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Trois nouveaux académiciens pour le Fare Vãna'a


Trois nouveaux académiciens pour le Fare Vãna'a
PAPEETE, le 09 juin 2017 - Vendredi, le fare vãna'a a reçu officiellement ses trois nouveaux académiciens. La cérémonie s'est déroulée au CESC en présence de Marcel Tuihani, président de l'assemblée de Polynésie française et du ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu.

L'académie Tahitienne est à nouveau au complet. Depuis vendredi la Fare Vãna'a compte à nouveau vingt académiciens.
Patricia Tuhoe, Charles Tetaria et Emma Faua-Tufariua sont rentrés dans le cercle des immortels le 31 mars 2017. Elus parmi vingt-sept candidatures, chiffre record de candidatures depuis la création de l’Académie tahitienne en 1974, ils auront pour mission d'œuvrer à la préservation et à l'évolution de la langue tahitienne.

Ainsi, Patricia Tuhoe va remplacer Duro Raapoto, disparu le 7 mai 2014. Charles Tetaria remplacera, quant à lui, Patua Coulin, dit māmā Vaetua, disparue le 17 mars 2016, et enfin Emma Faua-Tufariua va remplacer John Doom disparu le 26 décembre 2016.

Comme le veut la coutume chacun des nouveaux académiciens à récité un ’ōrero. Ce rite officialise leur intégration au sein de l’Académie, c'est un moyen de démontrer leur aisance à manier la langue tahitienne.

Monseigneur Hubert Coppenrath, également présent à cette occasion, a quant à lui évoqué les dernières publications de l’Académie et surtout la réédition du Fa’atoro parau a te Fare Vāna’a de 1999, en format poche cette fois-ci, dans laquelle des nouveaux mots ont été intégrés.

Patricia Tuhoe

Patricia Tuhoe a été élue pour remplacer Duro Raapoto.

C'était important pour vous de parler de votre île ?
C'est une fierté j'ai grandi au Tuamotu, parlé la langue poa motu parce que mes parents ne parlaient pas le français. J'ai grandi dans cette culture po'o motu et oui c'est une fierté pour moi de parler de mon île parce que c'est grâce à cela que je parle le Tahitien, que j'essaie de maitriser le tahitien, même si j'ai encore énormément de choses à apprendre, je suis heureuse de parler de mon île.

Tu es académicienne aujourd'hui parmi les immortels, qu'est-ce que cela représente ?
Cela représente une joue, mais le plus important c'est de travailler, de promouvoir la langue tahitienne et surtout ce qui me rend heureuse c'est que je bénéficie de l'aide des anciens qui ont œuvré pendant plusieurs années à l'académie. Je continue à apprendre le Tahitien, parce qu'on n'a jamais fini d'apprendre une langue. Je suis contente d'apporte ma petite pierre pour améliorer la langue. Mon vœu le plus cher c'est de motiver nos jeunes, qui sont l'avenir de notre fenua, à parler le tahitien et à en être fiers.

Qu'est-ce qui t'a motivé à présenter ta candidature ?
Je ne mentirai pas en disant que j'ai été un peu forcée à présenter ma candidature. On m'avait déjà fait la demande quand je travaillais encore. J'avais toujours refusé parce que je ne me sens pas tout à fait au même niveau que les académiciens Si j'ai accepté cette année c'était pour faire plaisir et ce n'était pas du tout dans l'espoir d'être retenue. Maintenant que je siège à l'académie, je veux surtout apporter ma pierre à l'édifice. Je veux travailler pour l'académie, je veux travailler pour ma langue polynésienne.

Charles Tetaria, un médecin à l'académie

Trois nouveaux académiciens pour le Fare Vãna'a
Charles Tetaria est médecin à la retraite. Son souci de la langue est apparu quand il exerçait et se trouvait confronté à des patients incapables de nommer leur maladie et leur traitement. C'est comme ça qu'il se met à élaborer un lexique médical français-tahitien.

Que pensez-vous apporter à l'académie ?
Il faut que le Polynésien sache ce qu'est sa maladie. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Le polynésien à l'hôpital ne sait pas quelle maladie il a, quelle procédure il a subie, quel traitement leur a été donné. Ils sont dans le noir complet. Le travail auquel je me suis attelé est de créer un lexique Français Tahitien, Tahitien Français. La médecine traditionnelle c'est le travail de l'académie que je veux bien poursuivre. Pour moi le plus important c'est le lexique médical qui n'existe pas. Pour moi c'est ça l'urgence.

