Traitement du cancer : « Des progrès importants »


Dans le cadre de la semaine nationale contre le cancer, le Comité de Polynésie française de la Ligue contre le cancer poursuit son travail d’information sur le cancer du sein. Trois conférences se dérouleront les 29, 30 mars et 6 avril en présence du Dr Marc Spielmann, cancérologue et médecin, ancien chef de service en oncologie médicale et pathologie mammaire à l’Institut Gustave Roussy, membre fondateur et président de l’Institut français du sein.
PAPEETE, le 28 mars 2019. Le Comité de Polynésie française de la Ligue contre le cancer organise ce vendredi 29, ce samedi 30 mars et le samedi 6 avril des conférences débats pour les professionnels de santé et les malades et leurs familles. Le Dr Marc Spielmann, chef de service en oncologie médicale et pathologie mammaire à l’Institut Gustave Roussy et président de l’Institut français du sein, répondra à toutes les questions.


Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Les cancers détectés à un stade précoce nécessitent, en général, des traitements moins lourds et moins agressifs, avec moins de séquelles. Les traitements sont alors très efficaces. A partir de quel âge recommandez-vous aux femmes de faire de l’autopalpation et comment s’y prendre ?
Dr Marc Spielmann. L’autopalpation peut se faire à partir de 40 ans en position allongée si c’est possible. On palpe le sein gauche avec la main droite et le sein droit avec la main gauche.
On fait cadran par cadran, on appuie sur le sein. On tourne à la recherche d’une anomalie. Il faut aussi s’attarder sur le mamelon pour voir s’il y a quelque chose derrière. Ensuite, quand vous êtes face à un miroir, regardez s’il y a une anomalie de la forme. Ce sont des choses que les femmes peuvent faire toutes seules à la maison.

Quand on annonce à une femme le cancer du sein, une des premières peurs est de perdre un sein. Cette opération est-elle fréquente ?
En France, il y a moins de 30 % de mastectomie.

Lors de la conférence de ce vendredi, vous allez parler des progrès des traitements médicaux. Les progrès sont au niveau de la guérison ou de la réduction des effets secondaires ?
Les deux mais les progrès sont surtout au niveau de la guérison. Il y a 30 % d’amélioration en 35 ans. Le taux de guérison atteint 80%. On a des médicaments qui sont assez efficaces. Les traitements sont moins agressifs qu’avant. Il n’y a plus de vomissements. On peut avoir des nausées mais ça dure très peu de temps : 24 à 48 heures maximum.
Avec les traitements, les patients perdent les cheveux mais ils repoussent toujours.

Les traitements contre le cancer peuvent être source de crainte chez les patients. Que pouvez-vous dire pour rassurer par rapport à ces peurs ?
Les progrès sont très importants par rapport aux toxicités. C’est une peur qui n’est pas fondée. Il faut aussi comprendre que le médecin doit donner du temps. On ne peut pas faire une annonce en dix minutes. Le médecin doit donner du temps aux patients. C’est extrêmement compliqué d’avoir un cancer.




Aujourd’hui, les radiothérapies durent moins longtemps. C’est important pour les malades des îles. Pouvez-vous expliquer comment cela est possible ?
Lors des conférences, le Dr Sylvie Mengue parlera comment on fait des radiothérapies plus concentrées pour éviter aux patients d’être longtemps sur Tahiti. Nous pouvons faire la même radiothérapie dans un temps beaucoup plus court avec le même résultat. Aujourd’hui on va faire une dose un peu plus élevée chaque jour et on va pouvoir réduire en ayant la même dose au total. Ainsi, on passera de six semaines à trois semaines. C’est extrêmement important pour les gens dans les îles éloignées pour qu’ils ne restent pas à Papeete seuls pendant des semaines et des semaines. Le temps passé en radiothérapie est beaucoup plus court donc vous êtes éloignés beaucoup moins longtemps de votre famille.
Cela se met en place depuis quatre à cinq ans. Il faut vraiment le favoriser.

Pouvez-vous expliquer en quoi consistent la chimiothérapie et l’hormonothérapie ?
La chimiothérapie permet de tuer une cellule tumorale au moment de sa division. Elle est tuée immédiatement. C’est un traitement efficace si vous avez beaucoup de division cellulaire. Il agit immédiatement. L’hormonothérapie est un traitement qui va se mettre sur les récepteurs des hormones. Les traitements hormonaux sont utilisés en cancérologie parce que certains cancers, comme ceux du sein ou de la prostate, ont leur croissance favorisée par des hormones pour lesquelles ils ont des récepteurs hormonaux spécifiques. On dit qu'ils sont hormonosensibles ou hormonodépendants. Les récepteurs peuvent réagir aux messages donnés par les hormones et déclencher des divisions des cellules cancéreuses, provoquant ainsi la croissance de la tumeur maligne.
Le principe de l'hormonothérapie est assez simple : il s'agit de rendre inopérantes les hormones qui influencent la croissance d'une tumeur.




Programme

Vendredi 29 mars
A 19 h, à l’amphithéâtre du CHPF Taaone.
Conférence débat dédiée aux professionnels de santé
En présence du Dr Marc Spielmann
1) Quelles sont les avancées dans le cancer du sein qui changent notre pratique quotidienne ?
2) La place des signatures génomiques dans la décision du traitement médical adjuvant chez les malades avec récepteurs hormonaux positifs.

Samedi 30 mars
A la mairie de Pirae, à 9 h
Conférence débat dédiée aux patientes et à leur famille
« Où en est –on du cancer du sein : du Diagnostic au Traitement »
En présence du Dr Marc Spielmann
1) Se faire dépister avant d’être malade :
2) J’ai un cancer du sein. Vais-je perdre mon TITI ?
3) Peut-on faire la radiothérapie plus rapidement ?
4) Les traitements médicaux : immunothérapie chimiothérapie et hormonothérapie, les progrès.
5) Les médecins répondent aux questions que vous vous posez

Samedi 6 avril
Mairie de Uturoa, de 9 h à midi
Conférence débat dédiée aux patientes et à leur famille
En présence du Dr Marc Spielmann
1) Où en est-on du dépistage des cancers en Polynésie ? Dépistage du cancer du sein. Comment faire une autopalpation ?
2) Le dépistage du cancer du col de l’utérus. Devez-vous faire vacciner vos filles contre le cancer du col de l’utérus ? (Vaccin anti HPV).
3) Avons-nous fait des progrès dans les cinq dernières années dans le traitement du cancer du sein ? Immunothérapie, chimiothérapie, et hormonothérapie. Faut-il avoir peur de ces nouveaux traitements ?


Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 28 Mars 2019 à 15:38 | Lu 3161 fois