique ne sera déclaré que lorsque plusieurs cas de dengue 2 autochtones et non liés entre eux seront constatés localement. En 2018, deux cas de dengue avaient été décelés à Raiatea sans que cela ne conduise à une situation épidémique en Polynésie française. La découverte d'un cas autochtone dans l'important bassin de population de Papeete, laisse craindre une perspective différente. En cas d'épidémie, l'impact en matière de dépenses sanitaires est estimé à au moins 1,2 milliard Fcfp pour la collectivité.

Recommandations pour limiter la circulation du virus

Pour limiter la survenue de nouveaux cas, la population doit s’impliquer : 
- éliminez les gîtes larvaires 
- protégez-vous des piqûres de moustiques (répulsifs, moustiquaire, diffuseurs, vêtements longs…) 
- en cas de fièvre supérieure à 38°C, consultez un médecin. 

Les services de santé du pays mettent tout en œuvre pour limiter la survenue d’une épidémie. 

Des actions de démoustication par pulvérisation pourront être effectuées. Pour protéger les abeilles, les personnes détentrices de ruchers doivent se déclarer à la direction de l’agriculture. 

En 2017 et 2018, la Région du Pacifique occidental a connu des flambées de dengue dans plusieurs États ainsi que la circulation des sérotypes DENV-1 et DENV-2. 

Rédigé par JPV le Mercredi 20 Mars 2019 à 11:09 | Lu 5249 fois