Toxique : Dominique Sorain plaide "la transparence" de l'Etat


Tahiti, le 11 mars 2021 - Le haut-commissaire Dominique Sorain a plaidé jeudi la “volonté de transparence de l’État” sur la période des essais nucléaires français, au lendemain de la sortie du livre Toxique qui montre comment les autorités françaises ont dissimulé l’impact réel de ces retombées sur la santé des Polynésiens.
 
Il ne s’était pas encore exprimé publiquement sur le sujet. Interrogé jeudi en marge de l’intervention commune avec le président Fritch sur les mesures sanitaires applicables en Polynésie, le haut-commissaire Dominique Sorain a défendu la volonté de transparence de l’État et relativisé la gravité des révélations faites par le livre Toxique : Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie.

Cet ouvrage de Sébastien Philippe et Tomas Statius, publié mercredi, donne les conclusions de deux ans d’enquête sur les conséquences des essais nucléaires atmosphériques en Polynésie française. À l’appui des 2 000 documents militaires déclassifiés du fonds d’archives de feu Bruno Barrillot, de centaines d’heures de calculs par ordinateur, cette enquête démontre l’ampleur des retombées radioactives qui ont frappé la Polynésie durant la période des essais nucléaires et montre comment les autorités françaises ont dissimulé l’impact réel de ces retombées sur la santé des Polynésiens.

Mais, pour Dominique Sorain, les conclusions de ce livre-enquête doivent faire l’objet de vérifications : “On parle d’éléments extrêmement précis, notamment en termes d’appréciations scientifiques, a-t-il souligné. Il est nécessaire qu’un travail soit mené sur ce qui est dit dans ce livre. (…) Chaque fait doit être analysé de façon scientifique, qu’il s’agisse de propagation de la matière nucléaire ou qu’il s’agisse de retombées en termes de maladies. Il y a des analyses à faire.” Il a aussi assuré que “des initiatives seront prises au niveau national (…) pour répondre sur ces questions. Ça ne restera pas sans réponse”.

Au plan polémique, pour le représentant de l’État en Polynésie française, il n’y a pas eu “mensonge d’État”. Il s’agit pour lui d’une “formule politique” que “certains vont utiliser abondamment”. Il rappelle que le fait nucléaire a été reconnu par le chef de l’État en 2016, lorsque le président Hollande s’est exprimé “sur la part qu’a pris la Polynésie dans la construction de l’arme nucléaire française et sur les conséquences que cela avait pu avoir en termes sanitaire et social”.

Pour réfuter “cette notion de mensonge”, le haut-commissaire est aussi revenu sur l’annonce du déclassement par l’Élysée de son fonds d’archives sur le nucléaire et sur le projet de Centre de mémoire, le centre d’archives, d’information et de documentation sur les essais nucléaire qui prévoit d’être édifié à l’emplacement de l’ancien commandement de la Marine, sur le front de mer de Papeete. “L’optique n’est pas de parler d’une vérité qui serait officielle et qui ne correspondrait pas à la réalité, a-t-il assuré. C’est au contraire pour expliquer de façon simple et la plus directe ce qu’a été le nucléaire en Polynésie française. Cela fait partie de notre histoire commune (…) des relations entre la France et la Polynésie.

Je l’affirme, a-t-t-il insisté, il y a une volonté continue de l’État d’avoir plus de transparence dans les archives. (…) D’ailleurs le livre s’appuie sur des archives déclassées. Ce qui montre qu’on a accès à un certain nombre de documents. Il y a une volonté de transparence de l’État (…) sur les retombées.”

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 11 Mars 2021 à 17:45 | Lu 2233 fois