Théano Jaillet part suivre une formation à Paris pour entrer dans le cercle très fermé des conservateurs territoriaux du patrimoine.
PUNAAUIA, le 30 décembre 2016 - La directrice du Musée de Tahiti et des îles quittera ses fonctions ce soir et sera remplacée par Manouche Lehartel, qui a déjà occupé ce poste. Lauréate du concours de conservateur territorial du patrimoine, Théano Jaillet intégrera dès le 2 janvier une formation à l’Institut national du patrimoine à Paris. L'occasion pour Tahiti Infos de revenir sur ses cinq ans d'exercice et de rappeler les projets en cours de l'établissement culturel.
Quelles sont les évolutions depuis votre arrivée à la tête du Musée de Tahiti et des îles, en septembre 2011 ?
"C'est surtout au niveau du dynamisme du Musée que nous avons réussi à bien agir et être efficace, je pense, avec la mise en place en 2012 de la Nuit des musées ou des Journées du patrimoine, des événements phares de la vie culturelle en Europe. La fréquentation du public a été croissante, donc cela a été un succès. L'ouverture des réserves lors des Journées du patrimoine, avec des visites guidées, a permis aussi de dévoiler des expositions qui ne sont pas montrées d'habitude. Nous avons également renforcé le bureau de médiation culturelle ; c'est important car nous avons des collections et un public, mais nous n'avions pas de lien entre les deux, hormis pour les scolaires où quelques actions avaient été faites. De jeunes médiatrices ont été ainsi formées pour assurer les visites guidées, animer des groupes dans les salles et faire des ateliers créatifs. Par ailleurs, nous avons tenu un rythme assez soutenu avec une moyenne de cinq expositions par an dont celles des invités, et ce, malgré le faible effectif du Musée. Nous sommes environ 20 agents permanents, dont quatre font partie de l'équipe scientifique mais parfois à temps partiel. L'objectif est de faire revenir le public au Musée et qu'il ne se contente pas des salles permanentes. Le projet de jardin ethnobotanique a pu aboutir, ainsi que le patio qui a été bien réorganisé. Je suis satisfaite en outre des grands projets qui se concrétisent : nous avons lancé le concours d'architecture pour rénover toutes les salles d'expositions permanentes et celle de conférence. Nous peaufinons le programme muséographe et sismographe détaillé, dans l'attente de l'officialisation des noms des lauréats. L'herbier de la Polynésie française, dont les études sont en train d'être finalisées, sera en outre bientôt construit sur le site de l'ancienne maison du gardien résident, côté route, et devrait être ouvert d'ici le second semestre 2017.
Le Musée de Tahiti et des îles s'est également ouvert aux autres musées…
Oui, tout à fait. Grâce au beau partenariat avec Air Tahiti Nui, nous avons fait rayonner le Musée au-delà des frontières polynésiennes en participant, par exemple, au grand symposium de la Pacific Art of Association à Auckland, avec des collègues en arts plastiques, des conservateurs et des professeurs, sur le thème de l'Océanie. Nous avons réalisé des échanges avec des établissements français pour des convoiements, ce qui a permis d'acheminer des objets vers les musées de Corse ou du Quai Branly ; nous avons même prêté des objets à Canberra, en Australie. Le Musée de Tahiti et des îles a organisé également la venue de nombreux spécialistes extérieurs pour animer des conférences. Cette ouverture évite que l'on se replie sur nous-mêmes et contribue au perfectionnement des équipes locales.
Quelles sont les expositions les plus emblématiques des dernières années ?
Il y a eu notamment l'exposition "Cook" de Manouche Lehartel et Tehea Lussan, celle sur Taiwan de Tara Hiquily et Christel Vieille-Ramseyer, et bien sûr "Tiki", toujours avec Tara Hiquily et Christel Vieille-Ramseyer et qui est visible jusqu'au 19 mars prochain. Compte tenu de notre petite équipe scientifique, nous avons convenu avec le ministère de la Culture d'organiser une grosse exposition tous les trois-quatre ans et de faire par ailleurs des "emprunts". Ainsi, nous avons signé des accords avec le Musée du Quai Branly pour qu'il nous "prête" des expositions ; fin 2017, le peintre aquarelliste Paul Jacoulet sera à l'honneur, puis en 2018, nous présenterons une version réduite de "Tiki Pop".
"C'est un accomplissement personnel, un rêve qui se réalise !"
