JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 23/11/2023 - Des traitements conçus pour soigner le diabète qui agissent aussi contre l'obésité: la prise en charge de cette maladie chronique, fléau mondial de santé publique, entre dans "une nouvelle ère", mais nombreux sont les appels à la prudence face à un usage détourné de ces produits.
Ces médicaments miment une hormone secrétée par les intestins (GLP-1) qui agit sur le pancréas pour favoriser la sécrétion d'insuline et qui envoie au cerveau un signal de satiété après avoir ingéré de la nourriture.
Plusieurs médicaments à base de GLP-1 sont ainsi indiqués dans le traitement de l'obésité ou de surcharge pondérale avec facteurs de comorbidité.
"On voit des effets en termes de perte de poids qu'on n'avait jamais vus avant par rapport à d'autres médicaments et qui peuvent se rapprocher de la chirurgie de l'obésité", déclare à l'AFP Karine Clément, professeure en nutrition à l’Hôpital de la Pitié-Salpétrière et directrice de l’unité de recherche sur Nutrition et Obésité à l'Inserm.
"C'est un vrai changement dans la prise en charge" mais "en aucun cas, cela ne guérit la maladie": l'arrêt du traitement fait reprendre du poids, souligne-t-elle.
"Une vraie petite révolution pharmaceutique et sociétale", abonde l'économiste de la santé Frédéric Bizard, enjoignant cependant à la prudence, comme pour tout nouveau traitement.
Ces propriétés amaigrissantes sont affichées par des célébrités et des influenceurs sur les réseaux sociaux, créant un véritable engouement pour ces médicaments vus par le public comme le moyen le plus efficace de perdre quelques kilos.
Un engouement qui peut déraper
On a donc un détournement d'usage de certaines molécules de GLP-1, comme la semaglutide utilisée dans l'antidiabétique Ozempic du laboratoire Novo Nordisk --qui a annoncé jeudi un nouvel investissement de 2,1 milliards d'euros sur un site de production d'antidiabétiques au sud-ouest de Paris.
Les autorités sanitaires tirent régulièrement la sonnette d'alarme car le médicament, indispensable aux diabétiques, peut venir à manquer.
L'engouement est tel que des stylos injecteurs faussement étiquetés Ozempic circulent, ont mis en garde le mois dernier les autorités sanitaires européenne et française.
Ce type de médicaments, baptisés analogues GLP-1, peut par ailleurs avoir des effets secondaires tels que des nausées, vomissements, troubles gastro-intestinaux.
Ils "doivent être prescrit à bon escient, de façon encadrée car c'est un domaine sensible où il y a eu beaucoup d'échecs par le passé", insiste le Pr Karine Clément. "La vraie question, c'est le très long terme", dit-elle. "Et puis, il y a des gens qui répondent à ces traitements, d'autres pas. On ne comprend pas pourquoi".
Autre bémol: le mode d'administration est encore exclusivement injectable, mais surtout, le prix de ce médicament et ses conséquences sur le budget de la santé (le traitement coûte un millier de dollars par mois pour un patient aux Etats-Unis).
Des milliards d'euros
Les groupes pharmaceutiques pionniers dans ce domaine sont évidemment les premiers bénéficiaires de cette percée dans le traitement de l'obésité: le danois Novo Nordisk (Wegovy contre l'obésité et Ozempic contre le diabète) est devenu en septembre la première capitalisation boursière européenne. Autre groupe en pointe dans ce domaine: l'américain Eli Lilly (tirzepatide, Mounjaro).
Les investissements vont bon train - à coup de milliards d'euros - pour satisfaire la demande, ces laboratoires devant accroitre leurs capacités de production.
La Fédération mondiale de l'obésité prévoit que l'obésité (indice de masse corporelle supérieur à 30kg/m2) affectera près de 2 milliards d'êtres humains d'ici à 2035.
D'autres solutions sont en préparation dans l'industrie. "Dans les années qui viennent, on va voir arriver des combinaisons de deux ou trois hormones", indique la Pr Clément.
A Lyon, la biotech Adocia développe une insuline combinée à l'amyline pour "remplacer une insuline qui fait prendre du poids par une insuline qui en fait perdre" aux personnes diabétiques de type 1.
