Transports interinsulaires : l'UPLD aurait souhaité une DSP


Antony Géros, président du groupe UPLD à l'assemblée.
PAPEETE, 22 septembre 2015 - Le groupe des représentants souverainistes s'est abstenu de voter la loi sur les transports interinsulaires, mardi. L'UPLD aurait souhaité que l'activité de transporteur soit clairement encadrée par une délégation de service public et non livrée au secteur concurrentiel avec obligation de service public comme le prévoit la loi. Antony Géros s'explique.

En matière de transport interinsulaire vous auriez souhaité que le Pays raisonne sur des délégations de service public plutôt que sur un secteur concurrentiel soumis à des obligations de service public. Que redoutez-vous ?

Antony Géros : A plusieurs reprises nous avons interpellé le gouvernement en matière de protection du marché local. Nous n’avons pas eu de réponse claire. Ensuite, lorsqu’on se place dans un cadre de concurrence libre, il n’existe pas d’élément permettant de restreindre les possibilités pour des compagnies extérieures de s’implanter sur les lignes de desserte. Soit on est dans la concurrence ; soit on est dans le cadre d’une desserte réglementée. Le meilleur texte qui puisse encadrer une activité réglementée, c’est la délégation de service public.

Certains disent que vous faites de la démagogie. Les compagnies étrangères ont déjà la possibilité de s’implanter dans le secteur polynésien des transports maritimes ou aériens. Elles ne le font pas.

Antony Géros : Dans le cadre d'une délégation de service public, la collectivité à l’initiative pour organiser l’appel à concurrence. Dans le cadre d’une libre concurrence, la question ne se pose même pas. Il suffit que l’opérateur ait les moyens de s’installer sur la ligne pour exercer l’activité. C’est toute la différence entre ce que nous proposons et le texte que l’on vient d’adopter. Mais je pense qu’il ne vous a pas échappé qu’au fil des amendements adoptés aujourd’hui on ouvre la porte à toutes les occurrences possibles. Ils vont ouvrir à la libre concurrence et lorsqu’ils constateront que la liberté est trop large, ils reviendront à la délégation de service public.

Vous reprochez l'esprit de ce texte, pourquoi n’avez-vous pas introduit un projet de loi plus conforme à votre point de vue lorsque vous étiez aux affaires ?

Antony Géros : Nous avons essayé mais personne ne nous en a laissé le temps. Le premier accueil que l’on nous a fait le 1er avril 2011, c’est un collectif qui a manifesté dans les rues pour demander une baisse des taxes. Mais lorsqu’on a détaillé les 32 milliards Fcfp d’aides accordées par le Pays et que l’on a demandé laquelle nous devions supprimer pour permettre un allègement de la pression fiscale, on entendait les mouches voler dans l’assemblée. C’est pour vous dire l’état d’esprit.

N’est-ce pas mieux que rien, pourtant d'avoir légiféré là ou avant il n'y avait aucun cadre précis ?

Antony Géros : Ce que nous attendons d’un gouvernement, ce sont des positions pérennes. Au départ, ce texte était dans une position trop étriquée et trop contrainte pour s’illustrer dans la durabilité. Or, on s’est bien rendu compte que les amendements ont assoupli la démarche pour permettre de jouer sur les deux tableaux : d’un côté on a un pied sur les œufs et de l’autre, sur les charbons ardents. Il faut savoir ce que l’on veut.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 22 Septembre 2015 à 15:52 | Lu 917 fois