Tupaia sort de l'ombre du capitaine Cook


PAPEETE, le 12 août 2015. Tupaia, le pilote polynésien du capitaine Cook, est un ouvrage édité en 2010 par une historienne et romancière néo-zélandaise, plusieurs fois primé. Il est sorti en juin dernier en langue française grâce aux éditions 'Ura Tahiti. Il rend hommage à ce navigateur de Raiatea et à son incroyable destin.

Les amoureux de culture et d’Histoire polynésienne peuvent se réjouir de la traduction d’un ouvrage majeur, écrit en 2010 par l’historienne et romancière néo-zélandaise Joan Druett. Cet ouvrage, Tupaia, le pilote polynésien du capitaine Cook, restitue l’incroyable destin de cet habitant de Raiatea qui a été le navigateur et l’interprète de James Cook en Nouvelle-Zélande.

L’auteur qui présente Tupaia comme "le Machiavel tahitien de son époque", explique pourquoi il fallait tirer de l’oubli cet homme au destin exceptionnel, qui a tant contribué au succès du voyage de l’Endeavour et qui, pourtant, "n’a jamais fait partie de la légende populaire qui entoure le capitaine Cook."

Joan Druett a su pour la première fois compiler et trier l’ensemble des différentes sources historiques disponibles, parfois contradictoires. Son travail très complet a permis de tirer de l’oubli la vie de Tupaia. Même si Cook a voulu minimiser le rôle de Tupaia, ce nom fait partie intégrante de l’histoire du peuple maori depuis le premier voyage de Cook en Nouvelle-Zélande, entre octobre 1769 et avril 1770. En renouant les liens entre ses propres ancêtres découvreurs puis colonisateurs de cette grande terre à partir de Raiatea et ses cousins maoris, il a marqué de façon indélébile l’unité d’origine des populations polynésiennes et leur forte communauté culturelle.

UNE DESTINEE HORS DU COMMUN

Ce n'est pas à Cook lui-même que Tupaia a dû d'être embarqué vers la Nouvelle-Zélande. C'est Sir Joseph Banks, naturaliste et sponsor de cette expédition qui l'invite à bord et s'engage même à payer les frais afférents. Une fois à bord, Cook établit une carte de la Polynésie à partir des connaissances géographiques de Tupaia. Une carte suffisamment précise pour permettre au navigateur britannique d'associer son nom à la "découverte" de plusieurs îles aux emplacements indiqués par Tupaia qui avait en mémoire la position précise de centaines d'îles. "Il sait plus de choses sur la géographie des îles situées dans ces mers, sur la production, les lois religieuses et les coutumes de leurs habitants, que n’importe qui d’autre que nous ayons rencontré" avait déclaré James Cook, navigateur, explorateur et cartographe britannique à propos de Tupaia.

En 1774, lors d'une visite à Raiatea, terre natale de Tupaia, Cook le mentionne dans son journal et lui rend hommage à sa façon. Il écrit que Tupaia lui avait été d'une aide précieuse pour comprendre les coutumes religieuses polynésiennes, et que, en son absence, l'équipage britannique ne pouvait que faire des observations et interprétations hasardeuses.






Ce livre de 415 pages est vendu 3200 Fcfp
‘URA Editions Tahiti - contact@ura.pf - www.uraeditions.net
Il est enrichi d’une bibliographie d’une grande richesse, d’illustrations de la main même de Tupaia et d’un lexique maritime approprié.
Il a été traduit de l’anglais par Henri Theureau et Luc Duflos, tous deux résidents de Raiatea.

Une des illustrations que l'on retrouve dans le livre. Cette aquarelle aurait été dessinée et peinte de la main de Tupaia.
Une connaissance mémorisée

Tupaia est né vers 1725 dans l'île de Raiatea. Il est mort en novembre 1770 à Batavia (actuelle Jakarta),
Tupaia avait reçu une éducation conséquente dans laquelle l'histoire des ancêtres et la généalogie devaient être mémorisées ainsi que l'apprentissage des méthodes de navigation traditionnelles, sans cartes ni instruments, mais basées sur l'observation du ciel. Tupaia, sans avoir quitté les îles proches de Tahiti, avait ainsi une connaissance historique et géographique du triangle polynésien.

Il embarque avec Cook à bord de l'Endeavour en 1769 et se rend en Nouvelle-Zélande où il sert d'interprète entre les Maori et les Britanniques et intervient comme diplomate auprès des Aborigènes d'Australie.

Dans son périple L'Endeavour fait une escale pour se réapprovisionner dans l'île de Java. Déjà atteint du scorbut, Tupaia contracte le paludisme et meurt. Le 26 décembre 1770, dans son carnet de bord, James Cook enregistre le décès de Tupaia et écrit : "C’était un homme intelligent, perspicace, ingénieux, mais également fier et obstiné".

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 12 Aout 2015 à 17:29 | Lu 1925 fois