"On est dans une nouvelle ère: celle des hormones de satiété et non plus celle des coupe-faim", dont les effets toxiques ont trouvé leur paroxysme dans le scandale du Mediator, souligne Olivier Soula, à la tête de cette biotech.
Ces médicaments miment une hormone secrétée par les intestins (GLP-1) qui agit sur le pancréas pour favoriser la sécrétion d'insuline et qui envoie au cerveau un signal de satiété après avoir ingéré de la nourriture.
Plusieurs médicaments à base de GLP-1 sont ainsi indiqués dans le traitement de l'obésité ou de surcharge pondérale avec facteurs de comorbidité.
"On voit des effets en termes de perte de poids qu'on n'avait jamais vus avant par rapport à d'autres médicaments et qui peuvent se rapprocher de la chirurgie de l'obésité", déclare à l'AFP Karine Clément, professeure en nutrition à l’Hôpital de la Pitié-Salpétrière et directrice de l’unité de recherche sur Nutrition et Obésité à l'Inserm.
"C'est un vrai changement dans la prise en charge" mais "en aucun cas, cela ne guérit la maladie": l'arrêt du traitement fait reprendre du poids, souligne-t-elle.
"Une vraie petite révolution pharmaceutique et sociétale", abonde l'économiste de la santé Frédéric Bizard, enjoignant cependant à la prudence, comme pour tout nouveau traitement.
Ces propriétés amaigrissantes sont affichées par des célébrités et des influenceurs sur les réseaux sociaux, créant un véritable engouement pour ces médicaments vus par le public comme le moyen le plus efficace de perdre quelques kilos.
Un engouement qui peut déraper
On a donc un détournement d'usage de certaines molécules de GLP-1, comme la semaglutide utilisée dans l'antidiabétique Ozempic du laboratoire Novo Nordisk --qui a annoncé jeudi un nouvel investissement de 2,1 milliards d'euros sur un site de production d'antidiabétiques au sud-ouest de Paris.
Les autorités sanitaires tirent régulièrement la sonnette d'alarme car le médicament, indispensable aux diabétiques, peut venir à manquer.
L'engouement est tel que des stylos injecteurs faussement étiquetés Ozempic circulent, ont mis en garde le mois dernier les autorités sanitaires européenne et française.
Ce type de médicaments, baptisés analogues GLP-1, peut par ailleurs avoir des effets secondaires tels que des nausées, vomissements, troubles gastro-intestinaux.
Ils "doivent être prescrit à bon escient, de façon encadrée car c'est un domaine sensible où il y a eu beaucoup d'échecs par le passé", insiste le Pr Karine Clément. "La vraie question, c'est le très long terme", dit-elle. "Et puis, il y a des gens qui répondent à ces traitements, d'autres pas. On ne comprend pas pourquoi".
Autre bémol: le mode d'administration est encore exclusivement injectable, mais surtout, le prix de ce médicament et ses conséquences sur le budget de la santé (le traitement coûte un millier de dollars par mois pour un patient aux Etats-Unis).
Des milliards d'euros
Les groupes pharmaceutiques pionniers dans ce domaine sont évidemment les premiers bénéficiaires de cette percée dans le traitement de l'obésité: le danois Novo Nordisk (Wegovy contre l'obésité et Ozempic contre le diabète) est devenu en septembre la première capitalisation boursière européenne. Autre groupe en pointe dans ce domaine: l'américain Eli Lilly (tirzepatide, Mounjaro).
Les investissements vont bon train - à coup de milliards d'euros - pour satisfaire la demande, ces laboratoires devant accroitre leurs capacités de production.
La Fédération mondiale de l'obésité prévoit que l'obésité (indice de masse corporelle supérieur à 30kg/m2) affectera près de 2 milliards d'êtres humains d'ici à 2035.
D'autres solutions sont en préparation dans l'industrie. "Dans les années qui viennent, on va voir arriver des combinaisons de deux ou trois hormones", indique la Pr Clément.
A Lyon, la biotech Adocia développe une insuline combinée à l'amyline pour "remplacer une insuline qui fait prendre du poids par une insuline qui en fait perdre" aux personnes diabétiques de type 1.
"On est dans une nouvelle ère: celle des hormones de satiété et non plus celle des coupe-faim", dont les effets toxiques ont trouvé leur paroxysme dans le scandale du Mediator, souligne Olivier Soula, à la tête de cette biotech.