Trois ateliers parés pour la production


Nicky Vergnhes valorise les fruits et légumes locaux auprès de plusieurs cantines (Crédit: Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 15 octobre 2024 – À Mataiea, les trois jeunes agro-transformateurs sélectionnés sont venus à bout des formalités et des aménagements, déterminés à accroître leur production. D’autres communes, îles et archipels sont concernés par ce programme porté par le Pays et l’État, en faveur de l’autonomie alimentaire.

 
Inaugurés en décembre dernier, les trois ateliers d’agro-transformation de Mataiea sont prêts à entrer en production. À cette occasion, plusieurs représentants du Pays, de l’État et des communes, ainsi que de nombreux partenaires étaient réunis sur site, ce mardi.
 
Déjà impliqués dans la valorisation alimentaire et écologique des produits agricoles locaux, les trois jeunes lauréats du premier appel à projets sont revenus sur leur parcours et leur vision, qui font écho aux ambitions du gouvernement.
 

Ornella Lichon (Fenua Smart), Taivini Teai, ministre de l’Agriculture, Ayana Champot (Biobase Tahiti) et Nicky Vergnhes (Hotu Ma’a Tahiti).

Un outil à dupliquer


“Ces ateliers sont un outil essentiel pour faire en sorte que nos produits locaux puissent être disponibles tout au long de l’année. Ils sont là pour lisser les périodes de surproduction et pouvoir fournir à la demande. Pour commencer, la principale source de commercialisation, ce sont les cantines scolaires. C’est une volonté du ministère dont j’ai la charge, dans le cadre du Plan de transition alimentaire, pour faire en sorte que nos enfants puissent se réapproprier nos produits locaux. Et une fois que la production sera suffisamment importante, ils pourront élargir au grand public”, nous a indiqué le ministre de l’Agriculture, en charge de l’Alimentation, Taivini Teai.
 
Si l’aménagement de ces trois unités de production n’a pas été simple pour les porteurs de projets, tant sur le plan technique et financier qu’administratif, leur expérience sera sans doute bénéfique pour les suivants.
 
Le ministre a, en effet, rappelé les grandes lignes du programme, qui ne fait que commencer : “Un atelier a été attribué à Huahine pour de l’agro-transformation à partir de produits vivriers. Trois vont être livrés avant la fin de l’année à Raiatea, et deux à Taha’a. Ces neuf ateliers, avec ceux de Mataiea, c’est la première phase pour un montant global de 684 millions de francs, avec une participation de l’État de 195 millions. L’année prochaine, on aura trois ateliers supplémentaires aux Australes, à Tubuai, Rurutu et Rimatara. En 2026, trois ateliers sont prévus à Tahiti, très certainement à Mataiea et à Teahupo’o, sur le domaine Rose, où avait été installé le village arrière des Jeux olympiques, et deux ou trois à Moorea, plus un à Ua Pou, selon l’étude de faisabilité.”
 
Plusieurs appels à candidatures seront lancés en conséquence pour permettre à d’autres porteurs de projets du Fenua de s’impliquer en faveur de l’autonomie alimentaire.
 

Nicky Vergnhes, gérant de Hotu Ma’a Tahiti : “Augmenter ma capacité de stockage”

“À la base, je suis traiteur en mā’a Tahiti, mais depuis deux ans, on a diversifié notre activité en approvisionnant les cantines scolaires en produits vivriers prêts à l’emploi, en partenariat avec les agriculteurs. Cet atelier va me permettre d’augmenter ma capacité de stockage pour anticiper les périodes creuses, avec 22 m3 pour la chambre froide négative, soit environ 3 tonnes de produits finis, plus 15 m3 pour la positive. Je pense qu’en 2025, on pourra fournir deux cantines supplémentaires, en plus de celles de Teva i Uta, Taiarapu-Est et Bora Bora actuellement. À terme, j’aimerais doubler ou tripler la production dans les cinq prochaines années.”

Ornella Lichon, gérante de Fenua Smart : “Multiplier notre production par dix”

“On fabrique des biscuits et des gourmandises à base de farines locales. Avec cet atelier et nos équipements, on va pouvoir vraiment bien tourner : je pense qu’on va facilement pouvoir multiplier notre production par dix. Avec mes deux voisins, on est complémentaires, puisque nous avons déjà fait appel aux créations d’Ayana pour notre calendrier de l’avent, et on va acheter des patates douces à Nicky pour nos cakes salés. Ce qui est génial, c’est d’être aussi près des agriculteurs et transformateurs, dans un écosystème où on a tous envie de travailler ensemble dans un esprit de solidarité, et en se tirant vers le haut.”

Plusieurs partenaires potentiels ont savouré les recettes d’Ornella Lichon.

Ayana Champot, gérante de Biobase Tahiti : “Accepter plus de demandes”

“On produit des emballages, des étiquettes, des sacs, des cartes, toutes sortes de choses à partir de fibres végétales locales, dont le bananier et la canne à sucre. Entre le bail et les équipements, on a pris possession des lieux la semaine dernière. Aujourd’hui, c’est vraiment une étape et un jour spécial pour le développement de notre entreprise. On va pouvoir plus que tripler notre production. On va pouvoir accueillir des machines, ce qui n’était pas possible dans notre jardin, pour automatiser davantage les procédés, afin de raccourcir les délais de fabrication, et donc accepter plus de demandes. Ce sont plein de petites victoires contre les plastiques à usage unique et les importations.”

Ayana Champot crée différents supports en fibres végétales.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mardi 15 Octobre 2024 à 16:57 | Lu 1211 fois