Kolasin, Monténégro | AFP | vendredi 17/08/2018 - Sur un parterre en bois, des couples se meuvent aux sons mélancoliques du tango, ils frétillent, chaloupent jusqu'à la tombée du jour. Non pas à Buenos Aires mais au Monténégro.
Ils dansent durant des heures - cela s'appelle la milonga - à Kolasin, petite ville du nord montagneux du Monténégro qui abrite une station de ski, l'un des derniers endroits où l'on imaginerait une scène de tango florissante.
"Nous pourrions appeler cela le 'Woodstock du tango'", dit Darko Dozic, 36 ans, l'homme qui a importé cette danse dans sa ville natale dans cette ex-république yougoslave.
Tous les étés depuis huit ans, ce festival dans les montagnes attire pendant près de trois semaines quelque 600 personnes venues du monde entier. Il est devenu la fierté de cette petite ville qui s'efforce de s'inscrire sur les cartes touristiques et une source non négligeable de revenus.
Mais cela n'a pas toujours été le cas.
Le tango a depuis sa naissance certes voyagé et s'est exporté très loin de ses terres d'origine, l'Argentine et l'Urugay, mais convaincre une communauté traditionaliste monténégrine d'accepter cette danse sensuelle n'a pas été facile, confie Darko Dozic.
"Infecté" par le virus du tango lors de ses voyages à l'étranger, Darko s'est mis en tête que le tango pourrait aider à contrecarrer la dépression provoquée par le marasme économique omniprésent au Monténégro chez ses amis d'enfance.
Il a commencé par convertir ses anciens copains de l'équipe de basket-ball locale avant de tenir des "discours de motivation" dans les cafés de la ville pour convaincre ses concitoyens de se mettre à la danse.
"C'était un véritable défi", se rappelle-t-il pour l'AFP. Beaucoup n'ont pu accepter cette danse étrangère et intime, à l'opposé des moeurs et de la sensibilité plus rude et machiste qui domine dans cette ville.
Des groupes d'hommes "venaient nous voir danser, nombre d'entre eux juste pour nous provoquer, sourire en buvant un coup", se souvient Darko.
Mais au fil des longues nuits d'hiver, la petite communauté d’accros du tango s'est agrandie.
"Petit à petit, le tango a sorti de l'ombre des habitants de cette ville", note la journaliste locale Dragana Scepanovic.
"Des gens qui se cachaient derrière leurs murs, n'ayant pas le courage de se présenter dans ce contexte se sont mis à danser et ont démarré quelque chose de nouveau à Kolasin", dit-elle.
Kolasin et le tango ne sont peut-être pas une alliance naturelle, mais ceux qui se sont mis à cette danse ont développé un réel talent.
"Je n'aurais jamais imaginé qu'il pourrait y avoir des accros du tango ici et qu'ils pourraient danser aussi bien", s'enthousiasme Agustin Luna, un festivalier venu d'Argentine. "Je me sens comme à la maison", dit-il en grattant un charango.
Le "Camp tango" n'est pas uniquement fait de danse: Darko Dozic et sa partenaire Sonja Zivanovic voient dans cette danse une forme de catharsis et de thérapie.
Des médecins ont d'ailleurs orienté des patients vers le tango pour les aider à soulager des maux allant de la dépression à la maladie de Parkinson. Danser le tango nécessite une concentration certaine et oblige à se "connecter" avec son partenaire. A Buenos Aires, des médecins ont estimé qu'on pouvait ainsi apaiser des patients internés en psychiatrie et lutter contre la solitude des personnes âgées. Ailleurs, le tango a été utilisé comme un moyen d'aider des personnes touchées par la maladie de Parkinson à travailler leur équilibre et la coordination de leurs mouvements.
Pour Bojana Markovic, une psychothérapeute venue de Belgrade au Camp tango, cette danse est "une simulation et une métaphore de la vie": "Non seulement vous grandissez personnellement et vous apprenez sur vous-même en écoutant votre corps, les signaux que vous envoyez et les informations que vous recevez, mais vous apprenez aussi sur l'autre, avec qui vous interagissez", dit-elle.
En plus des ateliers, des milongas quotidiennes, dont une sur la place centrale de Kolasin, le festival propose aussi des randonnées, du yoga, de la méditation et des excursions dans les montagnes avoisinantes.
Les danseurs, dont beaucoup d'étrangers, restent une image insolite dans les rues pavées de Kolasin. Mais ils sont désormais accueillis à bras ouverts par les hôteliers et les restaurateurs locaux dont les affaires prospèrent grâce à leur présence.
Zeljka Vuksanovic, maire de Kolasin jusqu'à juillet, espère que le festival grandira.
