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Kyiv, Ukraine | AFP | jeudi 17/03/2022 - L'Ukraine cherchait toujours à établir jeudi le bilan d'un bombardement russe sur un théâtre de Marioupol où s'étaient réfugiés des centaines d'habitants, après trois semaines d'une offensive de Moscou qui ne donne aucun signe de répit malgré la poursuite de pourparlers.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky enchaîne lui les appels à l'aide aux Occidentaux. Après le Congrès américain mercredi, il s'est adressé jeudi au Parlement allemand, où il a été ovationné.
"Détruisez ce Mur" qui divise à nouveau l'Europe, "entre la liberté et la servitude et (...) s'agrandit à chaque bombe" a-t-il lancé, en référence au discours historique du président américain Ronald Reagan en 1987 à Berlin.
Mercredi soir, le président ukrainien avait accusé l'aviation russe d'avoir "sciemment" bombardé le théâtre de Marioupol.
"Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un Etat terroriste", avait-il ajouté. Le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko, a qualifié le bombardement d'"effroyable tragédie" et accusé Moscou de "génocide" du peuple ukrainien.
La mairie de ce port stratégique sur la mer d'Azov a affirmé dans la nuit de mercredi à jeudi que "plus d'un millier" de personnes se trouvaient dans le théâtre.
Un député, Serguiï Tarouta, a lui indiqué sur Facebook, sans citer ses sources, que des gens sortaient vivant des décombres, l'abri sous le théâtre ayant tenu.
Jeudi matin, le Parquet général d'Ukraine a indiqué qu'il était pour l'instant "impossible d’établir le nombre exact de victimes car des bombardements se poursuivent en permanence".
Selon lui, "il y a des informations" sur des "blessés dont des enfants". Sur une photo du théâtre prise lundi et publiée mercredi par la société d'imagerie satellitaire américaine Maxar, est bien visible depuis le ciel le mot "enfants" écrit au sol en russe en immenses lettres blanches, devant et derrière le théâtre.
La Russie a affirmé ne pas avoir bombardé la ville, et que l'immeuble avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov.
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a indiqué de son côté manquer d'informations, et ne pas pouvoir "exclure la possibilité d'une cible militaire ukrainienne dans la zone du théâtre", qui abritait "au moins 500 civils".
Plus de 2.100 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre à Marioupol, selon les Ukrainiens. Des personnes ayant réussi à fuir la ville ces derniers jours pour Zaporojie, plus à l'ouest, ont raconté avoir fait fondre de la neige pour boire et cuire le peu de nourriture disponible sur des braseros.
"Ils tirent tellement de roquettes, il y a beaucoup de corps de civils morts dans les rues", a raconté à l'AFP Tamara Kavounenko, 58 ans, qui vivait dans le centre-ville.
- Aide militaire massive à l'Ukraine -
A Washington, répondant à une journaliste, le président américain Joe Biden a accusé son homologue russe Vladimir Poutine d'être "un criminel de guerre".
Des propos "inacceptables et impardonnables", a répliqué le Kremlin.
Auparavant, M. Biden avait confirmé mercredi que son pays fournirait à Kiev 800 millions de dollars de plus d'aide militaire, soit une enveloppe d'un milliard de dollars en une semaine.
Il a aussi indiqué que Washington allait aider l'Ukraine à se doter de systèmes de défense antiaérienne supplémentaires et de plus longue portée.
Ses annonces sont intervenues peu après que M. Zelensky eut lancé un appel à l'aide devant le Congrès américain.
Le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov a appelé l'UE à considérer à son tour Vladimir Poutine comme un "criminel de guerre" et a exhorté les Européens à intensifier eux aussi leurs livraisons d’armes.
Bombardements meurtriers
Cette assistance militaire doit aider Kiev à continuer à résister aux forces russes.
Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, ces dernières n'ont encore revendiqué la prise d'aucune grande ville ukrainienne, même si elles ont nettement progressé dans le sud et semblent avancer dans l'est du pays.