Pourquoi vous être présenté ?
Mon souci c'était de faire ce lexique médical. Je suis allé voir une académicienne, cela fait de nombreuses années que nous travaillons ensemble. Quand ils ont lancé l'appel à candidature, elle m'a proposé de poser ma candidature, mais je ne m'attendais pas à être choisi.

Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Celle élection me permet de faire véritable ce que je voulais faire. Lorsque j'ai commencé mon lexique médical, j'avais peur que l'académie refuse mon travail, il me fallait les inclure. J'avais peur du fait que ce soit une initiative personnelle, mon travail ne soit pas accepté. Maintenant que je fais partie de l'académie, cela va changer. Cette intégration est en quelque sorte une reconnaissance de mon travail.

Emma Faua-Tufariua

Emma Faua-Tufariua a consacré sa vie à un ministère de l'Église protestante maohi en tant que femme de pasteur, en tant que membre de la commission des femmes et en tant qu'enseignante à l'école pastorale. Elle a beaucoup œuvré dans la formation des pasteurs de l'église et surtout dans les études biblique et le Nouveau Testament et à sa traduction.

Cette journée a une saveur particulière ?
Oui, c'est l'officialisation de notre entrée dans l'académie Tahitienne. Ça a l'air d'une grande institution, mais c'est un lieu où il travailler, réfléchir, faire des recherches, améliorer la langue tahitienne pour qu'elle puisse être utilisée par tous, qu'elle puisse traduire, exprimer ce qui se dit dans le monde actuel. Il y a du vocabulaire qui existe en français pour lequel il faut trouver l'équivalent en langue tahitienne.

Il y a des désaccords entre l'Église protestante maohi et le fare Vãna'a, cela ne vous met-il pas en difficulté ?
Je pense qu'il ne faut pas en faire une opposition. Aujourd'hui je dois faire des efforts pour m'adapter à la graphique du Fare Vãna'a. J'ai moi-même à jongler avec leurs deux graphiques. Mais je pense qu'il faut arriver à concilier, trouver un compromis entre les deux graphiques. C'est l'usage de la langue qui va faire qu'une graphique va être adoptée plus facilement qu'une autre.

Qu'est-ce qui t'a motivé à déposer ta candidature ?
A côté des appels au niveau des membres de l'académie. En plus de ces invitations, je pense que c'est mon amour pour les langues. Quand j'étais étudiante, je suis tombée amoureuse de l'anglais et puis j'ai découvert les langues bibliques, le contact a aussi été facile. J'ai cet amour des langues et je pense que je peux apporter quelque chose pour les travaux de l'académie tahitienne.
Immortels, nous sommes tous humains. Il faudra bien accepter un jour le fait que nous devrons partir si on parle d'immortalité il faut surtout viser cela pour la langue. C'est la langue qui doit continuer à être utilisée et c'est elle qui doit être immortelle. Nous ne sommes que des instruments qui participent à l'immortalité de la langue.


Les Missions de l'académie tahitienne en sept points :

L'académie tahitienne a plusieurs missions. Tout d'abord le fare vãna'a se doit de sauvegarder et d'enrichir la langue, et notamment :
-de normaliser le vocabulaire, la grammaire et l'orthographe,
-en étudier les origines, l'évolution et la parenté avec d'autres langues parlées dans le Pacifique,
-favoriser la publication d'ouvrages rédigés en langue tahitienne et la traduction en langue tahitienne de la littérature mondiale,
-faire de la langue tahitienne un outil de recherche pour tous ceux qui s'intéressent au folklore à l'ethnologie, à l'archéologie, à l'histoire et d'une manière plus générale à tous les aspects de la science concernant le Pacifique,
-rendre à la langue tahitienne les lettres de noblesse que lui a valu une tradition séculaire,
-promouvoir l'enseignement généralisé de la langue tahitienne,
-veiller à l'utilisation correcte de la langue tahitienne dans toutes les formes d'expression (chants, publicité, etc...).

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Vendredi 9 Juin 2017 à 16:18 | Lu 2676 fois