Tubuai : les parents d’élèves organisent la «grève des cours»


La situation reste dans l’attente à Tubuai (îles Australes), à la fois au collège de Taahueia et au CETAD de Mataura (Centre d’éducation en technologie appropriée au développement), au moins jusqu’à demain, mercredi. En raison de l’absence d’un certain nombre d’enseignants contractuels, depuis la rentrée scolaire, les parents d’élèves ont manifesté, hier matin, devant le collège pour réclamer des enseignants pour leurs enfants. Avec deux enseignants manquants au CETAD (60 élèves) et quatre au collège (186 élèves) depuis la rentrée du 16 août dernier, ce sont des dizaines d’heures d’enseignement qui font déjà défaut aux élèves dans certaines disciplines. Pour faire part de leur mécontentement, les parents d’élèves ont décidé que leurs enfants n’iraient pas au collège jusqu’à demain mercredi, date à laquelle ils espèrent la visite de l’un des représentants des administrations concernées : DES (direction de l’enseignement secondaire), vice-Rectorat, ministère de l’Education. Mais jusqu’ici, personne n’a répondu aux demandes des parents. Si demain cette proposition de rencontre, sur place à Tubuai, reste vaine, la «grève des cours», pourrait se prolonger, après une assemblée générale des parents d’élèves. Un moyen comme un autre d’alerter les autorités sur la situation locale.

Lundi, pourtant, après la manifestation, un enseignant contractuel en anglais qui répartira son temps de travail entre le CETAD et le collège, est arrivé de Tahiti. C’est une avancée, mais il manque encore quelqu’un pour le poste en prévention/santé/envrionnement au CETAD, et trois enseignants contractuels pour le collège : en français, en sports et en arts plastiques. «Pourtant, il y a trois semaines au moment de la rentrée scolaire 2012, la direction de la DES certifiait que tous les postes pour Tubuai étaient pourvus» affirme un enseignant du CETAD de Mataura. Un vœu pieu ou une difficulté des administrations à faire face à la gestion des enseignants contractuels ? C’est bien pourquoi, les syndicats réclament l’ouverture de ces postes à des titulaires.

Car la gestion des enseignants contractuels pose des difficultés de recrutement, mais aussi de plannings sur l’année. Bien souvent, ces contractuels, emplois précaires, sont embauchés sous forme de vacations, limitées réglementairement à 200 heures maximum par an. Ce qui ne couvre pas la totalité des besoins d’un emploi du temps scolaire, étalé d’août à juin. Ainsi entre février et juin 2012, le CETAD de Tubuai avait dû se passer des enseignements pour la filière maçonnerie. Le professeur vacataire embauché sur ce poste ayant accompli son quota d’heures au cours des deux premiers trimestres, et personne n’ayant été recruté à sa suite ! Un manque d’anticipation au détriment des élèves que dénoncent les syndicats enseignants.

Ce mardi, Tahiti Infos a essayé d’obtenir des informations au sujet de ce retard, constaté sur toute la Polynésie française des contrats des enseignants contractuels , à la fois auprès de la DES et du vice-Rectorat. Au standard de la DES, difficilement joignable ce mardi matin, notre appel téléphonique a finalement été transféré à un poste «indisponible», puis à une boîte vocale «saturée». Au vice-Rectorat, une assistante de direction a pris note de nos demandes et les as transmises à sa hiérarchie. Un rendez-vous a été convenu pour demain matin à ce sujet.

Par ailleurs les parents d'élèves se réunissent en assemblée générale ce mardi après-midi à partir de 16 heures pour discuter de la suite de leur mouvement de protestation.

Des profs manquants un peu partout

Dans un communiqué de presse intitulé «Rentrée 2012, le changement ? », le syndicat Snetaa-FO Polynésie affirme avoir alerté les administrations compétentes sur les difficultés à prévoir pour la rentrée 2012 dès le printemps dernier. «Mars 2012, en plein mouvement social contre les suppressions de postes, nous demandions d’annuler les suppressions d’emplois programmées (…) Nous dénoncions alors l’effort imposé à la Polynésie française sans tenir compte de ses particularités géographiques et humaines par le gouvernement central. Nous estimions alors que cette réduction massive de postes mettait en danger le système éducatif polynésien. Malgré tout, on nous avait promis une rentrée bien meilleure que la précédente (…) On nous avait même promis que tous les contrats (titulaires, contractuels, vacataires, surveillants) seraient prêts, pour permettre une rentrée normale avec tous les enseignants devant élèves. Pourtant, cette année sera encore une fois très difficile parce que tous les moyens nécessaires n’ont pas été donnés à l’enseignement. Le Snetaa FO Polynésie demande que l’on se soucie un peu plus sérieusement des enfants, des parents, des enseignants et de la communauté éducative.
En effet, il manque des enseignants dans de nombreux établissements. Aujourd’hui les parents d’élèves descendent dans la rue à Tubuai, trois semaines après la rentrée scolaire, las de devoir attendre des professeurs devant leurs enfants. Le Snetaa FO Polynésie soutient activement leurs revendications. Si le manque d’enseignant à Tubuai a été médiatisé, il n’en reste pas moins que d’autres établissements (Pao pao, Faaroa, Papara, Rangiroa, Mahina, pour ne citer qu’eux) souffrent également d’un manque d’enseignants. Une quarantaine de contrats sont en attente de signature au Vice-rectorat pour des ‘’raisons administratives ’’.
Devant l’urgence de la situation, le Snetaa FO Polynésie demande à ce que tous les postes soient fournis. Le Snetaa FO Polynésie réclame donc que ces procédures soient accélérées et rappelle que chaque élève à le droit d’avoir un enseignant en face de lui pour qu’enfin ils puissent se consacrer pleinement à sa formation
».

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 11 Septembre 2012 à 13:45 | Lu 1212 fois