Selon HRW, les forces russes ont notamment utilisé des bombes à sous-munitions les 7, 11 et 13 mars, sur la ville de Mykolaïv, proche d'Odessa. Neuf personnes sont mortes le 13 mars, qui faisaient la queue à un distributeur, selon l'organisation.
Au nord de Kiev, à Tcherniguiv, dix personnes qui attendaient pour acheter du pain sont mortes lorsque des forces russes ont ouvert le feu, a affirmé mercredi le Parquet général ukrainien. Moscou a démenti, accusant là aussi des "nationalistes ukrainiens".
Selon le gouverneur militaire régional, 53 corps au total ont été amenés à la morgue mercredi.
Les bombardements se poursuivent aussi sur Kharkiv (nord-est), deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre le 24 février.
Depuis une cave de Kharkiv où elle s'est réfugiée, une violoniste de l'opéra de cette ville, Vera Lytovchenko, a suscité l'émotion en postant des vidéos la montrant jouant de son instrument sous terre pour "faire oublier la guerre, ne serait-ce que pour quelques minutes".
A Kiev, une frappe sur un immeuble a tué une personne jeudi à l'aube.
"J'ai entendu un sifflement, et mon mari m'a appelée en criant. On habite au rez-de-chaussée, les fenêtres se brisaient. Le principal, c'est qu'on soit vivant", a dit à l'AFP Iryna Voïnovska, 55 ans, en sanglots. "Malheureusement, une femme est morte au 16e étage, écrasée par une gazinière".
La capitale reprenait lentement vie jeudi matin après la levée d'un couvre-feu imposé depuis mardi soir.
Mais les rues, ponctuées de points de contrôle et de sacs de sable, restaient quasiment désertes. La ville s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants.
Aucun bilan global n'a jamais été fourni, même si le président Zelensky a reconnu le 12 mars la mort d'"environ 1.300" militaires ukrainiens, tandis que Moscou a rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.
Cent-huit enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l'invasion russe, a indiqué jeudi le Parquet général ukrainien.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) dénonce en particulier les nombreuses frappes sur des infrastructures de santé.
"Cela commence à faire partie de la stratégie et des tactiques de la guerre. C'est totalement inacceptable", a déploré mercredi Michael Ryan, chef des urgences de l'OMS.
Plus de trois millions d'Ukrainiens ont déjà pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne. Des milliers d'entre eux poursuivent leur voyage vers d'autres pays, comme la Suède: Stockholm estime qu'ils arrivent au rythme de près de 4.000 personnes par jour, et n'exclut pas d'en recevoir jusqu'à 200.000.
Dans ce contexte, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haut tribunal de l'ONU, a ordonné mercredi à Moscou d'immédiatement interrompre ses opérations militaires.
Décision balayée jeudi par le Kremlin. Vladimir Poutine a martelé mercredi dans un discours que l'offensive était "un succès", et comparé les sanctions occidentales à "un blitzkrieg" contre la Russie.
La guerre en Ukraine pourrait coûter un point à la croissance mondiale en un an si ses effets se prolongent sur les marchés énergétiques et financiers, et pousser l'inflation d'environ 2,5 points supplémentaires, a estimé l'OCDE dans un rapport.
Poursuite des pourparlers
Malgré la détermination qu'affichent les deux camps, des pourparlers se poursuivent en parallèle par visioconférence au niveau de délégations.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé jeudi que la délégation russe "faisait de grands efforts", "prête à travailler jour et nuit", et accusé les Ukrainiens de "ne pas montrer le même zèle".
La veille, il avait indiqué que les parties discutaient d'"un compromis", qui ferait de l'Ukraine un pays neutre sur le modèle de la Suède et de l'Autriche.
Le négociateur en chef ukrainien Mykhaïlo Podoliak avait cependant rejeté l'idée d'un tel modèle. "Le modèle ne peut être qu'+ukrainien+", avec des "garanties de sécurité absolues".
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a accusé Moscou de "faire semblant de négocier", tout en continuant à faire parler les armes", dans un entretien au journal Le Parisien.