Tous vos efforts ont-ils été récompensés ?
Oui, les visiteurs sont désormais plus nombreux et les recettes sont meilleures au fil des événements. Je tiens aussi à remercier le ministère de la Culture qui nous apporte un soutien financier plus conséquent. Outre l'aide attribuée à nos expositions, des subventions permettent la parution de nos publications et, prochainement, le renfort de l'équipe scientifique. Nous vendons également des produits dérivés du Musée, comme des tee-shirts, des carnets, etc. Parallèlement, le travail de l'association des Amis du Musée, créée en 2013, porte ses fruits ; elle a acheté récemment un aspirateur spécial pour nettoyer les collections les plus fragiles. Tout cela contribue à l'essor du Musée de Tahiti et des îles.
Une nouvelle aventure s'ouvre à vous désormais, avec votre admission au concours de conservateur territorial du patrimoine…
Je suis très heureuse d'intégrer la formation de l’Institut national du patrimoine. Ce concours a un niveau très élevé, il y a beaucoup de candidats et peu d'élus ; c'est un accomplissement personnel, un rêve qui se réalise ! À compter du 2 janvier, je suivrai une formation pendant un an et demi, à Paris et à Strasbourg, dispensée par des intervenants professionnels et composée de différents modules sur les droits de l'art, la gestion des collections, les techniques de management, les rouages administratifs, etc. Plusieurs stages à l'étranger sont aussi au programme. C'est une nouvelle aventure, j'aime l'émulation, je suis à la recherche d'un enrichissement intellectuel, d'un perfectionnement de mes connaissances. J'ai vraiment envie de faire partie du corps des conservateurs territoriaux du patrimoine. Ensuite, je verrai si j'ai la chance d'être détachée à Tahiti, sinon, je travaillerai pour un musée en métropole.
Manouche Lehartel, qui a été nommée directrice par Intérim en conseil des ministres mercredi dernier, connaît bien le poste pour l'avoir occupé longuement. Vous partez donc confiante ?
Manouche Lehartel a longtemps exercé ces fonctions, elle connaît bien la gestion de l'établissement et elle est très impliquée en tant que muséologue dans la préservation des collections. Elle a été en outre un membre très actif dans le projet de rénovation. Je pars donc confiante, le Musée de Tahiti et des îles - Te Fare Manaha sera entre de bonnes mains dès le 1er janvier 2017. Merci encore à mes collaborateurs, et joyeuses fêtes à tous !
Propos recueillis par Dominique Schmitt
Quelles sont les évolutions depuis votre arrivée à la tête du Musée de Tahiti et des îles, en septembre 2011 ?
"C'est surtout au niveau du dynamisme du Musée que nous avons réussi à bien agir et être efficace, je pense, avec la mise en place en 2012 de la Nuit des musées ou des Journées du patrimoine, des événements phares de la vie culturelle en Europe. La fréquentation du public a été croissante, donc cela a été un succès. L'ouverture des réserves lors des Journées du patrimoine, avec des visites guidées, a permis aussi de dévoiler des expositions qui ne sont pas montrées d'habitude. Nous avons également renforcé le bureau de médiation culturelle ; c'est important car nous avons des collections et un public, mais nous n'avions pas de lien entre les deux, hormis pour les scolaires où quelques actions avaient été faites. De jeunes médiatrices ont été ainsi formées pour assurer les visites guidées, animer des groupes dans les salles et faire des ateliers créatifs. Par ailleurs, nous avons tenu un rythme assez soutenu avec une moyenne de cinq expositions par an dont celles des invités, et ce, malgré le faible effectif du Musée. Nous sommes environ 20 agents permanents, dont quatre font partie de l'équipe scientifique mais parfois à temps partiel. L'objectif est de faire revenir le public au Musée et qu'il ne se contente pas des salles permanentes. Le projet de jardin ethnobotanique a pu aboutir, ainsi que le patio qui a été bien réorganisé. Je suis satisfaite en outre des grands projets qui se concrétisent : nous avons lancé le concours d'architecture pour rénover toutes les salles d'expositions permanentes et celle de conférence. Nous peaufinons le programme muséographe et sismographe détaillé, dans l'attente de l'officialisation des noms des lauréats. L'herbier de la Polynésie française, dont les études sont en train d'être finalisées, sera en outre bientôt construit sur le site de l'ancienne maison du gardien résident, côté route, et devrait être ouvert d'ici le second semestre 2017.
