Un budget trop "optimiste" et "dangereux"


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Tahiti, le 7 décembre 2023 – Le projet de budget du gouvernement a été adopté en commission mercredi soir à 21h45. Un budget qui table sur une croissance de 4% en 2024. "Très optimiste" et surtout "dangereux" et "très risqué" selon Tepuaraurii Teriitahi du Tapura qui souligne que de l'aveu même du ministre Tevaiti Pomare elle serait plutôt de 2% "en réel".  "Si on n'est pas optimiste, on ne fait pas de budget", répond Tematai Le Gayic.
 
 
C'est à 21h45 mercredi soir que les élus de la commission de l'Economie et des Finances se sont quittés après avoir adopté le projet de budget du gouvernement Brotherson. Un budget qui semble bien "trop optimiste" pour le Tapura puisque le gouvernement table sur une croissance de 4% en 2024.  "C'est écrit noir sur blanc dans l'exposé des motifs. Et là, le ministre nous dit qu'en fait, en réel, c'est 2% ", s'est ainsi inquiétée Tepuaraurii Teriitahi, mercredi à l'assemblée.

C'est "très risqué" et "dangereux" dit-elle, car l'année 2023 a été "exceptionnelle" en termes de rentrées fiscales en raison de l'inflation qui aura au moins eu ça de bon. "Et eux pensent que l'année 2024 sera 4% mieux que l'atterrissage 2023", alors qu'il y un fléchissement de l'inflation. Or, si l'inflation diminue, il y aura forcément moins de recettes fiscales. CQFD. "Et eux pensent que ça va rester identique et même que cela va augmenter. En ce sens c'est dangereux et trop optimiste", précise l'élue du Tapura.

Dans l'architecture budgétaire proposée, le gouvernement Brotherson a finalement "tout intérêt à ce que les prix à l'importation ne baissent pas, comme ça les recettes restent confortables et il dispose d'un bon matelas", analyse-t-elle alors que "ce qu'on veut, c'est que l'inflation baisse à l'international, et c'est ce que les spécialistes nous prédisent, et que les prix diminuent à l'intérieur".
 
"Si on n'est pas optimiste, on ne fait pas de budget".
 
Sauf qu'en misant sur une telle croissance pour gonfler les recettes fiscales, on frôle l'insincérité budgétaire et on ne lutte pas contre la vie chère. Pour Tepuaraurii Teriitahi, "les mesures contre la hausse des prix et pour lutter contre la cherté de la vie sont inexistantes dans ce qui nous est proposé".

Pour Tematai Le Gayic qui était co-rapporteur de ce projet de budget, "si on n'est pas optimiste, on ne fait pas de budget". Et "au pire des cas, on reviendra avec des collectifs budgétaires si on voit qu'il y a une diminution de la consommation, et que les recettes fiscales indirectes sont moins importantes que cette année", a-t-il ajouté.
Les élus de la commission de l'Economie et des Finances doivent encore se retrouver ce jeudi après-midi pour examiner les comptes spéciaux et le projet de budget de l'assemblée.
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 7 Décembre 2023 à 09:18 | Lu 3401 fois