Le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Albanie, la France, la Norvège et l'Irlande ont demandé une nouvelle réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU jeudi après-midi.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky enchaîne lui les appels à l'aide aux Occidentaux. Après le Congrès américain mercredi, il s'est adressé jeudi au Parlement allemand, où il a été ovationné.
"Détruisez ce Mur" qui divise à nouveau l'Europe, "entre la liberté et la servitude et (...) s'agrandit à chaque bombe" a-t-il lancé, en référence au discours historique du président américain Ronald Reagan en 1987 à Berlin.
Mercredi soir, le président ukrainien avait accusé l'aviation russe d'avoir "sciemment" bombardé le théâtre de Marioupol.
"Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un Etat terroriste", avait-il ajouté. Le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko, a qualifié le bombardement d'"effroyable tragédie" et accusé Moscou de "génocide" du peuple ukrainien.
La mairie de ce port stratégique sur la mer d'Azov a affirmé dans la nuit de mercredi à jeudi que "plus d'un millier" de personnes se trouvaient dans le théâtre.
Un député, Serguiï Tarouta, a lui indiqué sur Facebook, sans citer ses sources, que des gens sortaient vivant des décombres, l'abri sous le théâtre ayant tenu.
Jeudi matin, le Parquet général d'Ukraine a indiqué qu'il était pour l'instant "impossible d’établir le nombre exact de victimes car des bombardements se poursuivent en permanence".
Selon lui, "il y a des informations" sur des "blessés dont des enfants". Sur une photo du théâtre prise lundi et publiée mercredi par la société d'imagerie satellitaire américaine Maxar, est bien visible depuis le ciel le mot "enfants" écrit au sol en russe en immenses lettres blanches, devant et derrière le théâtre.
La Russie a affirmé ne pas avoir bombardé la ville, et que l'immeuble avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov.
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a indiqué de son côté manquer d'informations, et ne pas pouvoir "exclure la possibilité d'une cible militaire ukrainienne dans la zone du théâtre", qui abritait "au moins 500 civils".
Plus de 2.100 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre à Marioupol, selon les Ukrainiens. Des personnes ayant réussi à fuir la ville ces derniers jours pour Zaporojie, plus à l'ouest, ont raconté avoir fait fondre de la neige pour boire et cuire le peu de nourriture disponible sur des braseros.
"Ils tirent tellement de roquettes, il y a beaucoup de corps de civils morts dans les rues", a raconté à l'AFP Tamara Kavounenko, 58 ans, qui vivait dans le centre-ville.
- Aide militaire massive à l'Ukraine -
A Washington, répondant à une journaliste, le président américain Joe Biden a accusé son homologue russe Vladimir Poutine d'être "un criminel de guerre".
Des propos "inacceptables et impardonnables", a répliqué le Kremlin.
Auparavant, M. Biden avait confirmé mercredi que son pays fournirait à Kiev 800 millions de dollars de plus d'aide militaire, soit une enveloppe d'un milliard de dollars en une semaine.
Il a aussi indiqué que Washington allait aider l'Ukraine à se doter de systèmes de défense antiaérienne supplémentaires et de plus longue portée.
Ses annonces sont intervenues peu après que M. Zelensky eut lancé un appel à l'aide devant le Congrès américain.
Le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov a appelé l'UE à considérer à son tour Vladimir Poutine comme un "criminel de guerre" et a exhorté les Européens à intensifier eux aussi leurs livraisons d’armes.
Bombardements meurtriers
Cette assistance militaire doit aider Kiev à continuer à résister aux forces russes.
Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, ces dernières n'ont encore revendiqué la prise d'aucune grande ville ukrainienne, même si elles ont nettement progressé dans le sud et semblent avancer dans l'est du pays.
Selon HRW, les forces russes ont notamment utilisé des bombes à sous-munitions les 7, 11 et 13 mars, sur la ville de Mykolaïv, proche d'Odessa. Neuf personnes sont mortes le 13 mars, qui faisaient la queue à un distributeur, selon l'organisation.
