Tahiti, le 5 novembre 2020 - « Diversifier les produits pour sécuriser la promotion de la destination et ne pas se contenter de la carte postale » : pour Sylvain Petit, économiste de l’UPF, le tourisme doit préparer l’après Covid dès maintenant. Pour rebondir, il doit également « diversifier sa clientèle » et « aller chercher de nouveaux marchés » notamment sur le continent asiatique. Un avant goût du dernier diagnostic touristique de la Polynésie présenté vendredi prochain.
Vous animez la restitution du diagnostic touristique de la Polynésie, en quoi se démarque-t-il des travaux précédents ?
Généralement, ce travail est fait en amont des stratégies quinquennales par des cabinets d’expertise, ou des consultants. Cette fois, il est fait par des universitaires, et il implique des étudiants : seize de la licence professionnelle de management des organisations hôtelières et touristiques en Polynésie et onze étudiants en maîtrise de l’université du Québec Trois rivières. Pour ce diagnostic on s’est donc basé sur une modélisation du système touristique régional (MTR) développé par l’économiste François de Grandpré pendant son doctorat. Un modèle qu’il avait répliqué dans d’autres destinations notamment au Canada.
Pourquoi avoir choisit ce modèle ?
Parce qu’il a une approche d’économiste au sens ou on étudie l’offre, la demande mais aussi les facteurs extérieurs qui peuvent modifier ces rapports. Il intègre également d’autres disciplines (géographie, marketing). C’est une approche pluridisciplinaire avec la participation des étudiants, c’est ça qui m’a plu.
Elle vous permet d’avoir une vision plus large, plus exhaustive ?
Oui, ce qui d’un point de vue académique est très riche. Le tourisme a besoin de ces différentes approches. Ce qui avait peut-être déjà été fait avant, mais pas avec des outils universitaires. Là on ajoute un angle pédagogique et scientifique reconnu depuis 2005. Ce qui nous paraissait intéressant c’est que ce soit les universitaires appliquent leur propre modèle. La stratégie précédente reposait sur un autre modèle, extrêmement connu, celui de Ritchie et Crouch.
Ce diagnostic servira-t-il d’outil pour le Pays ?
Il a été développé au sein du Cetop qui travaille en partenariat avec le ministère du Tourisme et qui ne vient pas du tout en concurrence de l’élaboration participative Fāri'ira'a Manihini 2021-2025, mais qui a pour but d’alimenter la réflexion actuelle.
Le MTR privilégie la perspective de la demande, n’est-ce pas une évidence ?
D’habitude les approches se basent plus sur l’offre. Chacun acteur à sa propre perception de la destination. Ce qui est intéressant avec cette démarche c’est de se mettre dans la peau du visiteur pour identifier des produits touristiques qui sont proposés, mais ceux aussi qui sont recherchés et qui ne sont peut-être pas assez développé, ou en tout cas assez organisé.
Avez-vous identifié ce que les touristes viennent chercher en Polynésie ?
On a opéré des distinctions dans des produits, en l’occurrence les produits d’appels. La Polynésie est très bien placée pour attirer les touristes sur un premier séjour avec ses ressources naturelles. En revanche, on sait que nous avons un taux de « repeater » (par opposition aux primo-visiteurs) qui est assez faible. Il faut donner un sentiment d’inachevé dans un séjour et donc des arguments de retour. La question de la culture peut servir de produit de rappel, peut-être même aussi le tourisme gourmand, ou culinaire… Ce sont des éléments qui peuvent donner envie de revenir. On a aussi identifié des formes de tourisme de niche, comme le tourisme urbain, qui est sous-estimé. On a également un gros potentiel de tourisme d’affaire.
L’idée c’est de brasser plus large en proposant plus de choix aux touristes ?
C’est de développer plusieurs produits pour mieux sécuriser la promotion de la destination et ne pas se contenter de la carte postale, bien que ce soit un élément déterminant pour faire venir les touristes, mais ça ne peut pas être le seul moteur. Surtout si on veut le développer dans les années post Covid, il faut de nouveaux éléments dans les produits de rappel.
Le Covid justement a un impact désastreux sur le tourisme, comment la Polynésie peut tirer son épingle du jeu ?
On est très tributaire de l’extérieur, la solution ne viendra pas de nous, je pense qu’il faut maintenir ce qui peut être maintenu et continu à donner des garanties. Les professionnels ont vraiment développé des protocoles sanitaires sérieux. Ce qui me semble important en revanche c’est de penser à l’après. Il faut aller chercher de nouveau marché, et réveiller des marchés endormis.