Le Musée de Tahiti et des îles s'est également ouvert aux autres musées…
Oui, tout à fait. Grâce au beau partenariat avec Air Tahiti Nui, nous avons fait rayonner le Musée au-delà des frontières polynésiennes en participant, par exemple, au grand symposium de la Pacific Art of Association à Auckland, avec des collègues en arts plastiques, des conservateurs et des professeurs, sur le thème de l'Océanie. Nous avons réalisé des échanges avec des établissements français pour des convoiements, ce qui a permis d'acheminer des objets vers les musées de Corse ou du Quai Branly ; nous avons même prêté des objets à Canberra, en Australie. Le Musée de Tahiti et des îles a organisé également la venue de nombreux spécialistes extérieurs pour animer des conférences. Cette ouverture évite que l'on se replie sur nous-mêmes et contribue au perfectionnement des équipes locales.
Quelles sont les expositions les plus emblématiques des dernières années ?
Il y a eu notamment l'exposition "Cook" de Manouche Lehartel et Tehea Lussan, celle sur Taiwan de Tara Hiquily et Christel Vieille-Ramseyer, et bien sûr "Tiki", toujours avec Tara Hiquily et Christel Vieille-Ramseyer et qui est visible jusqu'au 19 mars prochain. Compte tenu de notre petite équipe scientifique, nous avons convenu avec le ministère de la Culture d'organiser une grosse exposition tous les trois-quatre ans et de faire par ailleurs des "emprunts". Ainsi, nous avons signé des accords avec le Musée du Quai Branly pour qu'il nous "prête" des expositions ; fin 2017, le peintre aquarelliste Paul Jacoulet sera à l'honneur, puis en 2018, nous présenterons une version réduite de "Tiki Pop".
"C'est un accomplissement personnel, un rêve qui se réalise !"
Tous vos efforts ont-ils été récompensés ?
Oui, les visiteurs sont désormais plus nombreux et les recettes sont meilleures au fil des événements. Je tiens aussi à remercier le ministère de la Culture qui nous apporte un soutien financier plus conséquent. Outre l'aide attribuée à nos expositions, des subventions permettent la parution de nos publications et, prochainement, le renfort de l'équipe scientifique. Nous vendons également des produits dérivés du Musée, comme des tee-shirts, des carnets, etc. Parallèlement, le travail de l'association des Amis du Musée, créée en 2013, porte ses fruits ; elle a acheté récemment un aspirateur spécial pour nettoyer les collections les plus fragiles. Tout cela contribue à l'essor du Musée de Tahiti et des îles.
Une nouvelle aventure s'ouvre à vous désormais, avec votre admission au concours de conservateur territorial du patrimoine…
Je suis très heureuse d'intégrer la formation de l’Institut national du patrimoine. Ce concours a un niveau très élevé, il y a beaucoup de candidats et peu d'élus ; c'est un accomplissement personnel, un rêve qui se réalise ! À compter du 2 janvier, je suivrai une formation pendant un an et demi, à Paris et à Strasbourg, dispensée par des intervenants professionnels et composée de différents modules sur les droits de l'art, la gestion des collections, les techniques de management, les rouages administratifs, etc. Plusieurs stages à l'étranger sont aussi au programme. C'est une nouvelle aventure, j'aime l'émulation, je suis à la recherche d'un enrichissement intellectuel, d'un perfectionnement de mes connaissances. J'ai vraiment envie de faire partie du corps des conservateurs territoriaux du patrimoine. Ensuite, je verrai si j'ai la chance d'être détachée à Tahiti, sinon, je travaillerai pour un musée en métropole.
Manouche Lehartel, qui a été nommée directrice par Intérim en conseil des ministres mercredi dernier, connaît bien le poste pour l'avoir occupé longuement. Vous partez donc confiante ?
Manouche Lehartel a longtemps exercé ces fonctions, elle connaît bien la gestion de l'établissement et elle est très impliquée en tant que muséologue dans la préservation des collections. Elle a été en outre un membre très actif dans le projet de rénovation. Je pars donc confiante, le Musée de Tahiti et des îles - Te Fare Manaha sera entre de bonnes mains dès le 1er janvier 2017. Merci encore à mes collaborateurs, et joyeuses fêtes à tous !
Propos recueillis par Dominique Schmitt