Trafic d'Ice : Le groupe Mass Media paralysé après l'incarcération de ses patrons


Les sociétés gérées par Mercedes Dubaquier ou sa fille et la vingtaine de personnes qu’elles emploient voient leur activité économique stoppée nette après l’incarcération de leurs patrons.
PAPEETE, le 31 mars 2017 -Les sociétés gérées par Mercedes Dubaquier et sa fille vivent des moments d'incertitudes depuis lundi dernier. La mise en examen et la détention provisoire des gérants de la holding Mass Media met les salariés dans le doute sur l'avenir des sociétés. Si l'enquête était amenée à révéler une confusion des patrimoines toutes les sociétés du groupe pourraient voir leurs actifs gelés.

Vendredi matin, après avoir appris la nouvelle de la mise en détention provisoire des gérants de leur entreprise, certains salariés du groupe Mass Media, et notamment de la Société de communication polynésienne, éditrice de l’hebdomadaire Tivi, s'étaient quand même rendus au travail. Sous le ciel menaçant, la vallée de Titioro était lavée par la pluie. Dans l'enceinte des locaux, quelques voitures étaient présentes. Et c'est dans une ambiance tendue que les salariés présents nous ont vus arriver dans leurs locaux perquisitionnés par la gendarmerie en début de semaine.

Les traits tirés, quelques salariés nous ont reçu sur le pas de la porte, "tu vas être gentille tu vas repartir tout de suite, on ne veut pas de journalistes. Désolée, mais dans le doute on préfère ne rien dire."

Un homme fait les cent pas sur le perron, il tire nerveusement sur une cigarette, il intervient "on n'a aucune information à donner".

Avec la fatigue, le stress de la perquisition et de l'attente de savoir ce qu'il va advenir d'eux, le ton monte rapidement. À la question "est-ce qu'il y a une fermeture administrative de l'entreprise?", une jeune femme s'agace, "il n'y a pas de fermeture, regardez, on est là". L'homme ajoute " vous êtes au courant, vous êtes au courant vous avez dit pleins de choses dans les médias!". La jeune femme s'énerve " Il y a des choses qui sont peut-être à rectifier : il y aura peut-être des plaintes. On ne veut rien dire parce que quoi qu'on dise vous savez déjà ; vous avez déjà tout! Arrêtez de faire des articles, c'est bon!"

L'homme a fini sa cigarette. Il s’énerve : "Et arrêtez de mettre les noms surtout! Essayez de taper plus haut…c'est bon vous n'avez rien à faire ici". En quittant les bâtiments, deux autres voitures arrivent. Probablement des salariés qui viennent se tenir compagnie et se soutenir en attendant les suites de cette affaire…

Parce que dans l’attente, tout est à l’arrêt dans l’entreprise. Avec l’incarcération de Mercedes Dubaquier et de sa fille, vendredi après quatre jours de garde à vue, le groupe de communication Mass Media et l'ensemble des sociétés de la famille Dubaquier ont perdu leurs gérants depuis lundi. Plusieurs rumeurs circulent sur la possible fermeture administrative ou le gel des actifs des sociétés de la famille Dubaquier. Cependant, aucune procédure n'a été ordonnée en ce sens pour l’instant. Ainsi, ni les sociétés, ni leurs actifs ne seraient menacés pour le moment. Néanmoins, si l'enquête était amenée à révéler une confusion des patrimoines personnels avec les patrimoines des sociétés et/ou l'apport d'argent issu de l'infraction dans les actifs de sociétés, dans ce cas, la justice pourrait trancher pour un gel des actifs des sociétés gérés par chacun des trois membres de la famille.

Mercedes Dubaquier, son époux Patrice et sa fille Heiriti Guilloux ont été mis en examen et placés en détention provisoire jeudi soir après avoir été entendus quatre jours sous le régime de la garde à vue. Une instruction a été ouverte pour "trafic de stupéfiants", "association de malfaiteurs" et "blanchiment". Mercedes et Patrice Dubaquier ont été interpellés dimanche à leur domicile après que des perquisitions effectuées sur place aient mené à la découverte d'environ 50 grammes d'ice. Hereiti Guilloux, la fille de Mercredes Dubaquier, a été interpellée lundi à l'aéroport de Tahiti-Faa'a, alors qu'elle arrivait de Miami. Les enquêteurs de la gendarmerie s'intéressent depuis plusieurs semaines à un réseau de trafic d’ice entre les Etats-Unis et la Polynésie française.


Mercedes Dubaquier ou sa fille sont à la tête de plusieurs sociétés réunies dans la holding Mass Media, une société par actions simplifiée créée en juillet 2016. Ce petit groupe emploie une vingtaine de personnes. Son navire amiral, la Société de communication polynésienne, édite le magazine Tivi dont la sortie du prochain numéro est largement compromise. Plusieurs autres titres sont déclarés au registre du commerce et non encore exploités : Le journal local, Hotu Pacifique, Moripata, Shutter-island et Tane.

Mercedes Dubaquier est également à la tête de la société civile de participation Azimut, en charge d’opérations financières, mobilières ou immobilières, créée en juillet 2015. La femme d'affaires avait également créé la société d’événementiels Endless Events en juillet 2016. Enfin, trois autres sociétés sont enregistrées au nom de la famille Dubaquier dont l’Eurl Omega Radio et la Sarl Tahiti Rotative Labeur, sans activité connue pour l’heure. Mercedes Dubaquier est également gérante de la SCI Bain Loti. Aujourd’hui, tout ce petit groupe de communication se trouve paralysé après l’incarcération de ses patrons.

le Dimanche 2 Avril 2017 à 08:30 | Lu 19639 fois