Tiki : Un premier livre sur le premier homme


PAPEETE, le 24 août 2017 - La maison d’éditions Au Vent des îles co-édite avec le Musée de Tahiti et des îles Tiki. Un ouvrage collectif qui reprend et complète l’exposition qui a été organisée au musée du 15 septembre 2016 au 19 mars 2017. Il est un catalogue augmenté d’illustrations, d’extraits de texte et d’écrits de chercheurs-auteurs. À peine paru, il est déjà considéré comme un collector.

Il n’y a pas de chercheurs spécialisés sur le tiki. Il n’y avait jamais eu de grande exposition sur lui avant le 15 septembre 2016. Il n’y avait jamais eu, non plus, d’ouvrage de références sur celui dont on ne sait, aujourd’hui encore, "presque rien". Tiki, le tiki, reste mystérieux, malgré les images, les écrits, les objets. Ce qui n’empêche pas les recherches, travaux et événements le mettant à l’honneur.

Insaisissable


Tara Hiquily et Christel Vieille-Ramseyer, commissaires de l’exposition Tiki qui a eu lieu du 15 septembre 2016 au 19 mars 2017 notent en préambule de l’ouvrage Tiki : "Aujourd’hui, il est présent dans les collections muséales ou privées les plus prestigieuses dont il est l’un des objets phares. Toutefois, s’il est mondialement reconnu, il reste encore en partie insaisissable (…). Depuis la fin des pratiques religieuses ancestrales, l’identité et la fonction des tiki se sont peu à peu perdues et aujourd’hui ces statues frappent par leur mutisme."

Certains essaient de le faire parler. Bruno Saura par exemple, anthropologue et professeur de civilisation polynésienne à l’université de la Polynésie française, affirme qu’il n’est pas spécialiste de l’objet. Toutefois, il s’intéresse de près au nom. "Ti’i", dit-il "comme on l’appelle à Tahiti est le premier homme. Le genre humain commence avec Ti’i et Hina, il est le lien entre le charnel et l’esprit." Il n’est pas un dieu mais une sorte de héros, un dieu humain, un personnage médiateur. Il est une figure ambigüe.

Avorton, fœtus, ébauche, sexe masculin… ?

"On le voit comme un avorton, une ébauche, un fœtus", note Bruno saura. Les tiki sont exceptionnellement sculptés ou dessinés en entier, leurs bras sont souvent inexistants. "Certains voient ti’i comme une représentation du sexe masculin, phallique." En tout état de cause, quelles que soient les significations choisies "il est lié à la procréation", assure Bruno Saura. "Et donc à la naissance du genre humain." Tara Hiquily ajoute : "le tiki s’érige. Envers et contre tout il s’élève, comme pour indiquer que l’humanité va perdurer. Il est l’incarnation de la force procréatrice".

Organiser une exposition puis éditer un livre-catalogue enrichi de cette exposition est "important" selon Tara Hiquily. "Car tiki est constitutif de l’identité polynésienne. Il est le départ de toutes les généalogies." Il est présent partout en Polynésie, ou presque partout. "On ne le retrouve pas à l’ouest, Tonga, Wallis… alors qu’il existe au centre et à l’est. Or, les Polynésiens viennent de l’est. Ce qui ajoute au mystère tout en confirmant son importance pour nous ici."

L’ouvrage, qui compte 248 pages, est collectif. "Il reprend tous les éléments de l’exposition", explique Miriama Bono, directrice du Musée de Tahiti et des îles "pour permettre à ceux qui l’ont visitée de la retrouver". Ils sont tout de même 8 000 (dont la moitié de scolaires) à être passés. Les textes et photos de l’exposition sont complétés d’extraits de livres, d’images, schémas, illustrations reprenant les éléments distillés lors des conférences proposés autour de l'exposition. Plus qu’un ouvrage c’est une bible qui vient de paraître.


Rencontre

Une dédicace est prévue à la librairie Odyssey le samedi 2 septembre de 9 heures à 11 heures.
Facebook : Au vent des îles
Tél. : 40 50 95 95
Une souscription a été mise en place pour cette édition. Les ouvrages sont à récupérer au Musée de Tahiti et des îles.



Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 24 Aout 2017 à 10:53 | Lu 1432 fois