Trois ans ferme pour 21 ans de calvaire


Tahiti, le 23 août 2022. Poursuivi pour avoir imposé des viols à sa compagne durant 21 ans et pour l’avoir frappée à de nombreuses reprises, un homme de 52 ans a été condamné mardi par le tribunal correctionnel à six ans de prison dont trois avec sursis. Il devra verser 1,5 million de Fcfp à sa victime, une femme qui a vécu un véritable “calvaire” durant les deux décennies passées aux côtés d’un homme qui la maintenait sous son emprise.
 
Une affaire correctionnalisée de viols et de violences habituelles a été jugée par le tribunal correctionnel mardi. Un maçon de 52 ans, détenu dans le cadre de cette affaire depuis janvier 2021, comparaissait devant la juridiction pour avoir, entre 2000 et 2021, imposé à de très nombreuses reprises des rapports sexuels à sa compagne qu’il humiliait en l’insultant et en la frappant. Le calvaire subi par la victime avait été révélé le 5 janvier 2021 lorsque cette dernière avait appelé les mutoi à son domicile de Mahina alors qu’elle venait de subir de nouvelles violences conjugales. Entendue par les gendarmes, cette femme avait décrit vingt années de sévices sexuels et physiques passées auprès d’un homme qui lui interdisait de travailler, de sortir ou bien même de s’inscrire à la CPS. “Hyper jaloux”, le prévenu ne voulait même pas que sa conjointe s’éloigne de leur domicile. 
 
Après avoir partiellement reconnu les faits lors de l’information judiciaire, le prévenu, père d’un adolescent issu d’un premier lit, a tenté de les minimiser à la barre du tribunal correctionnel mardi. L’homme a ainsi concédé qu’il avait parfois frappé ou menacé sa compagne afin qu’elle “ferme sa bouche”. Sur les viols requalifiés en agressions sexuelles, le quinquagénaire a en revanche rejeté les accusations en bloc, affirmant à plusieurs reprises que la victime mentait et qu’elle avait toujours été consentante.
 
Affaire “détestable”
 
“Emprise morale et financière, brimades et insultes extrêmement violentes” : Lors de sa plaidoirie, l’avocat de la victime, Me Dubois a longuement décrit le “calvaire quotidien” vécu par sa cliente dans le cadre de cette affaire “détestable”. Face aux dénégations du prévenu, le procureur de la République s’est quant à lui attaché lors de ses réquisitions à dénoncer “le caractère répétitif et intense des atteintes” subies par la victime. Il a finalement requis cinq ans de prison dont un avec sursis.
 
En défense pour le maçon, Me Hellec a soutenu que s’il n’y avait pas de doutes sur la commission de certains faits, il ne fallait pas “noircir le tableau” en présentant son client comme un “pervers” qui aurait commis ces actes de manière quotidienne. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le maçon à six ans de prison dont trois avec sursis. Il devra verser 1,5 million à la victime qui n’a pas souhaité s’exprimer lors de l’audience.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 23 Aout 2022 à 19:05 | Lu 1452 fois