Même si on ne sait pas quand les choses vont s’améliorer ?
Il ne faut pas attendre que les choses s’améliorent pour réfléchir à l’après parce que ça risque d’aller très vite, on pourrait perdre beaucoup de temps et de parts de marché si on n’est pas prêt. Dans d’autres analyses, on voit bien que l’urgence c’est le marché asiatique et notamment le marché chinois. Parce que c’est le premier qui à se relever. Il faut pouvoir accueillir ces nouveaux touristes, pour des raisons de diversification de la clientèle, pour ne pas dépendre d’un marché et d’une clientèle qui veut un seul type de produit. D’autant que les Américains et les Français ne vont pas revenir aussi nombreux qu’avant. Dans le meilleur des cas, il faudra attendre 2024 pour retrouver le niveau de 2019.
Très concrètement, quel impact aurait un nouveau confinement sur le tourisme ?
On est entrée dans le confinement alors que tous les compteurs étaient au vert, on était bien. Là on entrerait dans un deuxième confinement déjà très mal en point. Fragilisée, la trésorerie de nombreux professionnels du tourisme ne tiendra pas. Quel sera le paysage à la sortie de tout ça ? On peut certes re-stimuler la demande, mais aura-t-on l’offre pour les accueillir ? Ce n’est pas certain. Ce qui est certain par contre, c’est que les conséquences économiques qu’on a pu mesurer sur les pertes de PIB - qui étaient gigantesques sur le premier confinement – ne vont pas arranger les choses.
Vous animez la restitution du diagnostic touristique de la Polynésie, en quoi se démarque-t-il des travaux précédents ?
Généralement, ce travail est fait en amont des stratégies quinquennales par des cabinets d’expertise, ou des consultants. Cette fois, il est fait par des universitaires, et il implique des étudiants : seize de la licence professionnelle de management des organisations hôtelières et touristiques en Polynésie et onze étudiants en maîtrise de l’université du Québec Trois rivières. Pour ce diagnostic on s’est donc basé sur une modélisation du système touristique régional (MTR) développé par l’économiste François de Grandpré pendant son doctorat. Un modèle qu’il avait répliqué dans d’autres destinations notamment au Canada.
Pourquoi avoir choisit ce modèle ?
Parce qu’il a une approche d’économiste au sens ou on étudie l’offre, la demande mais aussi les facteurs extérieurs qui peuvent modifier ces rapports. Il intègre également d’autres disciplines (géographie, marketing). C’est une approche pluridisciplinaire avec la participation des étudiants, c’est ça qui m’a plu.
Elle vous permet d’avoir une vision plus large, plus exhaustive ?
Oui, ce qui d’un point de vue académique est très riche. Le tourisme a besoin de ces différentes approches. Ce qui avait peut-être déjà été fait avant, mais pas avec des outils universitaires. Là on ajoute un angle pédagogique et scientifique reconnu depuis 2005. Ce qui nous paraissait intéressant c’est que ce soit les universitaires appliquent leur propre modèle. La stratégie précédente reposait sur un autre modèle, extrêmement connu, celui de Ritchie et Crouch.
Ce diagnostic servira-t-il d’outil pour le Pays ?
Il a été développé au sein du Cetop qui travaille en partenariat avec le ministère du Tourisme et qui ne vient pas du tout en concurrence de l’élaboration participative Fāri'ira'a Manihini 2021-2025, mais qui a pour but d’alimenter la réflexion actuelle.
Le MTR privilégie la perspective de la demande, n’est-ce pas une évidence ?
D’habitude les approches se basent plus sur l’offre. Chacun acteur à sa propre perception de la destination. Ce qui est intéressant avec cette démarche c’est de se mettre dans la peau du visiteur pour identifier des produits touristiques qui sont proposés, mais ceux aussi qui sont recherchés et qui ne sont peut-être pas assez développé, ou en tout cas assez organisé.
Avez-vous identifié ce que les touristes viennent chercher en Polynésie ?
