Un Polynésien de 18 à 25 ans sur dix quitte le territoire


PAPEETE, le 29 novembre 2018. L'Institut de la statistique (ISPF) a présenté ce jeudi matin les dernières informations données par le recensement de 2017. Les départs de Polynésie demeurent encore plus importants que les arrivées. Selon l'ISPF, un jeune de 18 à 25 ans sur dix quitte le territoire. Le taux de fécondité baisse si bien que les personnes âgées sont désormais plus nombreuses. Décryptage.


Vous vous souvenez qu'en 2017, un agent est venu vous poser plein de questions sur votre ménage. L'Institut de la statistique de la Polynésie française a présenté ce jeudi matin les dernières informations données par ce travail de terrain.

En 2017, 275 918 personnes vivaient en Polynésie française. En cinq ans, la population a augmenté de 1 500 personnes par an, un rythme plus faible qu’auparavant. La hausse est la plus forte dans les îles du Vent.

Les communes de Teva i Uta, Taiarapu-Ouest et de Arue les plus dynamiques

Dans l’archipel de la Société, dans les Îles du Vent, la population augmente de 3,2 % en cinq ans pour atteindre 207 330 résidents en 2017. Les trois quarts de la population y vivent.

Sur Tahiti, sans surprise, la population est particulièrement concentrée dans la zone urbaine, de Punaauia jusqu’à Mahina. En 2017, cet espace très construit rassemble 65 % des habitants de Tahiti, soit 1 point de moins qu’en 2012. En effet, entre 2012 et 2017, la croissance de la population est plus marquée dans la zone rurale de l’île (+ 4,7 % contre + 2,2 % dans la zone urbaine).

"Les communes de Teva I Uta, Taiarapu-Ouest et de Arue sont les plus dynamiques", explique l'ISPF. "En revanche, Faa’a, Pirae et Punaauia connaissent des évolutions démographiques moins favorables. À Moorea, la population croît à un rythme modéré."

Fort augmentation de la population Teva i Uta, celle de Faa'a diminue

Teva i uta "bénéficie de l’implantation d’un nouveau collège (Mataiea) et d’un nouveau centre pénitentiaire (Papeari)", analyse l'ISPF.
C'est à Teva I Uta que la population croît le plus fortement (+ 9,1 %). "Cette commune bénéficie de l’implantation d’un nouveau collège (Mataiea) et d’un nouveau centre pénitentiaire (Papeari). Taiarapu-Ouest profite du dynamisme touristique ; sa population croît de 5,7 %", met en avant l'Institut de la statistique de la Polynésie française. "Entre 2012 et 2017, le nombre de logements y augmente de 15 % et la moitié de ces nouveaux logements sont des résidences principales."

Par contre, sur la zone urbaine, la population de la commune de Faa’a diminue de 0,6 % avec le départ du centre pénitentiaire délocalisé à Papeari. La population de Papeete progresse de 4,5 %, au même rythme que le nombre de résidences principales. Toutefois, un logement sur cinq est vacant à Papeete, contre un sur huit en 2012. À Punaauia, l’augmentation de la population est moindre qu’entre 2007 et 2012 : + 1,8 % contre + 8,5 %.

"Pendant la période 2007-2012, marquée par la crise économique et la dégradation du marché du travail sur Tahiti, la population avait augmenté nettement aux Marquises et aux Australes, respectivement de 7,3 % et 8,4 %, en lien avec des migrations de « retour dans les îles »", relève l'ISPF. "Entre 2012 et 2017, l’augmentation modérée de la population indique la fin de ce processus. En outre, à la fin de la crise, les habitants ne se sont pas ré-expatriés à partir des Marquises et des Australes vers Tahiti, principal bassin d’emploi salarié."

Un jeune adulte sur 10 quitte la Polynésie française chaque année

Il y a davantage de personnes qui quittent la Polynésie française que de personnes qui y arrivent. Le solde migratoire est déficitaire : - 1 100 personnes par an entre 2012 et 2017 contre – 1 500 personnes par an entre 2007 et 2012.

L'ISPF avait relevé une accélération des départs entre 2007 et 2012 puisque les départs avaient doublé sur cette période par rapport à la période de 2002 à 2007.

"17 500 personnes ont quitté la Polynésie française entre 2012 et 2017, soit 6 % de la population. Parmi eux, 4 500 avaient entre 18 et 25 ans (900 jeunes sont concernés en moyenne par an)", décrit l'ISPF. "Ce nombre des départs est stable depuis 2002. Ainsi, tous les ans, un jeune adulte sur dix âgé de 18 à 25 ans quitte le territoire."

Plus de la moitié des départs se font des îles du Vent et un quart des îles Sous-le-Vent, subdivisions les plus peuplées.

L'océanisation des cadres se traduit dans les chiffres

Le niveau d’étude constitue toujours un passeport pour l’emploi : seules 29 % des personnes sans diplôme sont en emploi contre 80 % des personnes ayant au moins un deuxième cycle universitaire. Par ailleurs, la moitié des personnes de niveau CAP ou BEP, ou ayant le baccalauréat ont un emploi. La part des diplômés du supérieur augmente dans la population.
Parmi les personnes en emploi, 10 % sont cadres contre 18 % en France (hors COM et Mayotte). La part des natifs de Polynésie française augmente de 3 points par rapport à 2012 pour atteindre 46 % des cadres et égaler la part des natifs de France métropolitaine. La part des cadres polynésiens a crû de trois points et est devenue égale à celle de la part des natifs de métropole.

Les infos à retenir

La base de la pyramide des âges de la Polynésie commence à se rétrécir et traduit le vieillissement de la population.
> En 2017, 276 000 personnes vivent en Polynésie française. En cinq ans, la population a augmenté de 1 500 personnes par an, un rythme plus faible qu’auparavant. La hausse est la plus forte dans les Îles du Vent. L’excédent des naissances sur les décès est le seul moteur de cette croissance démographique. Il diminue cependant du fait de la baisse de la fécondité.

> Les départs de Polynésie sont plus importants que les arrivées et un jeune de 18 à 25 ans sur dix quitte le territoire.

> Les personnes âgées sont désormais plus nombreuses et l’espérance de vie progresse d’un an entre 2012 et 2017, pour s’établir à 77 ans. Plus de la moitié de la population vit au sein de ménages comprenant une famille nombreuse ou plusieurs familles.

> Seulement 44 % de la population de plus de 15 ans déclare occuper un emploi dans une économie en grande partie tertiaire. Si l’accès à l’eau et à l’électricité évolue peu, l’accès à internet progresse mais les écarts entre les archipels restent très importants.


Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 29 Novembre 2018 à 12:53 | Lu 16561 fois