"Kolasin a beaucoup de choses à offrir dont les gens peuvent profiter avec, en plus, le tango", a-t-elle dit à l'AFP, appelant de ses voeux encore plus de soutien à cette manifestation.
Ils dansent durant des heures - cela s'appelle la milonga - à Kolasin, petite ville du nord montagneux du Monténégro qui abrite une station de ski, l'un des derniers endroits où l'on imaginerait une scène de tango florissante.
"Nous pourrions appeler cela le 'Woodstock du tango'", dit Darko Dozic, 36 ans, l'homme qui a importé cette danse dans sa ville natale dans cette ex-république yougoslave.
Tous les étés depuis huit ans, ce festival dans les montagnes attire pendant près de trois semaines quelque 600 personnes venues du monde entier. Il est devenu la fierté de cette petite ville qui s'efforce de s'inscrire sur les cartes touristiques et une source non négligeable de revenus.
Mais cela n'a pas toujours été le cas.
Le tango a depuis sa naissance certes voyagé et s'est exporté très loin de ses terres d'origine, l'Argentine et l'Urugay, mais convaincre une communauté traditionaliste monténégrine d'accepter cette danse sensuelle n'a pas été facile, confie Darko Dozic.
- Un véritable défi -
"Infecté" par le virus du tango lors de ses voyages à l'étranger, Darko s'est mis en tête que le tango pourrait aider à contrecarrer la dépression provoquée par le marasme économique omniprésent au Monténégro chez ses amis d'enfance.
Il a commencé par convertir ses anciens copains de l'équipe de basket-ball locale avant de tenir des "discours de motivation" dans les cafés de la ville pour convaincre ses concitoyens de se mettre à la danse.
"C'était un véritable défi", se rappelle-t-il pour l'AFP. Beaucoup n'ont pu accepter cette danse étrangère et intime, à l'opposé des moeurs et de la sensibilité plus rude et machiste qui domine dans cette ville.
Des groupes d'hommes "venaient nous voir danser, nombre d'entre eux juste pour nous provoquer, sourire en buvant un coup", se souvient Darko.
Mais au fil des longues nuits d'hiver, la petite communauté d’accros du tango s'est agrandie.
"Petit à petit, le tango a sorti de l'ombre des habitants de cette ville", note la journaliste locale Dragana Scepanovic.
"Des gens qui se cachaient derrière leurs murs, n'ayant pas le courage de se présenter dans ce contexte se sont mis à danser et ont démarré quelque chose de nouveau à Kolasin", dit-elle.
- Thérapie au tango -
Kolasin et le tango ne sont peut-être pas une alliance naturelle, mais ceux qui se sont mis à cette danse ont développé un réel talent.
"Je n'aurais jamais imaginé qu'il pourrait y avoir des accros du tango ici et qu'ils pourraient danser aussi bien", s'enthousiasme Agustin Luna, un festivalier venu d'Argentine. "Je me sens comme à la maison", dit-il en grattant un charango.
Le "Camp tango" n'est pas uniquement fait de danse: Darko Dozic et sa partenaire Sonja Zivanovic voient dans cette danse une forme de catharsis et de thérapie.
Des médecins ont d'ailleurs orienté des patients vers le tango pour les aider à soulager des maux allant de la dépression à la maladie de Parkinson. Danser le tango nécessite une concentration certaine et oblige à se "connecter" avec son partenaire. A Buenos Aires, des médecins ont estimé qu'on pouvait ainsi apaiser des patients internés en psychiatrie et lutter contre la solitude des personnes âgées. Ailleurs, le tango a été utilisé comme un moyen d'aider des personnes touchées par la maladie de Parkinson à travailler leur équilibre et la coordination de leurs mouvements.
Pour Bojana Markovic, une psychothérapeute venue de Belgrade au Camp tango, cette danse est "une simulation et une métaphore de la vie": "Non seulement vous grandissez personnellement et vous apprenez sur vous-même en écoutant votre corps, les signaux que vous envoyez et les informations que vous recevez, mais vous apprenez aussi sur l'autre, avec qui vous interagissez", dit-elle.
En plus des ateliers, des milongas quotidiennes, dont une sur la place centrale de Kolasin, le festival propose aussi des randonnées, du yoga, de la méditation et des excursions dans les montagnes avoisinantes.
Les danseurs, dont beaucoup d'étrangers, restent une image insolite dans les rues pavées de Kolasin. Mais ils sont désormais accueillis à bras ouverts par les hôteliers et les restaurateurs locaux dont les affaires prospèrent grâce à leur présence.
Zeljka Vuksanovic, maire de Kolasin jusqu'à juillet, espère que le festival grandira.
"Kolasin a beaucoup de choses à offrir dont les gens peuvent profiter avec, en plus, le tango", a-t-elle dit à l'AFP, appelant de ses voeux encore plus de soutien à cette manifestation.