Trois hommes mis en examen et écroués pour extorsion de fonds sur un gardien du CET de Paihoro


Une information judiciaire a été ouverte, les trois hommes ont été placés en détention provisoire vendredi soir le temps de l'enquête.
PAPEETE, le 5 mars 2016 - Les faits remontent à octobre 2015. Mais les maîtres chanteurs, âgés de 22 à 32 ans et déjà bien connus de la justice, s'étaient "mis au vert" selon le parquet, pour échapper aux forces de l'ordre. Ils ont finalement été interpellés par les gendarmes en milieu de semaine dernière après des mois d'enquête. Et écroués vendredi soir.


En octobre 2015, un gardien du centre d'enfouissement technique (CET) de Paihoro s'était fait menacer de violentes représailles par trois hommes déterminés qui étaient allés le trouver le soir, le sachant seul, sur son lieu de travail. Contraint et forcé par ses agresseurs qui l'encerclaient, le modeste employé leur avait remis 350 000 francs qu'il avait sur lui pour éviter de se faire casser la figure.

L'un des agresseurs connaissait la victime et la justice le soupçonne, bien qu'il nie ces accusations, d'être à l'origine de cet odieux guet apens. Une information judiciaire a été ouverte et confiée à un juge d'instruction qui a entendu les trois suspects vendredi à l'issue de leur garde à vue et les a mis en examen pour "extorsion de fonds". Des faits punis d'une peine maximale de sept ans d'emprisonnement. Leur placement en détention provisoire a été requis par le parquet, puis ordonné par le juge des libertés et de la détention.

Les menaces suffisantes pour obtenir la remise des fonds

La victime, vigile au CET de Paihoro, avait reçu la visite des trois hommes à 19 h 30 sur son lieu de travail. Le trio était allé le trouver en voiture. La victime raconte avoir été encerclée par les trois hommes une fois descendus de leur véhicule. Très menaçants, les trois hommes lui aurait fait comprendre qu'il avait tout intérêt à leur remettre l'argent qu'il avait sur lui s'il ne voulait pas passer un mauvais quart d'heure. L'homme s'était exécuté et leur avait remis la coquette somme de 350 000 francs.

Des "méthodes de voyous" inspirées de la métropole

L'affaire pourrait paraître simple si la justice n'avait pas découvert que l'un des agresseurs avait travaillé six ans avec la victime et savait qu'elle avait pour habitude de toujours conserver une importante somme d'argent liquide sur elle. "Un pur hasard", s'est défendu le prévenu vendredi devant le juge des libertés et de la détention, dans un dossier ou les trois suspects diffèrent dans leur version.

Le procureur de la République a de son côté évoqué l'apparition au fenua de "méthodes de voyous" inspirées de la métropole. "Le vigile d'une déchetterie, ce n'est a priori pas le genre de victime connue pour se balader avec une telle somme d'argent sur lui", a relevé, suspicieux, le juge des libertés et de la détention. Le juge d'instruction chargé de l'affaire devrait procéder dans les jours qui viennent aux auditions des concubines de deux des trois prévenus, qui les accompagnaient dans la voiture le soir du guet-apens. La question centrale sera de découvrir si le principal suspect connaissait les habitudes de la victime et s'il a donné les instructions pour organiser ce racket, comme le prétend l'un des prévenus.

Les trois hommes ont été placés en détention provisoire le temps de l'enquête pour éviter toute concertation. Tous ont des casiers judiciaires bien fournis : douze condamnations pour le principal suspect dont, déjà, deux pour des vols aggravés, et trois devant des juridictions métropolitaines où il a passé plusieurs années en tant que danseur.


Rédigé par Raphaël Pierre le Samedi 5 Mars 2016 à 00:18 | Lu 4106 fois