Travailleurs handicapés : des compétences sollicitées par le Hilton


Tahiti, le 5 février 2021 - Alors que l’industrie touristique essuie de plein fouet la crise économique, la fédération te Niu o te Huma a procédé ce matin à la remise de diplôme en hôtellerie à onze demandeurs d’emplois reconnus comme travailleurs handicapés. Certains d’entre eux se feront une place dans les prochains mois au Hilton de Faa’a, partenaire du projet d’insertion professionnelle.  
 
« Qu’on arrête de dire que les handicapés n’ont pas de compétences » répète la présidente de la fédération te Niu o te Huma, Henriette Kamia. C’est en tapant du poing sur la table que la dame aux lunettes noires a introduit aujourd’hui la cérémonie de remise des attestations de formations pour onze demandeurs d’emplois reconnus comme travailleurs handicapés.

« L’objectif de ce projet reposait sur la volonté de l’inclusion sociale et professionnel des personnes reconnues comme travailleurs handicapés », développe Heitiare Richmond, chargée d’inclusion sociale et professionnelle. Et pour optimiser leurs chances d’embauches face à la demande notamment de l’hôtel Hilton de Faa’a -aujourd’hui en rénovation- de recruter du personnel reconnu « travailleur handicapé », la fédération leur a proposé un programme sur mesure.

Baptisée « Hospitalité », cette formation s’est tenue sur un mois entre janvier et février, pour un total de 112 heures. De quoi brasser toutes les compétences nécessaires aux différents métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Expérience, capacité d’adaptation et compétences relationnelles : c’est sur ces critères que les candidats ont été sélectionnés sur une liste de demandeurs d’emplois.

« Le sens de l’accueil, de l’hospitalité, ou du service : c’est la clé, on l’a ou on ne l’a pas, résume Yohann Berson, directeur du centre de formation By Consulting. Mais nous, on n’a pas vu de personne en situation de handicap, seulement des gens très motivés et exemplaires. Ce sont des personnes qui ont vraiment envie de s’en sortir et qui, de ce fait, s’impliquent vraiment dans les formations ».

La Socredo, principal bailleur de fonds

Le directeur du centre n’a pas tari d’éloge sur des stagiaires « plutôt forts et sérieux ». « Ça fait quinze ans que je fais ce métier, j’avais rarement eu un groupe aussi motivé, s’enthousiasme Yohann. On ne demande qu’à renouveler l’opération ».
Un engouement partagé par les stagiaires. « On a appris comment se comporter avec les touristes, on est très content, les formateurs ont été vraiment supers, ça nous a inspiré, maintenant on a hâte de commencer, c’est pour ça qu’on a fait la formation ! » sourit Tutini Tehiva.    

Mais si cette formation d’un coût de 1,4 million de Fcfp a pu se concrétiser, c’est aussi grâce à ses bailleurs de fonds, en tête duquel la Socredo, à hauteur de 73%. « Nous ne sommes pas juste un partenaire financier », croît bon de souligner Evelyne Brichet. Pour la fondée de pouvoir de la banque au Uru, il s’agit aussi de contribuer à une démarche un peu plus « humaine », avec « un volet inclusif ».

« On essaye d’être confiant dans l’avenir, on continuera d’ailleurs à accompagner la fédération dans ses projets » a-t-elle déclaré à l’attention d’Henriette Kamai, qui l’a chaudement remercié en retour. Remerciements également pour l’ordre de Malte ou le Rotary qui ont pourvu chacun à hauteur de 6% de l’enveloppe.   

Optimisme malgré la morosité ambiante

Reste cependant 15% afin de boucler le financement, soit 240 000 Fcfp, que Henriette Kamia n’a pas manqué de souligner, espérant pouvoir compter sur « la contribution d’autres généreux donateurs » via la fondation Anavai (https://anavai.org/project/programme_hospitalite). Bien conscient de la conjoncture morose actuelle, la fédération veut rester confiante dans l’avenir.

« On est sur un hôtel basé à Tahiti, ce type de partenariat c’est encore plus important dans ce contexte et ça a encore plus de valeur pour nous, positive Romain Pinel - Directeur - Fédération Te Niu O Te Huma. Les gens qui sont reconnus travailleurs handicapés ont connu toute leur vie des combats pour s’en sortir, ils sont parfaitement conscients du contexte. Avec ce type de projet, on travaille sur du long terme. Et puis le gouvernement déploie des mesures de soutien à l’emploi. »

Les exonérations au non-respect de l’obligation de recruter 2% des travailleurs reconnus handicapés prévues dans les mesures de soutien aux entreprises ? « La fédération a été consultée sur cette question par les deux ministères, du Travail et de la Solidarité, on est conscient que certaines entreprises ont des difficultés et c’est normal de les prendre en considération » répond le directeur, partant du principe que rien n’est imposé à la fédération dans une relation de confiance.  

De la confiance dans l’avenir justement, il en faudra. Le directeur des ressources humaines du Hilton, Sébastien Berson, le sait. « La situation est compliquée pour tout le monde dans l’industrie touristique, mais il faut quand même rester optimiste », commente Sébastien Berson. « On ne pourra peut-être pas recruter tout le monde, mais on prendra les personnes qui nous paraissent les plus motivées, mais rien ne sera perdu pour les autres puisqu’elles pourront travailler dans tous les autres hôtels. » 
 

Rédigé par Esther Cunéo le Vendredi 5 Février 2021 à 16:50 | Lu 7355 fois