Tuheiava/Cross/Brotherson représenteront le Tavini Huiraatira aux Législatives


FAAA, le 25/03/2017 - Le congrès du parti indépendantiste de la Polynésie française s'est tenu ce samedi à Vaitupa. Plus de 3 000 militants ont répondu à l'appel lancé par le bureau directeur du parti. Au programme de la journée plusieurs sujets : la conduite à tenir pour la présidentielle, la confirmation des candidats aux législatives et la réorganisation interne du parti. Pour la présidentielle, les indépendantistes ont décidé de s'abstenir pour mieux se préparer pour les législatives programmées en juin.

"Président nous mettrons ton nom sur le bulletin", "non, il ne faut pas faire ça, sinon notre bulletin sera nul. Il faut s'abstenir", le Tavini Huiraatira s'abstiendra finalement pour la présidentielle, les militants ont suivi l'avis de leur leader. "On ne peut plus faire confiance à personne. Je n'ai pas envie que vous vous déplaciez pour rien", clamait Oscar Temaru, samedi dernier.

Le parti indépendantiste a tenu son congrès samedi à Vaitupa, pour célébrer tout d'abord les 40 années d'existence du Tavini, mais pour définir également la ligne de conduite pour la présidentielle et désigner leurs trois candidats qui se présenteront lors des législatives programmées pour le mois de juin.

La semaine dernière, nous vous annoncions les candidatures de Richard Tuheiava dans la 1ère circonscription et de Moetai Brotherson dans la 3ème circonscription. Il ne restait qu'à définir le candidat du parti pour la circonscription n°2, et le choix entre Valentina Cross et Marc Frogier devait être entériné ce samedi. Mais ce dernier a dû se retirer de la course. "Je me suis aperçu vendredi que je ne pouvais pas me présenter à cette élection. En fait, je suis cadre aux affaires sociales, et il y a une délibération qui explique clairement que les personnes qui ont une fonction importante dans une circonscription, ne peuvent pas poser leurs candidatures. Et si j'avais continué cette aventure le Tavini Huiraatira aurait eu des soucis", explique Marc Frogier.

Donc, Valentina Cross représentera le Tavini Huiraatira dans la 2ème circonscription : "Marc et moi militons ensemble dans le Tavini, il n'y a aucune opposition entre nous. Et je regrette vraiment que juridiquement, il n'ait pu postuler", souligne la représentante à l'assemblée.

Le programme des trois candidats reste encore à être finalisé. Cependant, "il y a bien sûr des dossiers spécifiques à chaque circonscription", explique Moetai Brotherson. "Ce que je ferai en premier lieu, c'est d'arrêter la démagogie. Le député ne garantit pas le retour de l'être aimé. Il a un rôle bien précis, celui d'aller faire voter des lois à l'assemblée nationale. Il n'a pas à se substituer aux communes, ni à l'assemblée de Polynésie, ni au gouvernement local. Donc, mon premier réflexe est d'expliquer aux gens ce qu'est un député, ce qu'il fait et ce qu'il ne fait pas", poursuit-il.

Richard Tuheiava mettra en avant son "expérience au Sénat qui me permettra de discerner davantage, les problèmes nationaux et internationaux."

Quant à Valentina Cross, son combat pour l'autodétermination restera sa motivation première. "Je serai la voix des Polynésiens à Paris pour dire que l'Etat français est juste donneur de leçons – en parlant des droits de l'Homme - mais, il refuse les droits des mā'ohi."

Au programme également du congrès, la réorganisation interne du parti. Il faut rappeler qu'avant son départ, Tauhiti Nena occupait les fonctions de vice-président. Un poste qui est resté inoccupé depuis.

Samedi, le parti a décidé de supprimer le poste de vice-président, et de mettre en place des sièges de présidents délégués, afin d'accompagner le leader du parti. Des postes qui ont été attribués à Richard Tuheiava, Moetai Brotherson et Antony Geros.

Richard Tuheiava
Candidat Tavini Huiraatira 1ère circonscription

Le combat ne sera pas de tout repos pour vous ?

"Cette circonscription n'est certes pas facile pour le clan souverainiste. Mais, je vois une victoire beaucoup plus dans l'éducation et la pédagogie sur la démarche souverainiste dans cette circonscription. Il est clair que nous n'allons absolument pas nous reposer, nous allons travailler d'arrache-pied. Mais ce qui est sûr, c'est que nous allons faire un travail de pédagogie, de structuration et de transmission de connaissances particulières, pas simplement dans notre électorat souverainiste, mais également - et c'est la vision qui m'anime dans la députation - dans le clan adverse."

