Un “Moi(s) sans tabac” ou comment se refaire une santé physique et financière


Tahiti, le 4 juillet 2024 – Ce mois de juillet, la Direction de la Santé lance pour sa deuxième année consécutive sa campagne “Moi(s) sans tabac”. Une campagne qui avait réussi à mobiliser plus de 500  participants en 2023. Et cette année, la Direction de la Santé espère convaincre davantage de personnes en soulignant non seulement les bienfaits sur la santé physique, mais également ceux sur la santé financière des individus.
 
Sa consommation tant répandue, et surtout légale, nous fait presque oublier sa dangerosité. Pourtant, le tabac est par définition une drogue, tout ce qu'il y a de plus néfaste pour la santé. Selon un bulletin de surveillance sanitaire publié en 2023 par l'Agence de régulation de l'action sanitaire et sociale (Arass), un quart des adultes de 18 à 75 ans consomme du tabac quotidiennement. Une prévalence qui s'explique en grande partie, selon l'Arass, par le niveau d'étude, les revenus et la situation professionnelle des individus. En effet, la consommation de tabac est plus élevée chez les personnes les moins éduquées et celles au chômage. En Polynésie française, selon le Centre de prévention et de soin des addictions (CPSA), les fumeurs de tabac consomment en moyenne 12 cigarettes par jour avec une préférence pour le tabac à rouler, ce qui représente un plus grand risque addictif et des conséquences plus graves pour la santé. De plus, l'âge moyen de première expérimentation du tabac est évalué à 17 ans, tandis que l'âge moyen de consultation pour une aide au sevrage tabagique est à 39 ans, soit 22 ans entre la première cigarette et la première prise en charge au CPSA.
 
C'est pourquoi, pour la deuxième année consécutive, la Direction de la Santé lance sa campagne du “Moi(s) sans tabac” en juillet. Une initiative qui a pour objectif d'accompagner les fumeurs quotidiens ou occasionnels, désireux d'arrêter de fumer, à relever le challenge de se libérer du tabac en 30 jours. Une expérience collective où les participants au défi sont invités à rejoindre la page Facebook “Aita Tabac”, afin d'échanger et se soutenir mutuellement dans cette aventure.
 
Pour participer, les personnes désireuses d'arrêter de fumer sont invitées à s'inscrire sur le site www.aita-tabac.pf en complétant un formulaire en ligne. Une fois l'inscription validée, les volontaires recevront par mail un bon leur permettant de retirer leur kit “Aita tabac” dans les différentes structures de santé de proximité. À l'intérieur de ce kit, un programme détaillé des 30 jours sans tabac, ainsi que divers supports permettant de soutenir les inscrits tout au long de leur sevrage tabagique.
 
Améliorer sa santé physique et financière
 
Si arrêter de fumer du jour au lendemain n'est pas chose aisée, la Direction de la Santé a jugé utile de rappeler les bienfaits d'une telle démarche au travers de son site dédié à la campagne. En effet, cette dernière rappelle que 20 minutes après la dernière cigarette, la pression sanguine et les pulsations du cœur reviennent à la normale. Qu'après 24 heures, le corps ne contient plus de nicotine. Qu'au bout de 48 heures, le goût et l'odorat s'améliorent. Qu'en 72 heures, respirer devient plus facile. Qu'à partir de deux semaines, les risques d'infarctus diminuent car la coagulation s'est normalisée. Et qu'au bout de quatre semaines, la peau devient plus belle. Des bienfaits non négligeables, notamment pour les moins jeunes.
 
Et la Direction de la Santé tient à mettre en avant un autre atout non négligeable d'une telle démarche : la santé financière. Pour ce faire, la Direction de la Santé propose aux participants sur son site internet “Aita tabac” un calculateur automatique qui prend en compte le prix des paquets de cigarette achetés, le nombre de cigarettes à l'intérieur de ces paquets, et le nombre de cigarettes consommées par jour. À titre d'exemple, pour les fumeurs consommant quotidiennement un paquet de 20 cigarettes à 1 300 francs, leurs économies réalisées en un mois s'ils arrêtaient de fumer s'élèveraient à 39 000 francs. Pour des paquets à 1 500 francs contenant 25 cigarettes, les économies réalisées s'élèveraient à 45 000 francs par mois. Des données non négligeables quand on connaît l'ampleur de la consommation tabagique chez les ménages les plus défavorisés.

Réaction – Ramona Tetuanui
49 ans, en sevrage tabagique depuis 7 mois
“J'étais à un paquet et demi par jour depuis 25 ans”
 
“C'est compliqué et je pense sincèrement que chacun a sa méthode. Pour moi, le gros déclencheur ça a été les économies. J'ai changé de travail, j'ai moins bien gagné ma vie, le prix des cigarettes a augmenté alors que je fumais vraiment beaucoup. À titre indicatif, j'étais à un paquet et demi par jour depuis 25 ans. Du coup j'ai pris le problème à l'envers, car j'avais déjà essayé d'arrêter de fumer deux ou trois fois dans ma vie et sans succès. Je me suis dit que je me faisais un cadeau pour mon anniversaire de mes 49 ans : arrêter de fumer avant mes 50 ans. Plutôt que ce soit une punition ou une contrainte, je me suis dit que j'allais m'offrir ce cadeau d'une meilleure santé. Depuis j'ai pris 6 kilos, ce qui est chouette car j'étais plutôt maigrichonne, mais j'ai gagné une capacité respiratoire que je n'avais plus. Avant, monter deux étages me mettait à bout de souffle comme une personne obèse. C'était vraiment problématique. Du coup je me suis remise au sport. Je bois beaucoup d'eau. En revanche, il faut le dire, l'envie est toujours là. Par contre cette envie passe de plus en plus rapidement. Mais voilà, c'est surtout au niveau des économies, je gagne 45 000 francs par mois depuis que j'ai arrêté.”

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 4 Juillet 2024 à 16:01 | Lu 1665 fois