On a opéré des distinctions dans des produits, en l’occurrence les produits d’appels. La Polynésie est très bien placée pour attirer les touristes sur un premier séjour avec ses ressources naturelles. En revanche, on sait que nous avons un taux de « repeater » (par opposition aux primo-visiteurs) qui est assez faible. Il faut donner un sentiment d’inachevé dans un séjour et donc des arguments de retour. La question de la culture peut servir de produit de rappel, peut-être même aussi le tourisme gourmand, ou culinaire… Ce sont des éléments qui peuvent donner envie de revenir. On a aussi identifié des formes de tourisme de niche, comme le tourisme urbain, qui est sous-estimé. On a également un gros potentiel de tourisme d’affaire.
L’idée c’est de brasser plus large en proposant plus de choix aux touristes ?
C’est de développer plusieurs produits pour mieux sécuriser la promotion de la destination et ne pas se contenter de la carte postale, bien que ce soit un élément déterminant pour faire venir les touristes, mais ça ne peut pas être le seul moteur. Surtout si on veut le développer dans les années post Covid, il faut de nouveaux éléments dans les produits de rappel.
Le Covid justement a un impact désastreux sur le tourisme, comment la Polynésie peut tirer son épingle du jeu ?
On est très tributaire de l’extérieur, la solution ne viendra pas de nous, je pense qu’il faut maintenir ce qui peut être maintenu et continu à donner des garanties. Les professionnels ont vraiment développé des protocoles sanitaires sérieux. Ce qui me semble important en revanche c’est de penser à l’après. Il faut aller chercher de nouveau marché, et réveiller des marchés endormis.
Même si on ne sait pas quand les choses vont s’améliorer ?
Il ne faut pas attendre que les choses s’améliorent pour réfléchir à l’après parce que ça risque d’aller très vite, on pourrait perdre beaucoup de temps et de parts de marché si on n’est pas prêt. Dans d’autres analyses, on voit bien que l’urgence c’est le marché asiatique et notamment le marché chinois. Parce que c’est le premier qui à se relever. Il faut pouvoir accueillir ces nouveaux touristes, pour des raisons de diversification de la clientèle, pour ne pas dépendre d’un marché et d’une clientèle qui veut un seul type de produit. D’autant que les Américains et les Français ne vont pas revenir aussi nombreux qu’avant. Dans le meilleur des cas, il faudra attendre 2024 pour retrouver le niveau de 2019.
Très concrètement, quel impact aurait un nouveau confinement sur le tourisme ?
On est entrée dans le confinement alors que tous les compteurs étaient au vert, on était bien. Là on entrerait dans un deuxième confinement déjà très mal en point. Fragilisée, la trésorerie de nombreux professionnels du tourisme ne tiendra pas. Quel sera le paysage à la sortie de tout ça ? On peut certes re-stimuler la demande, mais aura-t-on l’offre pour les accueillir ? Ce n’est pas certain. Ce qui est certain par contre, c’est que les conséquences économiques qu’on a pu mesurer sur les pertes de PIB - qui étaient gigantesques sur le premier confinement – ne vont pas arranger les choses.
Restitution du diagnostic en "webinaire" vendredi prochain
Le Cetop (Centre d'Etudes du Tourisme en Océanie-Pacifique) et l’UPF invitent le grand public d'assister à un "Webinaire" sur le vendredi 13 novembre de 7h à 12h. La restitution des travaux sera animée par François De Grandpré, Professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivères. Ce travail a démarré en 2019 et a impliqué, entre autres, les étudiants de la promotion 2019-2020 de la licence professionnelle de management des organisations hôtelières et touristiques en Polynésie française et des étudiants de la maîtrise en loisir, culture et tourisme de l'UQTR. Il repose sur le Modèle touristique régional (MTR); une modélisation du tourisme qui privilégie la perspective de la demande.
Douze produits touristiques qualifiés de produits d’appels, de produits « complémentaires » et de produits de « rappels » seront expliqués et analysés, suivi d’une stratégie marketing en deux temps. L’impact du Covid sur le diagnostic et sur le tourisme en Polynésie française sera bien-sûr abordé.
Un lien de retransmission sera communiqué sur la page Facebook du CETOP
Pour toute demande de renseignements : [email protected]
Douze produits touristiques qualifiés de produits d’appels, de produits « complémentaires » et de produits de « rappels » seront expliqués et analysés, suivi d’une stratégie marketing en deux temps. L’impact du Covid sur le diagnostic et sur le tourisme en Polynésie française sera bien-sûr abordé.
La restitution des travaux sera diffusée en ligne sur la Youtube "Pédagogie Numérique UPF - Pôle TICE"
Un lien de retransmission sera communiqué sur la page Facebook du CETOP
Pour toute demande de renseignements : [email protected]