Tubuai et la gestion des déchets : un exemple à suivre


Avec ce CET, les 2200 habitants de Tubuai dispose d'un centre de stockage pour les 18 années à venir.
TUBUAI, le 12 mars 2015. Confrontée comme nombre de communes de Polynésie française à la délicate question de la gestion de ses déchets, l’île de Tubuai aux Australes a réussi avec le soutien de l’Etat et du Pays à mettre en place un vrai Centre d’enfouissement technique. Il sera opérationnel en avril prochain.
Il y a encore quelques mois cette parcelle de deux hectares de l’île de Tubuai était encore un terrain forestier planté de pinus depuis 30 ans, quand le Pays avait décidé de s’inscrire dans une filière bois. Au total le domaine du Pays est d’une vingtaine d’hectares de forêt de pinus autour de ce qui sera prochainement le Centre d’enfouissement technique (CET) de Tubuai. Ce projet de CET est né d’un constat évident : la gestion des déchets ménagers sur une île éloignée des Australes est tout aussi –sinon plus de par l’éloignement - problématique qu’ailleurs. Or, les anciennes solutions de dépôt dans un marécage avaient leurs revers : la pollution de l’une des nappes phréatiques de l’île. Il a donc fallu chercher mieux et surtout plus écologiquement responsable.

Dans sa quête de solutions techniques adaptées et durables, la commune de Tubuai a trouvé deux partenaires : l’Etat et le Pays. Les deux ont accepté de cofinancer à 90% (à parité pour chacun) les 241 millions de Fcfp d’investissements à réaliser, la commune prenant en charge les 10% restants. Mais mieux encore, le Pays a fourni le foncier nécessaire d’une partie de son domaine public forestier de Tubuai avec à charge pour la commune de valoriser le bois qui serait débité sur la parcelle (voir en encadré).

Les travaux sur place qui ont démarré mi 2014 sont en passe d’être achevés. Au mois d’avril prochain, ce centre d’enfouissement technique recevra toutes les ordures de l’île. La durabilité du site creusé sur deux hectares pour l’instant est estimée à presque 18 ans en fonction de la taille de la population. Le site pourrait même doubler de superficie car deux autres hectares sont encore disponibles. Avec l’ouverture du CET, la commune de Tubuai (22OO habitants) mettra en place aussi le tri sélectif et une campagne de communication et des réunions publiques auront lieu pour expliquer les bons usages du tri aux habitants.
Ici tout a été pensé avec méthode. Les sites de stockage sont équipés de bâches protectrices et de canalisations pour traiter les jus de poubelles (lixiviats) dans des bassins de décantation spécifiques. Pour éviter qu’il y ait trop de « jus », les eaux pluviales de ruissellement de la montagne à l’arrière ont été déroutées en amont afin de ne pas arriver dans les stockages.

La méthode de traitement des déchets est biomécanique par l’intervention d’enzymes destructeurs. Une méthode naturelle déjà éprouvée avec succès ailleurs. Le projet et la réalisation du CET de Tubuai sont exemplaires et démontrent la réussite de cette association à trois Etat/Pays/Commune qui va se poursuivre jusqu’en 2020 avec le volet communal du contrat de projets. Mais ailleurs d’autres problématiques risquent de ralentir cette réussite : la disponibilité du foncier, l’engagement des équipes municipales dans leurs nouvelles compétences lourdes à gérer. Mais quand un exemple est bon, autant le mettre en valeur.

La scierie de Tubuai a l'intention de développer encore les débouchés commerciaux de la filière bois.
Une filière bois créée par nécessité

C’était l’engagement que la commune de Tubuai avait pris avec le Pays : la création du CET sur cette parcelle du domaine public forestier exigeait en contrepartie la valorisation du bois de pinus débité sur les deux hectares déforestés, soit 2000m3 de bois. C’est ainsi qu’est née, en février 2014, l’entreprise Tubuai Bois dont l’activité a été largement soutenue par le Pays. Celui-ci a mis à disposition un hangar à proximité du site de débitage et une partie de son matériel. Quatre emplois en CDI ont été créés, de même qu’un CAE (contrat d’accès à l’emploi), un emploi Cotorep et un stage. Les troncs de pinus sont équarris et coupés en planches.

Toute la problématique désormais est celle de l’ouverture de nouveaux débouchés commerciaux. La gérante de cette entreprise espère pouvoir proposer des bungalows en bois de pinus en kits prêts à monter.

Jusqu’ici l’entreprise Tubuai Bois ne dispose que des 2000m3 de stock de pinus coupés sur la parcelle du Pays qui va devenir le CET de Tubuai. Mais si la filière bois s’organise commercialement, l’île de Tubuai dispose encore de près de 200 hectares de pinus, dont certains plantés depuis 40 ans arrivent justement à pleine maturité.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 12 Mars 2015 à 18:14 | Lu 1676 fois