Tous les services de l'Etat, du Pays, des communes et les associations concernés par les violences conjugales se sont réunies pour ce Grenelle des violences conjugales.
PAPEETE, le 15 octobre 2019 - Dans le cadre du Grenelle des violences conjugales, tous les acteurs de la protection des femmes se sont réunis au haut-commissariat ce mardi pour discuter d'actions concrètes à mettre en place pour protéger les victimes et enrayer le cycle des violences.
Les chiffres sont alarmants. L'année dernière, 3 femmes et un homme sont morts en Polynésie à cause de violences conjugales. Avec 917 victimes de violences conjugales en 2018, il y a toujours deux fois plus de violences dans les ménages Polynésiens qu'en métropole. Cette année, déjà deux femmes sont tombées sous les coups de l'homme qu'elles aimaient, et selon le procureur, les cas de violence sont encore en hausse. Selon lui, les violences augmentent dans la société, mais la parole se libère également et les femmes sont plus facilement prêtes à porter plainte, exposant encore plus crument le problème.
C'est pour trouver des solutions concrètes à ce mal social que le Grenelle des violences conjugales a été lancé au niveau national le mois dernier. En Polynésie, une première rencontre entre l'État, le Pays, les communes et les associations a eu lieu ce mardi 15 octobre au haut-commissariat pour faire le point sur les actions en cours et dresser une liste d'actions à réaliser d'urgence.
Dominique Sorain, le nouveau haut-commissaire, a expliqué à l'issue de cette réunion que "l'objectif était de mettre autour de la table les principaux intervenants, les services de l'Etat et du Pays, la justice, les communes, mais aussi les associations dont le rôle est absolument essentiel. Ca a été l'occasion de faire un bilan des nombreuses actions déjà menées. Nous allons nous appuyer sur ce qui a déjà été réalisé pour avancer."
IL FAUT PLUS DE CENTRES D'HÉBERGEMENT
Le représentant de l'État évoque ainsi les avancées au niveau judiciaire, comme la formation des policiers et des gendarmes pour l'accueil des victimes, la simplification des procédures, le développement des ordonnances de protection des victimes pour éloigner les conjoints violents, la mise en place des téléphones "Très Grave Danger", la page Facebook "Procureur de la république en Polynésie française. Violences familiales"... Toutes ces initiatives portent leurs fruits.
Le téléphone Très Grave Danger en particulier, une initiative lancée en 2016 mais déployée à grande échelle en 2018, se révèle précieux. C'est un téléphone d'urgence remis à des victimes de violences, qui peuvent contacter les forces de l'ordre si leur conjoint viole l'ordonnance de protection et tente de pénétrer le foyer... Il bénéficie en ce moment même à 12 femmes, qui "se sentent bien plus en sécurité, juste en ayant ce téléphone. C'est un dispositif double, il permet l'alerte, mais il permet aussi de mettre en sécurité les victimes et de créer un relai autour d'elles pour qu'elles puissent, à terme, véritablement sortir de ces situations de violence" explique Hélène Geiger, substitut du procureur, référente des violences intrafamiliale. La page Facebook mise en place par le bureau du procureur est également un franc succès, avec une vingtaine de demandes par mois reçues par une juriste qui donne des conseils, redirige les victimes et peut même activer la machine judiciaire pour aider les internautes.
Le procureur général Thomas Pison a aussi insisté sur les initiatives pour réformer les auteurs de violences. "Il n'y a pas que la prison comme réponse, nous travaillons aussi sur la prise en charge des agresseurs avec des stages de prévention."
Après ce bilan des actions en cours, les annonces sur les nouvelles actions à venir semblaient minces. Edouard Fritch a ainsi annoncé qu'une maison à Taravao "sera attribuée à l'association Vahine Orama – Tahiti Iti pour créer un centre d'hébergement d'urgence" pour les femmes battues de la presqu'île. Dominique Sorain, de son côté, confirme que "nous avons besoin de capacités d'accueil supplémentaires, réparties sur l'ensemble du territoire. Il faut également élargir ceux qui participent à cette action de détection des victimes, notamment les professionnels de la santé, donc à l'hôpital, dans les cliniques, les médecins, les infirmiers, qui doivent aussi pouvoir signaler ces violences. Il faut également améliorer encore plus l'accueil des victimes dans les services de la police et de la gendarmerie pour faire en sorte que les personnes puissent être accueillies discrètement, accompagnées, conseillées. La justice de son côté travaille toujours avec les associations, le Pays et les forces publiques à améliorer l'accueil pour le dépôt des plaintes et accélérer leur traitement. Les mutoi ont aussi un rôle à jouer, notamment dans les îles éloignées où il est beaucoup plus difficile pour les victimes de voir leur situation prise en compte."
Après ces premières mesures, des groupes de travail vont être mis en place pour suivre l'avancée de ces promesses.
