Tsunamis dans le Pacifique : les scientifiques veulent se rapprocher de la tradition océanienne


MELBOURNE, jeudi 7 juillet 2011 (Flash d'Océanie) – La communauté scientifique envisage actuellement d’approfondir ses recherches auprès des communautés traditionnelles océaniennes insulaires, afin d’identifier des méthodes ancestrales ayant pu perdurer de génération en génération, en matière de moyens de protection et de réduction des risques en cas de catastrophes naturelles comme les tsunamis.
Ces derniers jours, une conférence d’envergure mondiale réunissant spécialistes des sciences de la terre s’est tenu à Melbourne (Sud-est de l’Australie) avec comme point saillant à l’ordre du jour la prévention et la réduction des risques liés aux catastrophes naturelles.
Cette conférence de l’Union Internationale de Géodésie et de Géophysique (IUGG), intitulée « la Science pour une planète durable », devait se conclure jeudi 7 juillet 2011 et implique plus de quatre mille scientifiques venus d’une centaine de pays, dont de nombreux de la région Asie-Pacifique.
Durant une semaine, les scientifiques ont notamment débattu, en mode analyse post événementielle, de récentes catastrophes survenues à travers le monde, y compris au Chili (séismes, éruptions volcaniques, en Nouvelle-Zélande (séismes destructeurs), en Australie (inondations, sécheresses et cyclones) ou au Japon (séismes et tsunami du 11 mars 2011).
Ils tenteront d’en tirer des conclusions sous forme de bilans matériels et humains et les moyens de réduire les effets de tels événements à venir.
Dès l’entame, le Dr Tom Beer, premier australien à assurer la Présidence de l’IUGG, avait annoncé un point particulièrement saillant à l’ordre du jour des débats scientifiques : mettre en parallèle les impacts de ces récentes catastrophes naturelles sur les sociétés, y compris le tsunami japonais, le séisme de Christchurch (Nouvelle-Zélande), le volcan au Chili et la météorologie extrême en Australie.
Au cours des débats de ces huit derniers jours, les participants se sont aussi accordés à encourager leurs collègues océaniens à se rapprocher de leurs communautés respectives, afin de récolter ce qui pourrait être considéré comme de nouvelles pistes dans les préparations humaines à ce genre d’événements.
« Dans ces régions, il existe d’énormes quantités de savoirs traditionnels, que ce soit à Samoa, à Tonga, à Vanuatu. À chacun de ces endroits, il y a des sociétés où la mémoire existe de ce qui s’est passé. Ce que nous voudrions faire, c’est récolter ce savoir pour l’intégrer dans nos travaux, pour les enrichir, tout en continuant nos études géologiques », a précisé James Goff, du centre d’études des tsunamis pour l’Australie et le Pacifique.
« Ce n’est pas parce que, dans nos sociétés, on considère que si telle chose n’st pas écrite, elle n’est pas digne de foi, que ce genre de tradition orale n’a pas de valeur. Elle s’est transmise avant même que les archives écrites commencent à exister et par conséquent, elle a autant de valeur que la science occidentale », a-t-il expliqué au cours d’une interview accordée au magazine Pacific Beat de Radio Australie.
Entre-temps, ces derniers jours, une autre réunion de haut niveau, plus axée sur l’aspect humanitaire des choses, s’est aussi tenue à Bangkok (Thaïlande), sous l’égide de l’Organisation des Nations-Unies et de sa Commission Économique et Sociale, la CESAP.
En présence de représentants de quelque trente et un pays et de vingt deux organisations de la zone Asie-Pacifique, les participants se sont penchés sur les effets des catastrophes naturelles dans cette vaste région, souvent touchée par ce genre de calamités.
Cette réunion a une nouvelle fois été l’occasion de s’accorder à constater que les catastrophes naturelles en tous genres qui ont frappé de plus en plus fréquemment les populations de l’Asie-Pacifique ont eu pour effets immédiats de faire « reculer les progrès économiques » des populations touchées.
Selon un rapport de la CESAP, la région Asie-Pacifique « a souffert de quatre vint cinq pour cent des morts et de trente huit pour cent des pertes économiques mondiales qui ont résulté de catastrophes de 1980 à 2009. Près de quatre vingt dix pour cent de toutes les personnes touchées par ces catastrophes en 2010 vivaient en Asie », souligne le rapport.
« Le tremblement de terre et le tsunami de Samoa, en 2009, par exemple, a fait échouer la montée en grade de cette nation insulaire du Pacifique au statut de pays à revenus intermédiaires », souligne le rapport.
En matière de réduction des risques liés aux catastrophes naturelles, tout comme ce fut le cas au cours des derniers mois avec d’autres collectivités françaises océaniennes, c’était au tour de Wallis-et-Futuna de signer la le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basée à Nouméa) et sa branche dédiée aux études géodésiques, la SOPAC, mi-mai 2011, une convention visant à la mise en œuvre d’un projet régional largement financé par l’Union Européenne, à hauteur de 387.000 euros et censé apporter une aide technique afin d’aider ces deux îles françaises (où des marégraphes ont été installés ces dernières années, sur financement français) et en particulier l’île de Futuna, la plus exposée sur sa façade océanique, à mieux se préparer à ce genre de risques naturels.
Toujours en matière de prévention des risques liés aux catastrophes naturelles, des contacts se nouent, ces dernières années, entre les pays du Pacifique et ceux de la Caraïbe.
Fin mai 2011, la dernière évolution en la matière a abouti à la signature d’un protocole d’accord entre le Programme Régional Océanien pour l’Environnement (PROE, basé à Apia, Samoa) et le centre communautaire de la Caraïbe pour les changements climatiques (Caribbean Community Climate Change Centre, CCCCC).

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Rédigé par PAD le Jeudi 7 Juillet 2011 à 06:10 | Lu 1067 fois