Trump célèbre une promesse tenue: la baisse des impôts


Washington, Etats-Unis | AFP | mercredi 20/12/2017 - La grande baisse des impôts promise par Donald Trump était mercredi sur le point d'être définitivement adoptée par le Congrès américain, où il restait un ultime vote de nature technique.

Cette réforme, qui s'appliquera dès 2018, représente une victoire politique retentissante pour le président, qui espère en faire un argument électoral décisif aux législatives de novembre 2018.
Le dirigeant milliardaire célèbrera l'événement à la Maison Blanche à 20H00 GMT, en compagnie de parlementaires de la majorité républicaine.
Pour l'instant, les Américains sont toutefois sceptiques: deux tiers jugent que les baisses d'impôts profiteront plus aux riches qu'à la classe moyenne, selon un sondage CNN.
Mais "les gens vont changer d'avis", assure Paul Ryan, président de la Chambre des représentants. Dès février, les prélèvements à la source baisseront sur les feuilles de salaire.
"Nous sommes convaincus que cela va favoriser la croissance", a-t-il affirmé mercredi sur la chaîne ABC, faisant également part de l'intention des républicains de s'attaquer ensuite aux prestations sociales et de faire passer "les gens de l'assistanat vers le travail".
La réforme a été adoptée mardi par la Chambre des représentants, puis dans la nuit par le Sénat. Mais trois articles non conformes aux règles parlementaires ont dû être retoqués in extremis par le Sénat, forçant la Chambre à revoter mercredi, vers 16H00 GMT.
"Les baisses d'impôts sont si grandes et conséquentes, pourtant les +fake news+ s'activent pour imiter leurs amis, les démocrates battus, pour dénigrer. C'est vraiment quelque chose où les résultats parleront d'eux-mêmes très bientôt. Emplois, emplois, emplois !" a tweeté le président américain.
  - Refonte de la fiscalité -  
C'est la première grande réforme du mandat du 45e président des Etats-Unis, un "cadeau de Noël" aux Américains, et la première refonte de la fiscalité américaine depuis trois décennies.
Contrairement à la réforme de 1986, aucun démocrate n'a voté oui. La majorité républicaine a porté seule cet engagement de campagne, restant quasiment unie malgré quelques sueurs froides et d'intenses marchandages. Seuls 12 des 239 républicains de la Chambre ont fait défection, et aucun sénateur républicain n'a voté non.
"C'est l'exemple parfait d'une promesse faite et d'une promesse tenue", s'était réjoui mardi Paul Ryan. "Nous rendons aux gens de ce pays leur argent".
Donald Trump venge l'échec de l'abrogation de la loi sur l'assurance maladie de Barack Obama, une première promesse torpillée par son propre camp en septembre. Le texte fiscal inclut d'ailleurs une grande revendication conservatrice: la suppression d'une amende créée par "Obamacare" contre les Américains non assurés.
La réforme réduira dès 2018 les impôts fédéraux sur les sociétés et sur le revenu, à un coût de 1.500 milliards de dollars pour les finances publiques sur la prochaine décennie. Les républicains arguent qu'elle poussera durablement la croissance au-delà de 3%, ce qui génèrerait de nouvelles rentrées fiscales. Mais des analyses indépendantes estiment que ces rentrées ne compenseront que partiellement les 1.500 milliards de déficits supplémentaires.
  - 'Un braquage' -  
Elle était également censée simplifier le code des impôts afin que les déclarations de revenus tiennent sur une "carte postale". Mais la promesse a fait long feu, les groupes d'intérêts ayant réussi à sauver tel abattement ou telle niche fiscale, par exemple la déduction des intérêts d'emprunts immobiliers.
Et si la baisse d'impôts est permanente pour les sociétés, elle ne durera que jusqu'en 2025 pour les ménages, faute d'accord à long terme. La quasi totalité des Américains paieront moins d'impôts en 2018, mais le gain de pouvoir d'achat s'annulera pour la moitié d'entre eux en 2027, selon le Tax Policy Center.
Le texte inclut aussi l'ouverture de terres protégées de l'Alaska aux forages pétroliers.
Pour les démocrates, la refonte fiscale est effectivement un cadeau de Noël... mais pour les entreprises et les plus fortunés.
"C'est un braquage... un braquage qui va prendre des millions à la classe moyenne et les donner aux riches", a jugé la sénatrice Elizabeth Warren.
Maintenant que le dossier fiscal est presque bouclé, Donald Trump a trois jours pour conclure un grand compromis avec majorité et opposition sur le budget. Si le Congrès ne vote pas de crédits avant vendredi minuit, l'Etat fédéral devra "fermer", une crise qui gâcherait la fin d'année du dirigeant.

le Mercredi 20 Décembre 2017 à 06:25 | Lu 519 fois