Les chiffres sont alarmants. L'année dernière, 3 femmes et un homme sont morts en Polynésie à cause de violences conjugales. Avec 917 victimes de violences conjugales en 2018, il y a toujours deux fois plus de violences dans les ménages Polynésiens qu'en métropole. Cette année, déjà deux femmes sont tombées sous les coups de l'homme qu'elles aimaient, et selon le procureur, les cas de violence sont encore en hausse. Selon lui, les violences augmentent dans la société, mais la parole se libère également et les femmes sont plus facilement prêtes à porter plainte, exposant encore plus crument le problème.
C'est pour trouver des solutions concrètes à ce mal social que le Grenelle des violences conjugales a été lancé au niveau national le mois dernier. En Polynésie, une première rencontre entre l'État, le Pays, les communes et les associations a eu lieu ce mardi 15 octobre au haut-commissariat pour faire le point sur les actions en cours et dresser une liste d'actions à réaliser d'urgence.
Dominique Sorain, le nouveau haut-commissaire, a expliqué à l'issue de cette réunion que "l'objectif était de mettre autour de la table les principaux intervenants, les services de l'Etat et du Pays, la justice, les communes, mais aussi les associations dont le rôle est absolument essentiel. Ca a été l'occasion de faire un bilan des nombreuses actions déjà menées. Nous allons nous appuyer sur ce qui a déjà été réalisé pour avancer."
IL FAUT PLUS DE CENTRES D'HÉBERGEMENT
Le représentant de l'État évoque ainsi les avancées au niveau judiciaire, comme la formation des policiers et des gendarmes pour l'accueil des victimes, la simplification des procédures, le développement des ordonnances de protection des victimes pour éloigner les conjoints violents, la mise en place des téléphones "Très Grave Danger", la page Facebook "Procureur de la république en Polynésie française. Violences familiales"... Toutes ces initiatives portent leurs fruits.
Le téléphone Très Grave Danger en particulier, une initiative lancée en 2016 mais déployée à grande échelle en 2018, se révèle précieux. C'est un téléphone d'urgence remis à des victimes de violences, qui peuvent contacter les forces de l'ordre si leur conjoint viole l'ordonnance de protection et tente de pénétrer le foyer... Il bénéficie en ce moment même à 12 femmes, qui "se sentent bien plus en sécurité, juste en ayant ce téléphone. C'est un dispositif double, il permet l'alerte, mais il permet aussi de mettre en sécurité les victimes et de créer un relai autour d'elles pour qu'elles puissent, à terme, véritablement sortir de ces situations de violence" explique Hélène Geiger, substitut du procureur, référente des violences intrafamiliale. La page Facebook mise en place par le bureau du procureur est également un franc succès, avec une vingtaine de demandes par mois reçues par une juriste qui donne des conseils, redirige les victimes et peut même activer la machine judiciaire pour aider les internautes.
Le procureur général Thomas Pison a aussi insisté sur les initiatives pour réformer les auteurs de violences. "Il n'y a pas que la prison comme réponse, nous travaillons aussi sur la prise en charge des agresseurs avec des stages de prévention."
Après ce bilan des actions en cours, les annonces sur les nouvelles actions à venir semblaient minces. Edouard Fritch a ainsi annoncé qu'une maison à Taravao "sera attribuée à l'association Vahine Orama – Tahiti Iti pour créer un centre d'hébergement d'urgence" pour les femmes battues de la presqu'île. Dominique Sorain, de son côté, confirme que "nous avons besoin de capacités d'accueil supplémentaires, réparties sur l'ensemble du territoire. Il faut également élargir ceux qui participent à cette action de détection des victimes, notamment les professionnels de la santé, donc à l'hôpital, dans les cliniques, les médecins, les infirmiers, qui doivent aussi pouvoir signaler ces violences. Il faut également améliorer encore plus l'accueil des victimes dans les services de la police et de la gendarmerie pour faire en sorte que les personnes puissent être accueillies discrètement, accompagnées, conseillées. La justice de son côté travaille toujours avec les associations, le Pays et les forces publiques à améliorer l'accueil pour le dépôt des plaintes et accélérer leur traitement. Les mutoi ont aussi un rôle à jouer, notamment dans les îles éloignées où il est beaucoup plus difficile pour les victimes de voir leur situation prise en compte."
Après ces premières mesures, des groupes de travail vont être mis en place pour suivre l'avancée de ces promesses.
Où demander de l'aide en cas de violences conjugales
En cas de danger immédiat, appelez le 17 pour avoir la gendarmerie ou la DSP. La police municipale peut également aider.
Plusieurs associations peuvent vous écouter, vous conseiller et vous venir en aide :
- Vahine Orama, la fédération pour la lutte des violences faites aux femmes, est tenue par des bénévoles qui aident immédiatement les femmes victimes de violences.