Au nord de Kiev, à Tcherniguiv, dix personnes qui attendaient pour acheter du pain sont mortes lorsque des forces russes ont ouvert le feu, a affirmé mercredi le Parquet général ukrainien. Moscou a démenti, accusant là aussi des "nationalistes ukrainiens".
Selon le gouverneur militaire régional, 53 corps au total ont été amenés à la morgue mercredi.
Les bombardements se poursuivent aussi sur Kharkiv (nord-est), deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre le 24 février.
Depuis une cave de Kharkiv où elle s'est réfugiée, une violoniste de l'opéra de cette ville, Vera Lytovchenko, a suscité l'émotion en postant des vidéos la montrant jouant de son instrument sous terre pour "faire oublier la guerre, ne serait-ce que pour quelques minutes".
A Kiev, une frappe sur un immeuble a tué une personne jeudi à l'aube.
"J'ai entendu un sifflement, et mon mari m'a appelée en criant. On habite au rez-de-chaussée, les fenêtres se brisaient. Le principal, c'est qu'on soit vivant", a dit à l'AFP Iryna Voïnovska, 55 ans, en sanglots. "Malheureusement, une femme est morte au 16e étage, écrasée par une gazinière".
La capitale reprenait lentement vie jeudi matin après la levée d'un couvre-feu imposé depuis mardi soir.
Mais les rues, ponctuées de points de contrôle et de sacs de sable, restaient quasiment désertes. La ville s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants.
Aucun bilan global n'a jamais été fourni, même si le président Zelensky a reconnu le 12 mars la mort d'"environ 1.300" militaires ukrainiens, tandis que Moscou a rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.
Cent-huit enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l'invasion russe, a indiqué jeudi le Parquet général ukrainien.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) dénonce en particulier les nombreuses frappes sur des infrastructures de santé.
"Cela commence à faire partie de la stratégie et des tactiques de la guerre. C'est totalement inacceptable", a déploré mercredi Michael Ryan, chef des urgences de l'OMS.
Plus de trois millions d'Ukrainiens ont déjà pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne. Des milliers d'entre eux poursuivent leur voyage vers d'autres pays, comme la Suède: Stockholm estime qu'ils arrivent au rythme de près de 4.000 personnes par jour, et n'exclut pas d'en recevoir jusqu'à 200.000.
Dans ce contexte, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haut tribunal de l'ONU, a ordonné mercredi à Moscou d'immédiatement interrompre ses opérations militaires.
Décision balayée jeudi par le Kremlin. Vladimir Poutine a martelé mercredi dans un discours que l'offensive était "un succès", et comparé les sanctions occidentales à "un blitzkrieg" contre la Russie.
La guerre en Ukraine pourrait coûter un point à la croissance mondiale en un an si ses effets se prolongent sur les marchés énergétiques et financiers, et pousser l'inflation d'environ 2,5 points supplémentaires, a estimé l'OCDE dans un rapport.
Poursuite des pourparlers
Malgré la détermination qu'affichent les deux camps, des pourparlers se poursuivent en parallèle par visioconférence au niveau de délégations.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé jeudi que la délégation russe "faisait de grands efforts", "prête à travailler jour et nuit", et accusé les Ukrainiens de "ne pas montrer le même zèle".
La veille, il avait indiqué que les parties discutaient d'"un compromis", qui ferait de l'Ukraine un pays neutre sur le modèle de la Suède et de l'Autriche.
Le négociateur en chef ukrainien Mykhaïlo Podoliak avait cependant rejeté l'idée d'un tel modèle. "Le modèle ne peut être qu'+ukrainien+", avec des "garanties de sécurité absolues".
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a accusé Moscou de "faire semblant de négocier", tout en continuant à faire parler les armes", dans un entretien au journal Le Parisien.
Le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Albanie, la France, la Norvège et l'Irlande ont demandé une nouvelle réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU jeudi après-midi.