The Brando : début de polémique autour du projet d'extension de l'hôtel


PAPEETE, 7 novembre 2016 - L'association Tai Haruru de protection de l'environnement s'oppose au projet d'extension de l'hôtel The Brando à Tetiaroa et dénonce un "manque de transparence" de la part du promoteur. "On est clairs et très constants dans notre démarche. Il s’agit d’un développement complémentaire sur le motu, annoncé depuis le début", défend le porte-parole de la société Pacific Beachcomber.

L'étude d'impact est consultable depuis le 28 octobre et jusqu'au 30 novembre, à la mairie d’Arue et au service de l'urbanisme à Papeete : une extension de l’hôtel The Brando est projetée sur 11,5 hectares du motu Onetahi de Tetiaroa où est déjà implanté l’établissement de luxe. Le projet concerne la viabilisation de 23 nouveaux lots dont 17 prévoient d’accueillir des unités résidentielles. Il s’agit de résidences hôtelières de luxe destinées à être "cédées à des tiers au travers d'un bail emphytéotique", indique le dossier de l'étude d'impact qui précise aussi que ce programme de développement restera "dépendant et encadré par hôtel" via un contrat de gestion liant les acquéreurs et The Brando. Un permis de construire existe déjà pour la villa témoin de ce projet d’extension. L’unité pourrait être construite avant fin 2017 et la commercialisation lancée dans la foulée.

L’annonce de la mise en consultation publique de l’étude d’impact du projet a été publiée au journal officiel de la Polynésie française et relayée par Tahiti Infos, la semaine dernière. Mais ce mode de communication provoque aujourd’hui l’agacement de l’association pour la protection de l’environnement Tai Haruru de Arue. Ses membres s’étonnent d’être placés devant le "fait accompli", alors qu’ils siègent depuis août 2014 au comité de gestion de l’espace maritime de Tetiaroa.

L’association Tai Haruru annonce son opposition de principe à ce projet d’extension et, sur la forme, ses membres dénoncent un "manque de transparence" de la société Pacific Beachcomber, promotrice du projet. "Nous sommes de Arue et on est les derniers à savoir ce qui se passe dans notre commune", critiquent Roland Mahai et Teva Manutahi. "Ils ne travaillent pas dans la transparence", lancent-ils en direction des promoteurs de ce projet au The Brando : "on siège tous dans le comité de gestion de l’espace maritime de Tetiaroa : avant de lancer une étude d’impact, on aurait pu en parler au sein du comité".

Une réaction qui étonne Laurent Darcy, cadre au sein de la société Pacific Beachcomber en charge de la communication. Contacté lundi il souligne d'abord que "ce sont des problématiques différentes : ce projet est conduit sur le motu et n’a rien à voir avec la Zone de pêche réglementée", précise-t-il. "Mais s’ils veulent qu’on en parle, ils savent où nous trouver". "Nous sommes consultables depuis deux ans", rétorque Tai Haruru.

La pêche est interdite au sud de la ligne jaune, depuis juin 2014 suite à la création d'un ZPR à Tatiaroa.
Afin de permettre une meilleure communication entre les divers intervenants (associations, professionnels, administration) le comité de gestion de l’espace maritime de Tetiaroa a été constitué suite à la définition, par arrêté en Conseil des ministres en juin 2014, d’une zone de pêche réglementée (ZPR) dans le lagon de l’atoll. Concrètement cette ZPR de Tetiaroa encadre désormais les activités de pêche en définissant deux zones dans le lagon de l’atoll. Si l’emploi du filet désormais prohibé partout, la pêche de manière générale est sévèrement réglementée dans la moitié nord de l’île, tandis qu’au sud, où se situe le motu Onetahi, elle est strictement interdite sous quelque forme que ce soit. Quant au comité de gestion, il ne s’est réuni que deux fois en 15 mois, dénonce l’association Tai Haruru.

Pour Laurent Darcy, cependant, il n’y a rien de commun entre la réglementation de la pêche dans le lagon de Tetiaroa et le projet d’extension du The Brando, à terre sur le motu Onetahi. "On a suivi le parcours administratif habituel, pour ce projet", explique-t-il. Quant aux accusations de manque de transparence, il développe : "on est clairs et très constants dans notre démarche. Il s’agit d’un développement complémentaire sur le motu annoncé depuis le début. Nous avons dimensionné nos infrastructures en conséquence tant au niveau de la capacité de production énergétique que pour l’alimentation en froid par le biais du Swac (Sea water air contitioning, NDLR) ou des réseaux d’assainissement et d’eau potable… Et il me semble que depuis le départ nous avons largement démontré notre capacité à respecter l’environnement dans le complexe hôtelier The Brando : les choses vont bien mieux depuis qu’on est là qu’auparavant".

L’association Tai Haruru annonce pourtant qu’elle prépare diverses rencontres avec les pêcheurs et les associations concernées de la commune de Arue. Elle projette une action de contestation contre ce projet d’extension au The Brando.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 7 Novembre 2016 à 11:51 | Lu 4922 fois