• Vahine Orama Tahiti Iti : 87 38 02 74 - 87 24 81 67
• Vahine Orama Moorea : 87 38 02 73 - 87 71 48 25
• Vahine Orama no Raromatai : 87 25 32 32
- Te Rama Ora va vous accueillir et vous écouter en toute confidentialité. Les juristes de l'association pourront vous informer sur les procédures et sur vos droits, puis vous accompagner dans vos démarches. 40 43 20 41 / 87 79 21 12 / 87 76 52 50
- Pu O Te Hau, le foyer d'accueil pour femmes battues avec enfants. 40 43 56 72
Parmi les institutions publiques dédiées à la protection des femmes :
- Le Centre d’Information des Droits des Femmes et des Familles pourra vous accueillir, vous conseiller et vous orienter. 40 45 01 20
- La direction des Affaires Sociales pourra aider les personnes bénéficiaires du RSPF ou au RNS (40 46 58 46 ou dans leurs nombreux bureaux communaux)) tandis que le service des Affaires Sociales de la CPS pourra orienter les salariées (40 41 68 27).
Plusieurs associations peuvent vous écouter, vous conseiller et vous venir en aide :
- Vahine Orama, la fédération pour la lutte des violences faites aux femmes, est tenue par des bénévoles qui aident immédiatement les femmes victimes de violences.
• Vahine Orama Tahiti Iti : 87 38 02 74 - 87 24 81 67
• Vahine Orama Moorea : 87 38 02 73 - 87 71 48 25
• Vahine Orama no Raromatai : 87 25 32 32
- Te Rama Ora va vous accueillir et vous écouter en toute confidentialité. Les juristes de l'association pourront vous informer sur les procédures et sur vos droits, puis vous accompagner dans vos démarches. 40 43 20 41 / 87 79 21 12 / 87 76 52 50
- Pu O Te Hau, le foyer d'accueil pour femmes battues avec enfants. 40 43 56 72
Parmi les institutions publiques dédiées à la protection des femmes :
- Le Centre d’Information des Droits des Femmes et des Familles pourra vous accueillir, vous conseiller et vous orienter. 40 45 01 20
- La direction des Affaires Sociales pourra aider les personnes bénéficiaires du RSPF ou au RNS (40 46 58 46 ou dans leurs nombreux bureaux communaux)) tandis que le service des Affaires Sociales de la CPS pourra orienter les salariées (40 41 68 27).
Marie-Noël Epetahui de l'association Vahine Orama – Tahiti Iti
Vous réclamez depuis des années un centre d'hébergement d'urgence pour les femmes de la Presqu'île, mais ce n'est pas encore fait...
Oui on le demande parce qu'il n'y a rien à la presque île, depuis le début de mon action et jusqu'à aujourd'hui. J'héberge les femmes victimes de violences chez moi, souvent avec leurs enfants. Donc je demande un logement pour les accueillir pendant la crise, car c'est pendant la crise qu'il faut discuter avec elles et leur laisser le temps de réfléchir, se préparer pour aller plus loin comme le centre d'hébergement en ville, Pu O Te Hau. Donc je veux juste un centre d'urgence, pour trois jours. Une maison de quatre ou cinq chambres. Le Président a dit qu'ils pourraient nous affecter une maison à Taravao dans un lotissement en rénovation... On verra bien.
L'État et le Pays ont insisté sur le fait qu'ils comptent sur les associations. Mais avez-vous assez de moyens ?
Les associations n'ont rien non plus. Nous on compte sur le gouvernement pour qu'il nous donne les moyens et qu'on puisse travailler bénévolement. Il faut encore faire un gros effort, il faudrait qu'ils soient à côté de moi au quotidien pour voir l'ampleur des problèmes... Mais ils ont donné il n'y a pas longtemps une voiture et des frais de fonctionnement à l'association, donc il y a des choses qui se font. Et la police municipale, les pompiers et la gendarmerie m'aident beaucoup. Je ne suis pas toute seule.
Oui on le demande parce qu'il n'y a rien à la presque île, depuis le début de mon action et jusqu'à aujourd'hui. J'héberge les femmes victimes de violences chez moi, souvent avec leurs enfants. Donc je demande un logement pour les accueillir pendant la crise, car c'est pendant la crise qu'il faut discuter avec elles et leur laisser le temps de réfléchir, se préparer pour aller plus loin comme le centre d'hébergement en ville, Pu O Te Hau. Donc je veux juste un centre d'urgence, pour trois jours. Une maison de quatre ou cinq chambres. Le Président a dit qu'ils pourraient nous affecter une maison à Taravao dans un lotissement en rénovation... On verra bien.
L'État et le Pays ont insisté sur le fait qu'ils comptent sur les associations. Mais avez-vous assez de moyens ?
Les associations n'ont rien non plus. Nous on compte sur le gouvernement pour qu'il nous donne les moyens et qu'on puisse travailler bénévolement. Il faut encore faire un gros effort, il faudrait qu'ils soient à côté de moi au quotidien pour voir l'ampleur des problèmes... Mais ils ont donné il n'y a pas longtemps une voiture et des frais de fonctionnement à l'association, donc il y a des choses qui se font. Et la police municipale, les pompiers et la gendarmerie m'aident beaucoup. Je ne suis pas toute seule.