Chez les autonomistes ?
"Ils sont autonomistes parce que leurs leaders leur ont demandé de l'être. Mais je crois qu'il faut rappeler que nous ne faisons pas partie de l'extrême droite, contrairement à des partis autonomistes qui fricotent dangereusement avec ce type de valeur. Le Tavini Huiraatira est un parti de gauche, si on s'en tient à l'ancienne nomenclature. C'est un parti de gauche qui prône la décolonisation, l'accession à l'indépendance de ce pays. Et certainement pas sur les valeurs de haines raciales telles que cela est véhiculé par le Front National et les autres."

Qui sera votre suppléant(e) ?
"Ma suppléante vient de Moorea et ce sera Christiane Kelly. C'est une suppléante de grande valeur."


Valentina Cross
Candidate du Tavini Huiraatira pour la 2ème circonscription


Les militants ont confirmé votre candidature. Quel est votre sentiment ?
"Je tiens à les remercier d'avoir accepté ma candidature dans la circonscription n°2. Si je me lance dans cette campagne, c'est pour gagner et je sais que c'est faisable parce que nous avons du potentiel."

Quel sera votre programme ?
"Nous sommes en train de finaliser un programme en commun avec Moetai et Richard. Mais je veux déjà déclarer aux électeurs que si je vais à l'assemblée nationale à Paris, c'est pour avant tout, défendre les intérêts des Polynésiens. Je n'ai pas l'intention de faire allégeance à l'Etat français que je respecte d'ailleurs. Mais aujourd'hui, nous sommes dans un processus de décolonisation, où l'Etat doit venir autour de la table et négocier sur les questions d'éducation, de foncier... Or, l'Etat français ne joue pas le jeu, il est déloyal. Cela fait trois ans que l'Etat français refuse ce processus démocratique, alors qu'il fait partie de l'ONU."

Qui sera votre suppléant ?
"Mon suppléant sera Bruno Flores, ancien tāvana de Raivavae. Si moi, mon terroir est Teva i Uta, lui, il représentera les Australes."


Moetai Brotherson
Candidat Tavini Huiraatira 3ème circonscription


Les militants ont été clairs, ils jeûneront pour la présidentielle. Par contre, ils rafleront tout pour les législatives. Qu'en pensez-vous ?
"Je pense que les électeurs du Tavini sont un petit peu frustrés de ne pas pouvoir voter à la présidentielle, pour un candidat mā'ohi. Ils vont donc reporter cette frustration sur les législatives où là, ils vont se lâcher."

Qu'est-ce qui vous a motivé à vous présenter ?
"Je n'avais jamais pensé à la députation, jusqu'à ce qu'on entame le travail de lobbying aux Etats-Unis. Et je me suis rendu compte que cela avait une importance. Et puis, je veux rendre hommage aussi à Maina Sage, qui a été pour moi, révélateur. Jusqu'à elle, je n'avais pas l'impression que les députés bossaient (rires). Et je trouve qu'elle a donné un coup de dépoussiérant à la fonction. Elle a changé les manières de faire, et je me suis dit qu'être député pouvait être sympa pour le peuple."

Justement Maina Sage a mis sa réserve parlementaire entre les mains de la population. Vous ferez de même, si vous êtes élu ?
"Quand elle a eu cette idée, j'ai trouvé cela génial, je lui ai dit d'ailleurs à l'époque. Mais je proposerai à l'ensemble des candidats d'aller même plus loin. Je propose donc un principe de ce que Maina Sage a mis en place, mais à l'échelle des trois députés. Peu importe s'il y a un panachage, il va falloir que les trois députés se mettent d'accord pour mettre en commun leur réserve parlementaire. Ca permettra d'avoir une granularité plus élevée sur les projets."

Quel est votre avantage par rapport à vos adversaires ?
"Je suis un tamari'i raromata'i qui a grandi à Punaauia, et qui est maire adjoint de Faa'a aujourd'hui."

Qui sera votre suppléant ?
"J'ai plusieurs candidatures, mais je veux que ce soit une femme. Parce qu'on réfléchit mieux avec des cerveaux variés, on va dire. Si on est que des mecs ce n'est pas génial. Il y en qui sont intéressées. Donc, je vais les réunir pour prendre une décision, d'ici la fin de la semaine."

Marc Frogier s'est expliqué devant la foule quant au retrait de sa candidature pour les législatives.

Ce congrès était également l'occasion de célébrer les 40 ans d'existence du Tavini Huiraatira. Un moment fort pour le couple Temaru.

Plus de 3 000 personnes étaient présentes samedi à Vaitupa.

Rédigé par Corinne Tehetia le Samedi 25 Mars 2017 à 17:54 | Lu 4389 fois